LA FIN DE LA ZONE EURO: LE NORD DE L’EUROPE CONTRE SON SUD Par Maria Negreponti-Delivanis
Par Maria Negreponti-Delivanis 03/2015
La dégradation en chaîne de la situation au sein de la zone euro, ces deux
dernières années et plus encore ces derniers mois, ne permet plus d’occulter la
terrible réalité. Le fossé se creuse de plus en plus entre le Nord riche de
l’Europe et le Sud, pauvre et surendetté et ne laisse plus aucun espoir de
rapprochement. En cause, la rudesse avec laquelle la Commission Européenne
a entrepris d’affronter le problème des économies endettées qui révèle surtout
l’absence totale de toute forme de cohésion et de solidarité entre les
Etats-membres. Mais plus triste encore, c’est d’avoir cru qu’un tel projet
était possible. L’enthousiasme des années 50 et 60, surtout chez les jeunes,
pour une Europe des peuples unie, et toutes ces belles promesses autour de sa
création, tout cela n’était soutenu par aucune base solide. C’était en fait une
façon séduisante de détourner les populations de la vraie visée des principaux
artisans de l’Union lesquels, notons-le, étaient de même nationalité que leurs
successeurs d’aujourd’hui. Ainsi l’Allemagne, qui voyait dans l’Union
Européenne la concrétisation enfin de son rêve ; ce rêve qui avait échoué
à deux reprises, à savoir la domination de l’Europe. Ainsi, la réunification
allemande[1] ne se fit pas sans concessions puisqu’il
lui fallut abandonner le Mark en échange de la monnaie unique. Quant à la France , l’autre pays à
l’origine de la création de l’Europe unie, ses préoccupations étaient dès le
début - et continuent d’être - de moindre envergure. Ce qu’elle voulait,
c’était juste s’assurer une position stable de leader en Europe. Or, la France a un problème, qui
explique en partie sa totale identification aux choix de l’Allemagne[2], c’est sa position géographique. Mais, que
son économie appartienne à l’Europe du Sud ou à l’Europe du Nord, son désir
ardent est de faire partie de celle du Nord.
La situation toutefois n’était peut-être pas aussi cynique dans les
premiers temps. Les fondateurs de l’Union Européenne avaient probablement les meilleures
intentions et ils croyaient même l’accomplissement de leur projet possible. Pour
ma part, je veux croire que les pères de l’Europe[3] s’étaient démenés pour y garantir paix,
démocratie, égalité, prospérité pour tous, croissance rapide et plein emploi,
et qu’ils seraient atterrés de voir comment leur œuvre grandiose a dégénéré[4]. Ils verraient avec effroi que non
seulement leur projet initial ne s’est pas concrétisé, mais qu’en plus une
guerre larvée et ravageuse sévit en son sein, entre le Nord et le Sud. Un
conflit terrible et original dans sa forme, sans armes de destruction massive
mais dont les moyens s’avèrent plus drastiques, plus efficaces et plus
délétères que les armes traditionnelles[5]. En effet, l’Allemagne, utilisant comme
cheval de Troie la dette du Sud, semble être entrée dans la phase accélérée de
concrétisation d’un plan d’assujettissement du Sud, nouveau type de
colonisation, et dont elle serait le chef incontestable. En dehors des vues
ostensiblement expansionnistes de l’Allemagne, ce projet démoniaque trouve un
appui dans l’évolution rapide de l’économie mondiale qui menace de marginaliser
l’Europe et l’Occident tout entier. Il s’agit surtout de la concurrence
intensifiée avec les économies émergentes, notamment la Chine. Il s’agit de la
compétitivité de l’Allemagne[6], sérieusement mise à mal et qui pour s’en
sortir a besoin, semble-t-il, de main d’œuvre en abondance et bon marché. C’est
exactement ce que pourrait lui assurer l’Europe du Sud[7], si celle-ci finit par se soumettre à son
hégémonie.
Dans ce rapport, je vais tenter de montrer dans
quelle mesure l’heure de la fin est venue pour l’Europe du Sud, victime
volontaire d’une union économique dont les lignes directrices avaient été
tracées, dès le début, pour servir avant tout ses partenaires les plus
puissants. Pendant des dizaines d’années, le Sud a vu s’éroder et se
désorienter ses capacités de développement, il a pâti d’une exploitation cachée
et constante des pays riches du Nord[8], et doit être sacrifié sur l’autel des
projets réactivés de l’Allemagne.
La première partie de ce rapport portera sur l’attaque ouverte
particulièrement violente menée par les pays du Nord de l’Europe contre le Sud,
Allemagne en tête évidemment. Dans la deuxième partie, on se penchera sur les
conséquences de cette mise à sac, pour
LA FIN DE LA ZONE EURO: LE NORD DE L’EUROPE CONTRE SON SUD Par Maria Negreponti-Delivanis
Reviewed by Μαρία Νεγρεπόντη - Δελιβάνη
on
Μαρτίου 30, 2015
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