La nouvelle mondialisation porte les couleurs de la Chine* (la nouvelle route de la soie), Izmir 6-7 décembre 2018 Par Maria Negreponti-Delivanis (Ex Recteur et Professeur à l'Université Macédonienne, Présidente de la Fondation Delivanis, Vice-Présidente du CEDIMES)
La nouvelle mondialisation porte les couleurs de la
Chine*
(la nouvelle route de la soie), Izmir 6-7 décembre 2018
Par Maria Negreponti-Delivanis
(Ex Recteur et Professeur à
l'Université Macédonienne, Présidente de la Fondation Delivanis,
Vice-Présidente du CEDIMES)
Introduction
La mondialisation aux normes
occidentales, qui a dominé la planète pendant une cinquantaine d'années, nous a
quittés. Le coup de grâce a été donné par le début et l'intensification de la
guerre commerciale, déclenchée par le président Américain contre la Chine sans
toutefois s'y limiter. Il est intéressant de s'arrêter sur le fait que c'est
l'Amérique qui a imposé la mondialisation au reste du monde, convaincue que ses
résultats la favoriseraient. Et c'est cette même superpuissance qui y a mis un
terme, jugeant qu'elle ne lui était plus utile.
Il n’est pas facile de répondre à la question de savoir si et depuis combien de temps les États-Unis bénéficient de la mondialisation, comme ils l'avaient espéré à l’origine. Toutefois, ce qui est certain, c'est que la mondialisation a eu pour effets généraux la création d'une poignée de gagnants pour une armée innombrable de perdants, la création d'inégalités extrêmes de toutes sortes et qu'à plusieurs points de vue, le travail est devenu le « mouton noir », entraînant la baisse considérable de sa part dans le PIB. Et puis, s'agissant des conséquences certainement positives de la mondialisation, on constate que la Chine, l'Inde et dans une moindre mesure d'autres économies émergentes en ont énormément bénéficié, puisque c'est grâce à elle que des millions de personnes ont pu sortir de la pauvreté absolue.
L'abandon de la mondialisation aux normes occidentales est le résultat de la colère de nombreux groupes socio-économiques qui réagissent à ses effets néfastes pour eux. Il est également dû à la rotation déterminée de la mondialisation avec le système protectionniste ou de l'anti-mondialisation observée tous les 40-50 ans (Lenglet).
Bien que le constat selon lequel la « mondialisation de type occidental a reculé » reflète parfaitement la réalité, ce n'est pas le cas de celui qui soutient que le régime de la mondialisation a disparu de la surface de la Terre. Et ceci car une autre mondialisation fait son apparition, dont les caractéristiques sont complètement différentes de la précédente, et qui porte les couleurs de la Chine. Il s'agit de la renaissance de la route de la soie, souvent désignée comme le nouveau plan Marshall. Cette nouvelle forme de mondialisation, contrairement à la traditionnelle, ne donne pas la priorité au maximum de profit, du moins directement, mais vise à la domination mondiale de la Chine. La réalisation de cet ambitieux objectif présuppose nécessairement la fin de la souveraineté de l'Occident, et indiscutablement pas seulement de sa souveraineté économique.
La Partie I de cette communication sera consacrée aux caractéristiques spécifiques et aux objectifs de la nouvelle route de la soie en tant que nouvelle mondialisation chinoise. Et dans la Partie II, nous nous intéresserons aux conséquences attendues du nouvel ordre économique mondial.
Partie I. La renaissance de la « route de la soie » : une nouvelle forme de mondialisation
Jusqu'à récemment, la Chine
s'efforçait de renvoyer l'image d'une puissance calme et de ne pas provoquer
d'inquiétudes à cause de sa croissance fantasmagorique dans tous les domaines.
Plus maintenant ! Concernant la route de la soie, le président Chinois Xi Jinping
a récemment déclaré qu'il s'agit là du « projet du siècle » et les médias chinois
parlent d'un « cadeau de la sagesse chinoise à la croissance mondiale » et du «
chemin de Xi Jinping » (Planet China). Le fait que ce gigantesque plan chinois
évite de préciser officiellement ce qu'il cherche, inquiète de plus en plus
l'Occident qui a du mal à croire que ce sont de simples travaux
d'infrastructure entrepris dans le but d'étendre la richesse et la prospérité
aux économies en développement. En réaction, l'Occident, pour le moment, rappelle
que les anciennes routes de la soie n'ont jamais appartenu exclusivement à la
Chine et qu' « elles
ne peuvent être les routes d’une nouvelle hégémonie qui viendrait mettre en
état de vassalité les pays qu’elles traversent », comme l'a
récemment déclaré Emmanuel Macron (Planet China).
La mondialisation mise en œuvre par la Chine est dotée de
normes spécifiques. Elle combine libéralisation des échanges et
protectionnisme, à l'image du capitalisme chinois qui coexiste avec les
pratiques communistes. La mise en avant de ce nouveau système intègre d'abord
la Chine au système fort des échanges internationaux tout en affermissant une
nouvelle mondialisation, originale, tout à fait chinoise, dans le but de
transformer radicalement l'économie mondiale. Il s'agit, comme cela a déjà été
noté plus haut, de la décision de la Chine, déjà en voie de réalisation, de
faire renaître la route de la soie. Dans les deux paragraphes de la Partie I, nous
examinerons les caractéristiques et les objectifs de la nouvelle mondialisation
qui porte les couleurs de la Chine.
A. Les caractéristiques
de la mondialiation chinoise, « One belt, one road » (OBOR)
La « route de la soie » fut, il y
a quelque deux mille ans de cela, le principal axe commercial reliant l'Orient
à l'Occident. C'est par cette route qu'arriva en Europe Genghis Khan et
qu'Alexandre le Grand atteignit presque la Chine. La réunion de ces deux
cultures fondamentales, la grecque et l'orientale stimula de façon extraordinaire
les sciences, les arts et la philosophie. Alexandre le Grand fonda en Orient,
par la route de la soie, de nouvelles villes dont la plupart prirent son nom,
et diffusa la culture et la pensée grecque jusqu'aux régions les plus reculées
alors de la planète. Le lien, par conséquent, entre la Chine et la Grèce dura
des siècles, par le biais de la route de la soie. Ce lien revit aujourd'hui, avec
la nouvelle route de la soie et avec le port du Pirée qui a été choisi par la
Chine pour permettre à ses produits d'entrer en Europe, lesquels seront
transportés par la flotte commerciale grecque (Hiniadou Cambanis).
Les évolutions en rafale avaient rendu
prohibitif le coût de transport des produits par la route de la soie, qui fut
proprement abandonnée pendant des siècles.
Néanmoins, les nouvelles
technologies ont rendu de nouveau possible l'exploitation économique de cette
route, étant donné que le transport ferroviaire est devenu rapide et abordable.
C'est justement la renaissance de
cette « route de la soie », comme la définit la Chine, qui marque une nouvelle
mondialisation, dont les objectifs et le contenu sont totalement différents des
précédents.
a) Les préparatifs de la mondialisation chinoise
La croissance extrêmement rapide
de la Chine, combinée avec son insertion décisive et sous différentes formes
partout dans le monde, est passée presque inaperçue auprès des États-Unis qui,
pendant longtemps, en ont sous-estimé l'importance. Et justement, c'est ce
réveil tardif des États-Unis qui n'ont pas vu que la Chine risquait de les
marginaliser, qui explique les réactions du nouveau président Américain, lesquelles
réactions relèvent souvent de la panique et ont abouti à la déclaration d'une
guerre commerciale dure dont il est difficile, à l'heure qu'il est, d'estimer
lequel des deux pays en sortira vainqueur.
Bien entendu, on suppose que les États-Unis ne voient pas d'un bon œil les aspirations à la souveraineté de la Chine qui se concrétisent à travers une forme originale de mondialisation. Reste à savoir ce que fera l'Amérique pour éviter cela. Bien que rien ne puisse être pris pour acquis dans ce champ de confrontation extrêmement fluide entre les deux superpuissances, il est certain que le fait que les États-Unis aient tardé à prendre conscience de la menace chinoise aura probablement de très graves conséquences finales.
b) Comment se construit la mondialisation chinoise
Les préparatifs fébriles de cette
nouvelle mondialisation originale, que la Chine a planifiée et est en train de
réaliser, même s'ils se font discrètement, sans tambour ni trompette,
constituent l'événement le plus important au monde, car les conséquences sur le
long terme devraient en changer l'apparence. Cette nouvelle mondialisation,
d'une philosophie complètement différente, abolit toutes celles qui ont
précédé.
Avec un budget de 3 millions de dollars, la Chine construit des infrastructures gigantesques au Laos, au Pakistan, au Kenya, en Europe. Ce plan colossal projette des lignes de chemin de fer qui commenceront à Budapest et à Belgrade, constitueront une artère supplémentaire qui permettra la diffusion des produits chinois en Europe. Le port du Pirée sera pour la Chine, qui l'a acheté, un tremplin vers l'Europe. Le plan « Une ceinture, une route » promu par le président Chinois Xi Jinping prévoit la construction de nombreuses infrastructures en Asie, en Afrique et en Europe, qui amélioreront la qualité de vie des habitants de plus de 60 pays. Dans ce plan, les efforts consistent surtout à tirer le meilleur parti de l’avantage stratégique dont dispose chaque pays qui y participe.
c) Où s'étend-elle?
C'est surtout dans la
jungle du Laos que les ingénieurs Chinois construisent des centaines de tunnels
et de ponts pour soutenir les rails des 414 kilomètres de voies ferrées. Ce
chantier prévoit de relier six pays asiatiques et le coût estimé s'élève à 6
milliards de dollars. La Chine construit également au Pakistan des centrales
électriques afin de fournir en électricité des régions qui n'en sont pas pourvues.
Ces investissements, selon des estimations, s'élèveront à 46 milliards de
dollars. Au Kenya, la Chine améliore la ligne ferroviaire qui relie le port de
Mombasa à Nairobi, pour y faciliter l'accès aux produits chinois. Cette ligne
ferroviaire a été mise en service à l'été 2017, et son entretien dépendra
pendant plusieurs années de la Chine. D'importants chantiers d'infrastructure
sont programmés ou ont débuté au Vietnam, au Bangladesh, au Sri-Lanka, au
Cambodge, en Tanzanie, etc. La liste est interminable. Parmi ces pays asiatiques, nombreux sont ceux qui devraient atteindre
un rythme de croissance rapide et ouvrir ainsi de nouveaux marchés importants aux
produits chinois. Quant à l'Europe et aux Balkans, ce sont des régions
importantes pour la Chine qui s'y intéresse particulièrement et compte diffuser
sur leur marché une grande partie de ses produits. Les investissements qu'elle
effectue en Europe, surtout pour des chantiers d'infrastructure, et en priorité
en Allemagne, ont décuplé en dix ans et sont estimés à 10 milliards de dollars
(Charrel). La Chine a l'intention de construire une autoroute reliant en un
temps record la Chine et les Balkans, qui commencera à Belgrade-Niš (Serbie) et
passera par Pristina (Kosovo) et Durrës (Albanie). Cette
autoroute complètera la ligne de chemin de fer Budapest-Belgrade, le but étant
de créer un axe entre le port du Pirée et l'Europe centrale et orientale et qui
traversera la Serbie. En investissant dans des chantiers d'infrastructure, la
Chine pénètre drastiquement à la fois en Europe et dans les Balkans. C'est
ainsi qu'elle a déjà approché onze pays membres de l'UE et cinq pays des
Balkans (Papageorgiou) avec lesquels elle collabore et qu'elle finance. Ces
pays sont la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie, la Pologne, la
Bosnie-Herzégovine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie, l'Albanie, l'Ancienne
République Yougoslave de Macédoine, du Monténégro, la Tchéquie, la Lituanie, la
Lettonie et l'Estonie. Et puis, la Chine a déjà acheté l'aéroport international
de Tirana, la plus grande mine d'acier de Serbie, la plus grande mine de
charbon de Roumanie et le port du Pirée en Grèce.
Conjointement à d’autres investissements majeurs dans les infrastructures déjà en cours ou prévus sur les trois continents, l'Asie, l'Afrique et l'Europe, la Chine érige son empire mondial. Elle développe également son influence dans le sud du Pacifique pour y reduire l'influence de la Chine nationaliste et, naturellement, pour y établir son empire mondial. Entre 2006 et 2016, la Chine a offert à cette région une aide de 1,78 milliards de dollars pour la construction d'infrastructures. Les habitants de la région sont disposés à la suivre car l'aide et les prêts qu'elle leur a accordés ne sont pas soumis aux conditions strictes de l'Occident.
Ce plan chinois comporte deux parties : la première est terrestre (SREB) et l'autre maritime (MSR). Par ailleurs, il s'agit d'un plan très ambitieux, aux dimensions multiples telles que les transports, les taxes, l'énergie, le tourisme, la finance, les alliances politiques. Son coût est estimé à 26 milliards de dollars. De nombreux projets du plan sont déjà en cours de réalisation, d'autres sont encore à l'étude.
Parallèlement aux routes de la soie terrestre et maritime, Xi Jinping projette la « route polaire de la soie ». Bien qu'il n'en soit pas si près, l'expansionnisme de la Chine comprend l'Arctique dans son grand plan de la « nouvelle route de la soie ». Ainsi, celle-ci prévoit-elle de construire un port et de créer les infrastructures nécessaires pour permettre aux navires d'accoster, surtout maintenant que la banquise fond. La « Chine en tant que grande puissance polaire » sera complétée par la construction d'une ligne ferroviaire en face de la Finlande. Les sommes astronomiques exigées pour la réalisation de cet ambitieux projet, de même que les difficultés prévisibles ou non, justifient la crainte de voir apparaître des menaces sérieuses. Toutefois, le président Chinois se montre convaincu que les bénéfices à long terme pour son pays seront largement supérieurs au coût, quel qu'il soit. Et tout semble lui donner raison. La réalisation de ce plan devrait employer 100 000 Chinois.
B. Les principaux objectifs de la Chine dans le cadre de la « nouvelle route de la soie »
Même si, pour le moment, le président Chinois perd de l'argent, il a pour objectif d'imposer cette nouvelle forme de mondialisation qui balaiera la précédente, celle du monde occidental qui, comme tout l'indique, est arrivée à son terme. La nouvelle mondialisation d'inspiration chinoise redéfinira l'ordre économique international, et entraînera dans le sillage de la Chine des pays et de grandes entreprises.
Avec
la renaissance de la « route de la soie », l'objectif central de cette
entreprise colossale est la souveraineté mondiale de la Chine, qui présuppose
son rattachement avec le reste du monde, et qui se concrétise avec la
construction d'importantes infrastructions à des points névralgiques de la
planète. Ce plan devrait être mené à
bien en 2049, et il n'est pas impossible qu'il soit lié à la demande de Xi
Jinping de rester au pouvoir pour une durée illimitée, qui veut en suivre
lui-même l'avancée et de le superviser. Le but est de stimuler les échanges
commerciaux entre la Chine et l'Afrique, l'Eurasie, l'Europe, le Moyen-Orient
et l'Asie.
L'objectif
central de la Chine comprend plusieurs parties, à savoir:
Un
premier objectif stratégique qui, à travers la renaissance de la route de la
soie, en tant que tel, insiste sur le maintien des frontières ouvertes et la
protection de ses entreprises de manière à ce qu'elles se développent
constamment sur de nouveaux marchés. Il
semble que le régime sous lequel la Chine avancera vers la conquête de la
souveraineté mondiale imposera une mondialisation originale. Celle-ci devrait
lier le libre-échange et l'aide aux économies en développement, lesquelles
conserveront toutefois leur souveraineté nationale (Holstag). Le président
Chinois met en parallèle le plan « mondialisation 2.0 » et le plan Marshall,
qui aida à la reconstruction de l'Europe après la Deuxième Guerre mondiale et
lequel put imposer l' Amérique comme première
puissance mondiale.
Le
deuxième objectif qui explique la grande décison de la Chine de faire revivre
la route de la soie est son besoin de relancer le rythme ralenti de sa
croissance qui, même s'il reste très rapide, crée une surproduction de certains
produits de base. Cette surproduction ne peut être absorbée par son économie
intérieure, créant des parties d'installations de production inutilisées. Comme il
considère certain que la croissance continuera à ralentir, le gouvernement
chinois a jugé que faire revivre la route de la soie était la solution,
puisqu'elle permettrait de revaloriser ses régions les plus pauvres. Vu sous
cet angle, la construction dans le monde entier, même avec pertes,
d'infrastructures d'une envergure inconcevable, lie de manière ingénieuse le
problème de la surabondance de production de produits chinois, tels que
l'acier, l'aluminium, le ciment et les machines et la souveraineté mondiale de
la Chine. Ajoutons le charbon, dont l'utilisation a été limitée en Chine dans le but de
l'arrêter, mais pas la production. Celle-ci est écoulée au Kenya où, aux frais
de la Chine, sont construits des centrales électriques pour répondre à la
demande croissante en électricité du pays. La
renaissance de la route de la soie assure ainsi la valorisation de produits qui
ne peuvent plus être absorbés par la Chine dont le rythme de croissance
ralentit.
Le troisième objectif de la Chine, visé lui aussi à travers la nouvelle route de la soie, est d'arriver à une meilleure coordination et à une collaboration et non à une compétitivité entre les entreprises chinoises pour servir les intérêts nationaux (Holstag). On peut facilement en déduire que la Chine, qui a officiellement annoncé sa volonté de rester une force silencieuse, est déjà engagée dans une compétition idéologique contre le slogan « L'Amérique d'abord » de Donald Trump avec son propre slogan « La Chine d'abord ».
Le quatrième objectif de
ce plan chinois colossal est de promouvoir l'exportation des produits
industriels chinois. L'initiative chinoise « Une ceinture, une route » est en
partie une tentative de développer de nouveaux marchés pour la Chine dans toute
l'Eurasie, avec des infrastructures reliant
l'Asie centrale et du sud avec l'Europe et l'Afrique. Vingt villes chinoises
sont désormais reliées avec l'Europe par des lignes ferroviaires et la quantité
de fret à destination de l'Europe a été multipliée par cinq depuis 2013, tandis
que des liaisons sont renforcées, comme celle de Tchentu à Prague ou Wuhan à
Lyon. La réalisation de cet objectif complexe suppose le maintien de la méthode
à forte intensité de main-d'œuvre dans l'industrie chinoise. Et dans le même
temps, l'installation d'entreprises
chinoises d'assemblage à l'étranger a été renforcée. Ainsi, sans que cela soit claironné, la plus
grande ambition de l'initiative « Une ceinture, une route » est de transformer
l'Eurasie en une région économique et stratégique qui concurrencera − et finira par dépasser − la région euro-atlantique.
Et il va sans dire que tout cela tournera autour de la Chine.
Le cinquième et dernier
objectif de la nouvelle route de la soie est
d'accroître sa part de marché dans les produits de haute technologie tels que
l'électricité, les voies ferrées, les chantiers navals, l'aviation, les
énergies renouvelables, les machines, la biotechnologie et les machines de
pointe.
Pour
résumer, les cinq principaux objectifs de la nouvelle route de la soie visent à
promouvoir les produits chinois. Ces objectifs sont atteints au moyen d'abord
d'une aide de l'État aux grandes entreprises chinoises octroyée en priorité
absolue et souvent au mépris des règlements internationaux. Ces entreprises
appartiennent à l'État et priment en importance sur les petites entreprises et
les entreprises privées. Le moyen le plus
efficace auquel recourt l'État pour aider les grandes entreprises consiste en
un financement confortable. Pour cela, l'État incite les ménages à déposer
leurs économies dans les banques qui accordent des prêts aux entreprises à un
taux très bas. En 2015, le transfert d'épargne des ménages aux entreprises a
atteint 4,5 trillions de dollars. Autrement
dit, c'est une politique fortement keynésienne qui est suivie en Chine,
politique qui donnera de brillants résultats, contrairement aux politiques
d'austérité choisies par l'Occident, et surtout dans l'UE dont les résultats
sont particulièrement décevants. La Chine, en plus d’accorder des prêts nationaux
pour faire progresser la croissance, effectue des investissements nombreux et
multidimensionnels à l’étranger, en utilisant les devises provenant de son
excédent commercial, grâce à ses exportations. Des estimations élèvent les
réserves en devises de la Chine à 6,3
trillions de dollars, les investissements directs étrangers à 1 trillion de
dollars, les prêts commerciaux à 1 trillion de dollars (Holstag). Il est évident que cette politique monétaire expansive de la
Chine comporte des risques, puisque sa dette augmente dangereusement. En 2008,
la dette totale de la Chine s'élevait à 141 % de son PIB, et en 2017 elle avait
atteint 256 %. Il est toutefois clair que la Chine donne, pour le moment, une
priorité immédiate à la croissance, remettant à plus tard la question de la
stabilisation.
Partie II. Le nouvel ordre économique
international de la mondialisation chinoise
La
nouvelle mondialisation ainsi progressivement imposée sur l'ensemble de la
planète donne lieu à toute une série d'interrogations relatives à l'évolution
de sujets nombreux et importants.
Bien
que toute prévision soit par nature incertaine et sujette à des changements imprévisibles,
je vais m'efforce, dans cette deuxième partie, d'anticiper autant que possible
les tendances et évolutions dans deux domaines représentatifs: celui de l'économie
internationale et celui du régime établi.
A.
L'économie mondiale de demain
Malgré
les réactions de l'Occident, la souveraineté mondiale de la Chine semble inéluctable
et déterminée (Negreponti-Delivanis). Et cela parce que l'Occident s'est
dangereusement affaibli et que son profond déclin est visible de toutes parts, parce
que le temps qui lui était imparti est arrivé à son terme, et enfin, le plus
important, parce qu'au sommet du monde, c'est toujours le plus fort qui règne.
Et le plus fort, c'est la Chine, qui est déjà inégalée dans le secteur de l'intelligence
artificielle, et continuera de l'être en raison de la quantité énorme des applications
dont elle dispose et qui sont à la base du succès et de l'essor de ce secteur.
La
Chine, il y a une trentaine d'années était une économie pauvre et marginalisée,
tandis qu' aujourd'hui, elle est déjà sur le point d'arriver au sommet de la
pyramide mondiale. Ce miracle économique a pu se faire par un travail acharné,
en s'ouvrant au capitalisme, par une planification intelligente et par des
investissements à long terme en infrastructures.
La
politique des frontières ouvertes, comme cela a été analysé précédemment, est
en recul. La nouvelle forme de mondialisation, la chinoise, n'inclut pas une
ouverture claire des frontières mais plutôt une « ouverture des frontières bien
gérée ». La Chine centre directement ses
efforts sur la construction de son propre empire auquel les économies des pays-partenaires seront
attachées et d'une certaine manière dépendantes d'elle sans être en
concurrence. Elle centre ses efforts sur la réglementation des termes du
commerce et sur l'instauration d'une hiérarchie harmonieuse dans ses relations
avec les autres pays. L'intention de la Chine est de réorganiser l'Asie sur la
base d'un système de collaboration politique et économique, qui s'appuirait sur
le développement local et qui se ferait à l'aide d'investissements chinois.
En introduisant ce
nouveau système de collaboration, la Chine se différencie du système américain,
qu'elle considère illégal (Mottet et
Lasserre). L'ouverture de la Chine au
libre-échange se fait en même temps qu'une forte protection de ses entreprises (Mottet
et Lasserre). Dans ces
conditions, il est clair qu'on ne peut parler de mise en place, par la Chine,
d'un régime de libre concurrence. On observe par contre qu'elle suit les
incitations de F. List concernant le besoin de protection de ses nouvelles
entreprises contre la libre concurrence, et qu'elle cherche partout à combiner
des systèmes différents et belligérants.
Il est
vrai que les intentions de la Chine concernant le commerce extérieur et ses
relations avec les autres pays ne sont pas claires, qu'elles inquiètent
l'Occident, surtout depuis que Xi Jinping a obtenu triomphalement son
investiture à vie, votée par près de 3000 représenants du peuple. L'Occident
craint les répercussions que peuvent avoir les investissements massifs prévus
par la Chine, surtout dans les Balkans, et cet objectif ambitieux qu'est le
plan «
Fabriqué en Chine 2025 » pour la promotion des
produits chinois et les nouvelles technologies. Ces craintes sont également
exacerbées par le fait que les entreprises chinoises reçoivent d'importantes
subventions de la part de l'État, où et quand cela est nécessaire, ce qui les privilégie
face aux entreprises et produits occidentaux.
a) Les craintes des États-Unis orientent l'économie
mondiale vers le protectionnisme
Les États-Unis, qui donnent
le signal du changement au niveau mondial, ont opté pour le régime
protectionniste dans le domaine du commerce international. Ces mesures
protectionnistes, les tarifs douaniers surtout mais pas seulement, sont
essentiellement dirigées contre ces économies-là dont les échanges finissent
par créer un déficit de la balance commerciale de l'Amérique. Ensuite,
l'Amérique toujours soucieuse de réduire le déficit de sa balance commerciale,
s'est retirée de l'Accord de partenariat transpacifique (Trans-Pacific Partnership)
dont faisaient également partie l'Australie, le Bruneï, le Canada, le Chili, le
Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le
Vietnam. Le président Américain semble embrasser la doctrine mercantiliste
selon laquelle les échanges commerciaux ne sont bénéfiques que lorsqu'ils
aboutissent à un excédent commercial. Au-delà
des doutes justifiés sur le fait que, dans le cas de l'Amérique, le
protectionnisme est préférable au fait de tolérer un déficit de la balance commerciale
avec certains pays, ce qui est certain, c'est qu'avec ces décisions, elle
laisse un vide que la Chine émergente, en tant que première puissance mondiale,
s'empresse de combler. Ainsi, l'idée selon laquelle les choix de l'Amérique, au
lieu d'empêcher ou de ralentir le triomphe mondial de la Chine l'accélère,
semble-t-elle se justifier (Xuetong).
On peut raisonnablement s'attendre à ce que tous les pays membres de l'Accord
de Partenariat transpacifique (TPP), mécontents à juste titre d'avoir été abandonnés
par l'Amérique, se feront un plaisir de s'approcher de la Chine et de
s'associer à son ambitieux projet de domination du monde. Bien entendu, il y a
quelques exceptions, comme l'Australie qui a refusé de signer le plan de la
Chine, mais aussi l'Inde qui hésite, car certaines routes ouvertes par la Chine
traversent des régions contestées du Cachemire, qui sont revendiquées par le
Pakistan.
Quant
aux États-Unis, hormis une guerre qui l'opposerait à l'autre superpuissance, la
seule solution qui leur reste est de s'imaginer, aussi longtemps que
possible, qu'ils dominent encore le monde. Pour l'heure, la colère de
l'Amérique face à l'essor fulgurant de la Chine dans tous les domaines, y
compris dans celui des nouvelles technologies, l'a récemment conduite à prendre
de nouvelles mesures contre la Chine. Prétextant habituellement leur sécurité nationale, les États-Unis
refusent de plus en plus souvent et d'une manière plus générale, d'autoriser
l'achat d'entreprises américaines par la Chine. En imposant ces nouvelles
restrictions, l'Amérique s'efforce de protéger par tous les moyens sa propre
nouvelle technologie, la fameuse 5G qui prépare le terrain à la
télécommunication sans fil des appareils ménagers, véhicules autonomes,
éclairage urbain (Kang
and Rappeport). Ainsi, le gouvernement américain
suspecte-t-il fortement le fait que dans certains cas, l'achat d'entreprises
par des investisseurs étrangers, et plus précisément Chinois, a pour but en
fait l'accès aux nouvelles technologies. Et c'est justement cette tendance que
l'Amérique cherche à stopper. Mais peut-être est-ce déjà trop tard.
L'inquiétude ressentie par l'Amérique face au déferlement de la Chine sur la
planète entière est également partagée par l'Union Européenne qui, avec raison,
se sent elle aussi menacée. Des pays de l'UE et sources alliées, réagissant
contre la Chine, soutiennent qu'elle « cherche à s'insinuer dans l'UE et à
faire éclater sa cohésion». L'Union Européenne s'emploie à des contrôles pour
savoir si les investissements de la Chine sur son sol sont viables et si les
règles européennes sont respectées concernant l'obligation d'appel d'offre.
Et,
alors que l'Union Européenne se soucie de détails bureaucratiques, la Chine a
déjà investi en Europe, depuis 2012, 15 milliards de dollars et pour les
prochaines années, elle projette des investissements supplémentaires d'une
hauteur de 10 milliards de dollars. Pour 2016 notamment, année où les
investissements publics en Europe avaient atteint leur plus bas niveau depuis
vingt ans, les investissements de la Chine se sont élevés à 35 milliards
d'euros, affichant une forte hausse de 77 % par rapport à 2015 (Charlemagne).
Il est
certain que la mondialisation chinoise ne permettra pas le rétablissement des
frontières fermées, car cela nuirait à ses intérêts. Par contre, il est plus
probable qu'elle opte pour des « frontières ouvertes » dans la mesure et selon
les modalités allant dans l'intérêt de la Chine.
De son côté, l'Occident s'efforce
par tous les moyens de renverser la certitude que, sauf imprévu, la Chine
deviendra le régulateur des termes du commerce international.
b) Les répercussions de la
mondialisation chinoise sur les échanges commerciaux européens
L'irruption
de la Chine, par le biais de la route de la soie, devrait avoir des répercussions
négatives au niveau de ses échanges commerciaux avec l'Occident. La longue
crise de l'UE a eu pour effet la stagnation de son commerce avec les économies
de la région de la nouvelle route de la soie. Et, alors qu'avant la crise les
importations de produits et services européens dans des pays appartenant à la
cohorte de la nouvelle route de la soie augmentaient de 19 % par an, elles
n'ont augmenté que de 2 % après la crise en 2008 jusqu'en 2014. Les
exportations européennes vers des pays de la nouvelle route de la soie, pour la
période 2008-2014, affichent une baisse de l'ordre de 25 milliards de dollars
(par rapport à la période 2000-2008), tandis que les exportations de la Chine
ont augmenté de 250 milliards de dollars dans la même période. Par voie de conséquence,
cette évolution des choses peu réjouissante pour l'Europe a également réduit sa
part de marché de 38 à 30 %, tandis que celle de la Chine est passée de 9 à 16
%. L'évolution est encore plus dramatique pour l'Europe concernant sa part de
marché des produits de haute technologie qui baisse de 62 à 30 %, alors que
celle de la Chine affiche une augmentation de 15 à 26 %.
Bien que la variation du commerce de services soit difficile à suivre, tout
indique que celle-ci est aussi défavorable
à l'Europe que pour ses produits (Charlemagne).
c) Quel avenir pour l'Allemagne dans le
nouvel environnement économique international?
Le
changement de l'environnement économique international donne lieu à un grand
point d'interrogation concernant l'avenir de l'Allemagne, sa place de leader
dans l'UE et la zone euro, mais aussi la concrétisation des projets d'expansion
qui la caractérisent. Dans les prévisons pour 2050, l 'Allemagne figure
toujours parmi les 20 économies les plus importantes au monde, bien qu'en léger
recul par rapport à 2016 (au 4e rang en 2016 et au 5e en 2050). Il est très
possible qu'elle ne veuille plus être à la tête d'une Europe manifestement sur
le déclin, qui présente des problèmes insolubles, qui est menacée de
dissolution et dont elle seule sortira très certainement gagnante. En revanche,
il est plus probable qu'elle noue des relations étroites avec les puissants
d'alors, la Chine et la Russie. Il convient à ce propos de prendre en compte le
fait que la Chine, en déployant son grand projet de « nouvelle route de la soie
», a grandement besoin de l'Allemagne et plus particulièrement de ses ports,
pour transporter économiquement ses produits en Europe. Quant à la Russie, son
marché est la destination la plus importante des produits exportés d'Allemagne,
tandis que celle-ci importe de Russie la part la plus importante de son pétrole
et de son gaz.
d) Un monde multipolaire
On peut prevoir que pendant longtemps encore le monde sera multipolaire, avec la puissance grandissante de la Chine, jusqu'à ce qu'il redeviendra unipolaire, avec la Chine en tant que maître de la planète.
Entretemps, l'influence internationale de l'Amérique continuera de perdre du terrain, non seulement à cause d'évolutions inéluctables du déclin de l'Occident, mais aussi à cause de ses propres choix. Ses choix, qui réduisent sa portée mondiale, découlent de la conviction de Donald Trump qu'il faut mettre un terme à l'exploitation et à la tromperie que l'Amérique a subies durant des dizaines d'années (Leaders-Defending). Selon lui, le coût du maintien de l'ordre international pour les États-Unis est supérieur au bénéfice (Nye).
Pour finir le paragraphe A de la Partie II, on peut conclure que la mondialisation chinoise continuera de coexister pour encore quelque temps avec les anciennes formes de cosmothéories, mais qu'elle augmentera de plus en plus sa primauté sur elles. À partir du moment où sa souveraineté mondiale sera irréfutable, c'est sa mondialisation et aucune autre qui sera reconnue en tant qu'ordre économique international.
B. Dans le domaine du régime établi
Le régime devrait subir, au niveau international mais aussi national, des changements considérables:
• Avec la prédominance et la multiplication des partis politiques et des gouvernements populistes partout dans le monde. Pour le moment, il semble que numériquement ce soient les partis orientés à droite qui dominent. Les différences entre eux n'altèrent pas le fait que leurs choix convergent sur les questions de base.
• Sans que l'on puisse en
être certain, tout indique que l'intérêt pour le nationalisme se maintiendra et
s'intensifiera, et que d'autres pays s'approprieront, comme base de leur
politique extérieure, le contenu de « L'Amérique d'abord ». Et puis, selon des
prévisions raisonnables, il faut également s'attendre à un recul assez sensible
de l'importance du mouvement international pour l'installation d'une
gouvernance mondiale, étant donné que l'État-nation revient et se renforce,
après avoir été dévalorisé durant la domination de la mondialisation.
• La
mondialisation, avec la suppression des frontières nationales et le désintérêt
pour les symboles nationaux que sont la religion, l'histoire et les traditions,
associés à l'arrivée massive de migrants en Occident, a fait naître la colère
chez la multitude de victimes de la mondialisation. Le désir de retourner aux
racines et à l'identité nationale dont la majoritité croit qu'elle leur
permettra de reconquérir leur place dans la société, est à l'origine de la
montée du populisme. La réaction face aux attaques contre l'identité et la
dignité des pays économiquement avancés s'amplifie et apparaît de diverses
manières. De plus en plus de groupes sociaux affirment avoir été exploités dans
le passé à cause de la religion, de la nation, de leur sexe et en général, affirment
ne pas avoir eu la reconnaissance qui leur était due (Fukuyama). Ils réclament
un traitement égal. « L'identité est une idée morale forte, fondée sur une qualité
humaine mondiale, qui ne peut être supprimée » (Taylor).
Les
partis politiques populistes, aussi bien de droite que de gauche, promettent de
rendre à leurs partisans toujours plus nombreux ce que les partis (traditionnels)
précédemment au pouvoir leur avaient pris.
• Le
capitalisme survivra fort propablement mais avec une altération du contenu de
la démocratie libérale, laquelle aura tendance à adopter des caractéristiques
de démocratie non libre et éventuellement des comportements autoritaires. Comme
cela est déjà avéré, la démocratie libérale n'est un mode de gouvernance unique
et éternel pour l'univers. Ces changements importants sont dus, dans une large
mesure, à l'essor très rapide de la Chine qui a su éviter le piège du salaire
intermédiaire, est doté d'un gouvernement que l'on peut caractériser de
démocratie illibérale, et ce schéma s'étend rapidement au reste du monde et,
récemment, à l'Europe aussi. Il s'agit du capitalisme etatique chinois, qui
combine démocratie et restriction des droits individuels (Posen).
Le
capitalisme de la Chine apparaît beaucoup plus multiple que l'occidental dominé
par l'argent, et recherche, au contraire, toute une série d'autres
interdépendances, telles qu'alliances politiques, échanges commerciaux mutuels,
investissements à long terme, etc. Quant
à savoir si ce système original de gouvernance de la Chine est bon ou mauvais
pour l'Humanité, cela apparaîtra dans quelques années. Or, le nombre de pays
qui l'imitent ne cesse déjà d'augmenter.
Conclusion
Déjà, tout est en train de
changer depuis l'intrusion de la Chine dans la forteresse de la culture
occidentale et la fin de la mondialisation traditionnelle.
Le capitalisme de l'avenir, qui
sera chinois, sera très probablement un capitalisme d'État. Et si tel est le
choix de la Chine, une fois qu'elle sera devenue la première puissance
mondiale, le libéralisme économique et la démocratie, résidus de l'Occident
dont elle n'a jamais fait partie, reculeront.
Les
chances d'enrayer la mondialisation chinoise au moyen d'une guerre économique
qui devrait ralentir le rythme de croissance de la Chine d'à peine 1 %, sont
très minces. Et la question est de savoir si « la vie sur la Terre, dominée par
la Chine, sera meilleure ou pire qu'avant ». Il va de soi que la réponse à
cette question n'a de sens que si un conflit armé entre les deux
superpuissances, la Chine et les États-Unis, avec utilisation de l'arme
nucléaire et décimation de la population mondiale, peut être évité.
Si le
monde parvient finalement à échapper à la terrible menace d'une troisième
guerre mondiale, il est plus probable que, avec la domination de la Chine, la
vie économique, sociale et politique fonctionnera dans un environnement combinatoire,
sans choix absolus. La libéralisation des échanges comprendra aussi des mesures
protectionnistes lorsque cela sera jugé opportun. Le capitalisme sera lié avec
une intervention étatique et la démocratie embrassera, le cas échéant, des
mesures autoritaires et de restriction des droits humains. Dans le domaine de
l'Etat providence, on peut espérer que, avec l'accroissement de la richesse,
les mesures de protection des plus démunis socialement se généraliseront. Dans
le domaine international, on espère que les droits souverains des États seront
respectés et qu'il ne leur sera pas imposé des régimes, même s'il s'agit d'un
régime démocratique, même s'il est consideré comme le meilleur de tous.
À plus long terme, on a raison de s'inquiéter de la manière dont les gouvernements géreront le développement de l'intelligence artificielle et la prolifération de robots capables de remplacer le travail humain, même dans les secteurs les plus sensibles et les plus exigeants, et même de signer son arrêt de mort. Le risque pour le monde de se retrouver dans l'impasse est réel, si on ne cherche pas de solution au problème énorme qui sera ainsi créé, pour une répartition plus juste des résultats des connaissances humaines et, s'il persiste à concentrer les fruits du progrès dans les mains de quelques-uns.
* Pour une analyse plus détaillée du sujet, "La fin de la domination occidentale", de Maria Negreponti-Delivanis (sous presse).
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La nouvelle mondialisation porte les couleurs de la Chine* (la nouvelle route de la soie), Izmir 6-7 décembre 2018 Par Maria Negreponti-Delivanis (Ex Recteur et Professeur à l'Université Macédonienne, Présidente de la Fondation Delivanis, Vice-Présidente du CEDIMES)
Reviewed by Μαρία Νεγρεπόντη - Δελιβάνη
on
Δεκεμβρίου 11, 2018
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