LA GRÈCE MEURT, IL FAUT LA SAUVER

LA GRÈCE MEURT, IL FAUT LA SAUVER
======================================                            12.07.2015
Même s’il est trop tôt pour tirer des conclusions sur l’évolution des choses en Grèce et en Europe, étant donné qu’à Bruxelles, les discussions concernant l’avenir de notre pays ne sont pas encore terminées, les rafales d’événements sont telles que je vais tenter une première approche sur quatre niveaux : celui de l’UE, celui de la Grèce, celui de l’avenir et celui qui doit être.
1.       EUROPE. L’ambiance à Bruxelles, à en croire les médias, ressemble à un bouquet de fleurs multicolore. En peu de mots, il y a de tout : une ambiance belliqueuse, une campagne de chantage, des plans obscures évoluant sous la table, connus par quelques-uns et quelques élus seulement, des mouvements fractionnels divisant le « haut clergé » européen, des inspirations menaçant l’alliance franco-allemande, des propositions à la limite de l’absurde, des annonces successives de plans malsains dans l’intention d’enchaîner la Grèce à des engagements intrinsèquement sans issue possible, un sentiment de supériorité guidant la gestion de la petite économie grecque de quelque 2 % de l’Europe, qui est supposée avoir cumulé les démons de la destruction de la zone euro et pour cela, des mesures draconiennes à son encontre doivent immédiatement être prises. L’empesé directoire de la zone euro a perdu d’innombrables heures, s’est privé de nombreux week-ends et en fait a réduit l’ensemble des problèmes de l’Europe unie à la nécessité de « réformes » en Grèce, et surtout sur la prétendue mauvaise volonté de celle-ci à les mettre en œuvre. Je juge superflu de m’étendre sur ces « réformes », qui à quelques rares exceptions près, sont complètement inefficaces, ont eu des résultats ravageurs, et sont absolument contraires à celles qui sont en réalité exigées. L’attitude effectivement odieuse de la zone euro à l’égard de ce petit État membre qu’est la Grèce l’a couverte d’un voile de honte qui restera dans l’Histoire. Pendant presque 6 ans, elle a tyrannisé, avili et appauvri un peuple entier, car elle n’était pas capable de résoudre un problème, dirais-je, insignifiant parmi tous ceux qui la tourmentent.Par contre, elle a réussi une chose, c’est à détruire complètement la Grèce. Et je me demande, en tant que pro-européenne fanatique depuis mes lointaines années d’études ayant participé activement aux toute premières manifestations estudiantines en faveur d’une union de l’Europe : pour quel motif exactement le clergé européen met-il constamment en cause sa confiance envers la Grèce, laissant entendre qu’elle a  été gravement aveuglée par l’idéologie du nouveau gouvernement grec, qui manifestement n’est pas à son goût, et refuse-t-il avec  tant de majesté de tenir compte de l’évidence, à savoir que c’est la confiance de la Grèce envers l’UE qui a été ébranlée… ce qui est parfaitement justifié. Avec la crise grecque et la menace du Grexit, la fin de la zone euro semble maintenant plus proche que jamais.

2.       GRÈCE.  La recette de Naomi Klein dans La doctrine du choc se poursuit, sans interruption, avec succès. Récemment, une « constatation » du ministère des Finances est venue s’ajouter… « l’État grec ce n’est pas l’Europe » !!! À part ça, depuis qu’avant-hier nos « partenaires » ont mis le couteau sur la gorge du Premier ministre Grec, en fermant les banques et obligeant la population à faire la queue devant les distributeurs de billets pour retirer 60 euros journaliers, l’ensemble de la population, à l’exception du KKE (parti communiste grec), est tout à coup devenu fanatiquement pro-mémorandum. Par le chantage, ils nous forcent à mettre en œuvre des mesures réellement criminelles, lesquelles avaient été rejetées par tous les gouvernements grecs précédents, car barbares, monstrueuses et destructrices. Notre Alexis, qui est dans la cage aux lions, semble céder. 
MALHEUREUSEMENT, car il s’agissait de la dernière chance, pour la Grèce. Il semble qu’il soit en train de TOUT accepter. Le plus avilissant, le plus tragique, le plus honteux, exactement le contraire de ce pour quoi les Grecs ont amené le SYRIZA au pouvoir. Je ne veux pas penser qu’Alexis Tsipras ait trahi 63 % des Grecs qui ont voté haut et fort pour le NON, mais qu’il a été forcé de le transformer en un OUI à tout ! Or, COMMENT et POURQUOI M. Tsipras avale tout ? Pour quelle raison accepte-t-il de réaliser le pire ? Il n’y a qu’une réponse pour le justifier : la fermeture des banques et les files d’attente devant les distributeurs de billets. La fermeture des banques témoigne, hélas, du genre de « solidarité-cohésion » de l’UE, qui pourtant  aurait pu très vite être envisagée par un substitut de monnaie, afin que  notre Premier ministre pourrait  négocier dans des conditions à peu près normales avec ses «associés ». Il y a aussi une information provenant du célèbre politique et économiste américain Paul Graig Roberts selon laquelle sa vie est menacée.  
Il semble malheureusement que les sacrifices énormes soient justifiés par le prétendu grand privilège du maintien dans l’euro. Tout pour l’euro, et à sa gloire jusqu’à la dernière goutte de sang. Je me demande alors avec frayeur pourquoi nous sommes tombés si bas. Pourquoi implorer, pourquoi nous faisons offrande de la vie et de la richesse de notre patrie pour une monnaie si gravement malade, qui va très certainement disparaître sous peu, et que nos « partenaires » utilisent contre nous, pour que nous cédions ce que nous avons de plus sacré ? Si nous n’avions pas montré une telle dévotion ‒ inacceptable ‒ à l’euro, résultat de la propagande diffusée par les médias, face à la drachme, c’est nous qui aurions menacé l’Europe de Grexit.

3.       PRÉVISIONS. Les mesures sont criminelles, mais elles sont inapplicables. Dans très peu de temps, je crains qu’elles vont détruire, en dernier ressort, ce qui est encore debout dans ce pays. Et sans vouloir jouer les Cassandre, je crois que le pourcentage des Grecs qui vont implorer le retour à la drachme sera très élevé. Ce que je propose, sans en démordre, depuis 2010, bien sûr, pas par choix, mais comme une nécessité. Il y aura même un parti de la drachme, qui s’imposera sur le devant de la scène politique. D’ici trois ans, si la zone euro ne s’est pas dissoute, la Grèce sera retournée à la drachme. Mais alors, il sera trop tard, car la destruction multiple sera alors irréversible.

4.       ET MAINTENANT QUE POUVONS-NOUS FAIRE ?

·         Proposer le Grexit avec nos conditions (la drachme, ASSURÉMENT, ne sera pas un enfer pire que celui qui nous attend) ;
·         Nous mettre en défaut de paiement et en faillite choisie ;
·         Exiger le calcul de la dette allemande envers la Grèce pour les destructions de guerre jamais remboursées ;
·         Exclure la partie odieuse de la dette, qui est  estimée de l’ordre de 60-70 % ;
·         Nous lancer sans perdre un instant dans la mise en œuvre d’un plan de croissance rapide avec une redistribution parallèle vers les plus démunis ;
·         Rejeter nos peurs et nous habituer à l’idée que nous survivrons sans béquille. Prendre conscience, ENFIN, que pour nous, il n’y a pas d’autre solution.

Maria Negreponti-Delivanis
Docteur d’Etat ès Sciences Economiques (Sorbonne)
Ex Recteur et Professeur à l’Université Macédonienne
     




LA GRÈCE MEURT, IL FAUT LA SAUVER LA GRÈCE MEURT, IL FAUT LA SAUVER Reviewed by Μαρία Νεγρεπόντη - Δελιβάνη on Ιουλίου 26, 2015 Rating: 5

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