La nouvelle mondialisation porte les couleurs de la Chine* (la nouvelle route de la soie), Izmir 6-7 décembre 2018


La nouvelle mondialisation porte les couleurs de la Chine*
(la nouvelle route de la soie), Izmir 6-7 décembre 2018
Par Maria Negreponti-Delivanis
(Ex Recteur et Professeur à l'Université Macédonienne, Présidente de la Fondation Delivanis, Vice-Présidente du CEDIMES)


Introduction

La mondialisation aux normes occidentales, qui a dominé la planète pendant une cinquantaine d'années, nous a quittés. Le coup de grâce a été donné par le début et l'intensification de la guerre commerciale, déclenchée par le président Américain contre la Chine sans toutefois s'y limiter. Il est intéressant de s'arrêter sur le fait que c'est l'Amérique qui a imposé la mondialisation au reste du monde, convaincue que ses résultats la favoriseraient. Et c'est cette même superpuissance qui y a mis un terme, jugeant qu'elle ne lui était plus utile.
Il n’est pas facile de répondre à la question de savoir si et depuis combien de temps les États-Unis bénéficient de la mondialisation, comme ils l'avaient espéré à l’origine. Toutefois, ce qui est certain, c'est que la mondialisation a eu pour effets généraux la création d'une poignée de gagnants pour une armée innombrable de perdants, la création d'inégalités extrêmes de toutes sortes et qu'à plusieurs points de vue, le travail est devenu le « mouton noir », entraînant la baisse considérable de sa part dans le PIB. Et puis, s'agissant des conséquences certainement positives de la mondialisation, on constate que la Chine, l'Inde et dans une moindre mesure d'autres économies émergentes en ont énormément bénéficié, puisque c'est grâce à elle que des millions de personnes ont pu sortir de la pauvreté absolue.  
L'abandon de la mondialisation aux normes occidentales est le résultat de la colère de nombreux groupes socio-économiques qui réagissent à ses effets néfastes pour eux. Il est également dû à la rotation déterminée de la mondialisation avec le système protectionniste ou de l'anti-mondialisation observée tous les 40-50 ans (Lenglet).
Bien que le constat selon lequel la « mondialisation de type occidental a reculé » reflète parfaitement la réalité, ce n'est pas le cas de celui qui soutient que le régime de la mondialisation a disparu de la surface de la Terre. Et ceci car une autre mondialisation fait son apparition, dont les caractéristiques sont complètement différentes de la précédente, et qui porte les couleurs de la Chine. Il s'agit de la renaissance de la route de la soie, souvent désignée comme le nouveau plan Marshall. Cette nouvelle forme de mondialisation, contrairement à la traditionnelle, ne donne pas la priorité au maximum de profit, du moins directement, mais vise à la domination mondiale de la Chine. La réalisation de cet ambitieux objectif présuppose nécessairement la fin de la souveraineté de l'Occident, et indiscutablement pas seulement de sa souveraineté économique.
La Partie I de cette communication sera consacrée aux caractéristiques spécifiques et aux objectifs de la nouvelle route de la soie en tant que nouvelle mondialisation chinoise. Et dans la Partie II, nous nous intéresserons aux conséquences attendues du nouvel ordre économique mondial.    
 
 
 
Partie I. La renaissance de la « route de la soie » : une nouvelle forme de mondialisation
 
Jusqu'à récemment, la Chine s'efforçait de renvoyer l'image d'une puissance calme et de ne pas provoquer d'inquiétudes à cause de sa croissance fantasmagorique dans tous les domaines. Plus maintenant ! Concernant la route de la soie, le président Chinois Xi Jinping a récemment déclaré qu'il s'agit là du « projet du siècle » et les médias chinois parlent d'un « cadeau de la sagesse chinoise à la croissance mondiale » et du « chemin de Xi Jinping » (Planet China). Le fait que ce gigantesque plan chinois évite de préciser officiellement ce qu'il cherche, inquiète de plus en plus l'Occident qui a du mal à croire que ce sont de simples travaux d'infrastructure entrepris dans le but d'étendre la richesse et la prospérité aux économies en développement. En réaction, l'Occident, pour le moment, rappelle que les anciennes routes de la soie n'ont jamais appartenu exclusivement à la Chine et qu' « elles ne peuvent être les routes d’une nouvelle hégémonie qui viendrait mettre en état de vassalité les pays qu’elles traversent », comme l'a récemment déclaré Emmanuel Macron (Planet China).   
La mondialisation mise en œuvre par la Chine est dotée de normes spécifiques. Elle combine libéralisation des échanges et protectionnisme, à l'image du capitalisme chinois qui coexiste avec les pratiques communistes. La mise en avant de ce nouveau système intègre d'abord la Chine au système fort des échanges internationaux tout en affermissant une nouvelle mondialisation, originale, tout à fait chinoise, dans le but de transformer radicalement l'économie mondiale. Il s'agit, comme cela a déjà été noté plus haut, de la décision de la Chine, déjà en voie de réalisation, de faire renaître la route de la soie. Dans les deux paragraphes de la Partie I, nous examinerons les caractéristiques et les objectifs de la nouvelle mondialisation qui porte les couleurs de la Chine.

A. Les caractéristiques de la mondialiation chinoise, « One belt, one road » (OBOR)
La « route de la soie » fut, il y a quelque deux mille ans de cela, le principal axe commercial reliant l'Orient à l'Occident. C'est par cette route qu'arriva en Europe Genghis Khan et qu'Alexandre le Grand atteignit presque la Chine. La réunion de ces deux cultures fondamentales, la grecque et l'orientale stimula de façon extraordinaire les sciences, les arts et la philosophie. Alexandre le Grand fonda en Orient, par la route de la soie, de nouvelles villes dont la plupart prirent son nom, et diffusa la culture et la pensée grecque jusqu'aux régions les plus reculées alors de la planète. Le lien, par conséquent, entre la Chine et la Grèce dura des siècles, par le biais de la route de la soie. Ce lien revit aujourd'hui, avec la nouvelle route de la soie et avec le port du Pirée qui a été choisi par la Chine pour permettre à ses produits d'entrer en Europe, lesquels seront transportés par la flotte commerciale grecque (Hiniadou Cambanis).
Les évolutions en rafale avaient rendu prohibitif le coût de transport des produits par la route de la soie, qui fut proprement abandonnée pendant des siècles.  
Néanmoins, les nouvelles technologies ont rendu de nouveau possible l'exploitation économique de cette route, étant donné que le transport ferroviaire est devenu rapide et abordable.
C'est justement la renaissance de cette « route de la soie », comme la définit la Chine, qui marque une nouvelle mondialisation, dont les objectifs et le contenu sont totalement différents des précédents.

a) Les préparatifs de la mondialisation chinoise
La croissance extrêmement rapide de la Chine, combinée avec son insertion décisive et sous différentes formes partout dans le monde, est passée presque inaperçue auprès des États-Unis qui, pendant longtemps, en ont sous-estimé l'importance. Et justement, c'est ce réveil tardif des États-Unis qui n'ont pas vu que la Chine risquait de les marginaliser, qui explique les réactions du nouveau président Américain, lesquelles réactions relèvent souvent de la panique et ont abouti à la déclaration d'une guerre commerciale dure dont il est difficile, à l'heure qu'il est, d'estimer lequel des deux pays en sortira vainqueur.
Bien entendu, on suppose que les États-Unis ne voient pas d'un bon œil les aspirations à la souveraineté de la Chine qui se concrétisent à travers une forme originale de mondialisation. Reste à savoir ce que fera l'Amérique pour éviter cela. Bien que rien ne puisse être pris pour acquis dans ce champ de confrontation extrêmement fluide entre les deux superpuissances, il est certain que le fait que les États-Unis aient tardé à prendre conscience de la menace chinoise aura probablement de très graves conséquences finales.
 
b) Comment se construit la mondialisation chinoise
Les préparatifs fébriles de cette nouvelle mondialisation originale, que la Chine a planifiée et est en train de réaliser, même s'ils se font discrètement, sans tambour ni trompette, constituent l'événement le plus important au monde, car les conséquences sur le long terme devraient en changer l'apparence. Cette nouvelle mondialisation, d'une philosophie complètement différente, abolit toutes celles qui ont précédé.
Avec un budget de 3 millions de dollars, la Chine construit des infrastructures gigantesques au Laos, au Pakistan, au Kenya, en Europe. Ce plan colossal projette des lignes de chemin de fer qui commenceront à Budapest et à Belgrade, constitueront une artère supplémentaire qui permettra la diffusion des produits chinois en Europe. Le port du Pirée sera pour la Chine, qui l'a acheté, un tremplin vers l'Europe. Le plan « Une ceinture, une route » promu par le président Chinois Xi Jinping prévoit la construction de nombreuses infrastructures en Asie, en Afrique et en Europe, qui amélioreront la qualité de vie des habitants de plus de 60 pays. Dans ce plan, les efforts consistent surtout à tirer le meilleur parti de l’avantage stratégique dont dispose chaque pays qui y participe.
 
c) Où s'étend-elle?
C'est surtout dans la jungle du Laos que les ingénieurs Chinois construisent des centaines de tunnels et de ponts pour soutenir les rails des 414 kilomètres de voies ferrées. Ce chantier prévoit de relier six pays asiatiques et le coût estimé s'élève à 6 milliards de dollars. La Chine construit également au Pakistan des centrales électriques afin de fournir en électricité des régions qui n'en sont pas pourvues. Ces investissements, selon des estimations, s'élèveront à 46 milliards de dollars. Au Kenya, la Chine améliore la ligne ferroviaire qui relie le port de Mombasa à Nairobi, pour y faciliter l'accès aux produits chinois. Cette ligne ferroviaire a été mise en service à l'été 2017, et son entretien dépendra pendant plusieurs années de la Chine. D'importants chantiers d'infrastructure sont programmés ou ont débuté au Vietnam, au Bangladesh, au Sri-Lanka, au Cambodge, en Tanzanie, etc. La liste est interminable. Parmi ces pays asiatiques, nombreux sont ceux qui devraient atteindre un rythme de croissance rapide et ouvrir ainsi de nouveaux marchés importants aux produits chinois. Quant à l'Europe et aux Balkans, ce sont des régions importantes pour la Chine qui s'y intéresse particulièrement et compte diffuser sur leur marché une grande partie de ses produits. Les investissements qu'elle effectue en Europe, surtout pour des chantiers d'infrastructure, et en priorité en Allemagne, ont décuplé en dix ans et sont estimés à 10 milliards de dollars (Charrel). La Chine a l'intention de construire une autoroute reliant en un temps record la Chine et les Balkans, qui commencera à Belgrade-Niš (Serbie) et passera par Pristina (Kosovo) et Durrës (Albanie). Cette autoroute complètera la ligne de chemin de fer Budapest-Belgrade, le but étant de créer un axe entre le port du Pirée et l'Europe centrale et orientale et qui traversera la Serbie. En investissant dans des chantiers d'infrastructure, la Chine pénètre drastiquement à la fois en Europe et dans les Balkans. C'est ainsi qu'elle a déjà approché onze pays membres de l'UE et cinq pays des Balkans (Papageorgiou) avec lesquels elle collabore et qu'elle finance. Ces pays sont la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie, la Pologne, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie, l'Albanie, l'Ancienne République Yougoslave de Macédoine, du Monténégro, la Tchéquie, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie. Et puis, la Chine a déjà acheté l'aéroport international de Tirana, la plus grande mine d'acier de Serbie, la plus grande mine de charbon de Roumanie et le port du Pirée en Grèce.
Conjointement à d’autres investissements majeurs dans les infrastructures déjà en cours ou prévus sur les trois continents, l'Asie, l'Afrique et l'Europe, la Chine érige son empire mondial. Elle développe également son influence dans le sud du Pacifique pour y reduire l'influence de la Chine nationaliste et, naturellement, pour y établir son empire mondial. Entre 2006 et 2016, la Chine a offert à cette région une aide de 1,78 milliards de dollars pour la construction d'infrastructures. Les habitants de la région sont disposés à la suivre car l'aide et les prêts qu'elle leur a accordés ne sont pas soumis aux conditions strictes de l'Occident. 
Ce plan chinois comporte deux parties : la première est terrestre (SREB) et l'autre maritime (MSR). Par ailleurs, il s'agit d'un plan très ambitieux, aux dimensions multiples telles que les transports, les taxes, l'énergie, le tourisme, la finance, les alliances politiques. Son coût est estimé à 26 milliards de dollars. De nombreux projets du plan sont déjà en cours de réalisation, d'autres sont encore à l'étude.
Parallèlement aux routes de la soie terrestre et maritime, Xi Jinping projette la « route polaire de la soie ». Bien qu'il n'en soit pas si près, l'expansionnisme de la Chine comprend l'Arctique dans son grand plan de la « nouvelle route de la soie ». Ainsi, celle-ci prévoit-elle de construire un port et de créer les infrastructures nécessaires pour permettre aux navires d'accoster, surtout maintenant que la banquise fond. La « Chine en tant que grande puissance polaire » sera complétée par la construction d'une ligne ferroviaire en face de la Finlande. Les sommes astronomiques exigées pour la réalisation de cet ambitieux projet, de même que les difficultés prévisibles ou non, justifient la crainte de voir apparaître des menaces sérieuses. Toutefois, le président Chinois se montre convaincu que les bénéfices à long terme pour son pays seront largement supérieurs au coût, quel qu'il soit. Et tout semble lui donner raison. La réalisation de ce plan devrait employer 100 000 Chinois.
 
B. Les principaux objectifs de la Chine dans le cadre de la « nouvelle route de la soie » 
Même si, pour le moment, le président Chinois perd de l'argent, il a pour objectif d'imposer cette nouvelle forme de mondialisation qui balaiera la précédente, celle du monde occidental qui, comme tout l'indique, est arrivée à son terme. La nouvelle mondialisation d'inspiration chinoise redéfinira l'ordre économique international, et entraînera dans le sillage de la Chine des pays et de grandes entreprises.     
Avec la renaissance de la « route de la soie », l'objectif central de cette entreprise colossale est la souveraineté mondiale de la Chine, qui présuppose son rattachement avec le reste du monde, et qui se concrétise avec la construction d'importantes infrastructions à des points névralgiques de la planète. Ce plan devrait  être mené à bien en 2049, et il n'est pas impossible qu'il soit lié à la demande de Xi Jinping de rester au pouvoir pour une durée illimitée, qui veut en suivre lui-même l'avancée et de le superviser. Le but est de stimuler les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique, l'Eurasie, l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie.
L'objectif central de la Chine comprend plusieurs parties, à savoir:
Un premier objectif stratégique qui, à travers la renaissance de la route de la soie, en tant que tel, insiste sur le maintien des frontières ouvertes et la protection de ses entreprises de manière à ce qu'elles se développent constamment sur de nouveaux marchés. Il semble que le régime sous lequel la Chine avancera vers la conquête de la souveraineté mondiale imposera une mondialisation originale. Celle-ci devrait lier le libre-échange et l'aide aux économies en développement, lesquelles conserveront toutefois leur souveraineté nationale (Holstag). Le président Chinois met en parallèle le plan « mondialisation 2.0 » et le plan Marshall, qui aida à la reconstruction de l'Europe après la Deuxième Guerre mondiale et lequel put imposer l' Amérique comme première puissance mondiale.   
Le deuxième objectif qui explique la grande décison de la Chine de faire revivre la route de la soie est son besoin de relancer le rythme ralenti de sa croissance qui, même s'il reste très rapide, crée une surproduction de certains produits de base. Cette surproduction ne peut être absorbée par son économie intérieure, créant des parties d'installations de production inutilisées. Comme il considère certain que la croissance continuera à ralentir, le gouvernement chinois a jugé que faire revivre la route de la soie était la solution, puisqu'elle permettrait de revaloriser ses régions les plus pauvres. Vu sous cet angle, la construction dans le monde entier, même avec pertes, d'infrastructures d'une envergure inconcevable, lie de manière ingénieuse le problème de la surabondance de production de produits chinois, tels que l'acier, l'aluminium, le ciment et les machines et la souveraineté mondiale de la Chine. Ajoutons le charbon, dont l'utilisation a été limitée en Chine dans le but de l'arrêter, mais pas la production. Celle-ci est écoulée au Kenya où, aux frais de la Chine, sont construits des centrales électriques pour répondre à la demande croissante en électricité du pays. La renaissance de la route de la soie assure ainsi la valorisation de produits qui ne peuvent plus être absorbés par la Chine dont le rythme de croissance ralentit.
Le troisième objectif de la Chine, visé lui aussi à travers la nouvelle route de la soie, est d'arriver à une meilleure coordination et à une collaboration et non à une compétitivité entre les entreprises chinoises pour servir les intérêts nationaux (Holstag). On peut facilement en déduire que la Chine, qui a officiellement annoncé sa volonté de rester une force silencieuse, est déjà engagée dans une compétition idéologique contre le slogan « L'Amérique d'abord » ​​de Donald Trump avec son propre slogan « La Chine d'abord ».
Le quatrième objectif de ce plan chinois colossal est de promouvoir l'exportation des produits industriels chinois. L'initiative chinoise « Une ceinture, une route » est en partie une tentative de développer de nouveaux marchés pour la Chine dans toute l'Eurasie, avec des infrastructures reliant l'Asie centrale et du sud avec l'Europe et l'Afrique. Vingt villes chinoises sont désormais reliées avec l'Europe par des lignes ferroviaires et la quantité de fret à destination de l'Europe a été multipliée par cinq depuis 2013, tandis que des liaisons sont renforcées, comme celle de Tchentu à Prague ou Wuhan à Lyon. La réalisation de cet objectif complexe suppose le maintien de la méthode à forte intensité de main-d'œuvre dans l'industrie chinoise. Et dans le même temps, l'installation d'entreprises chinoises d'assemblage à l'étranger a été renforcée. Ainsi, sans que cela soit claironné, la plus grande ambition de l'initiative « Une ceinture, une route » est de transformer l'Eurasie en une région économique et stratégique qui concurrencera − et finira par dépasser − la région euro-atlantique. Et il va sans dire que tout cela tournera autour de la Chine.
Le cinquième et dernier objectif de la nouvelle route de la soie est d'accroître sa part de marché dans les produits de haute technologie tels que l'électricité, les voies ferrées, les chantiers navals, l'aviation, les énergies renouvelables, les machines, la biotechnologie et les machines de pointe.
Pour résumer, les cinq principaux objectifs de la nouvelle route de la soie visent à promouvoir les produits chinois. Ces objectifs sont atteints au moyen d'abord d'une aide de l'État aux grandes entreprises chinoises octroyée en priorité absolue et souvent au mépris des règlements internationaux. Ces entreprises appartiennent à l'État et priment en importance sur les petites entreprises et les entreprises privées. Le moyen le plus efficace auquel recourt l'État pour aider les grandes entreprises consiste en un financement confortable. Pour cela, l'État incite les ménages à déposer leurs économies dans les banques qui accordent des prêts aux entreprises à un taux très bas. En 2015, le transfert d'épargne des ménages aux entreprises a atteint 4,5 trillions de dollars. Autrement dit, c'est une politique fortement keynésienne qui est suivie en Chine, politique qui donnera de brillants résultats, contrairement aux politiques d'austérité choisies par l'Occident, et surtout dans l'UE dont les résultats sont particulièrement décevants. La Chine, en plus d’accorder des prêts nationaux pour faire progresser la croissance, effectue des investissements nombreux et multidimensionnels à l’étranger, en utilisant les devises provenant de son excédent commercial, grâce à ses exportations. Des estimations élèvent les réserves en devises  de la Chine à 6,3 trillions de dollars, les investissements directs étrangers à 1 trillion de dollars, les prêts commerciaux à 1 trillion de dollars (Holstag). Il est évident que cette politique monétaire expansive de la Chine comporte des risques, puisque sa dette augmente dangereusement. En 2008, la dette totale de la Chine s'élevait à 141 % de son PIB, et en 2017 elle avait atteint 256 %. Il est toutefois clair que la Chine donne, pour le moment, une priorité immédiate à la croissance, remettant à plus tard la question de la stabilisation.


Partie II. Le nouvel ordre économique international de la mondialisation chinoise

La nouvelle mondialisation ainsi progressivement imposée sur l'ensemble de la planète donne lieu à toute une série d'interrogations relatives à l'évolution de sujets nombreux et importants.
Bien que toute prévision soit par nature incertaine et sujette à des changements imprévisibles, je vais m'efforce, dans cette deuxième partie, d'anticiper autant que possible les tendances et évolutions dans deux domaines représentatifs: celui de l'économie internationale et celui du régime établi.

A. L'économie mondiale de demain

Malgré les réactions de l'Occident, la souveraineté mondiale de la Chine semble inéluctable et déterminée (Negreponti-Delivanis). Et cela parce que l'Occident s'est dangereusement affaibli et que son profond déclin est visible de toutes parts, parce que le temps qui lui était imparti est arrivé à son terme, et enfin, le plus important, parce qu'au sommet du monde, c'est toujours le plus fort qui règne. Et le plus fort, c'est la Chine, qui est déjà inégalée dans le secteur de l'intelligence artificielle, et continuera de l'être en raison de la quantité énorme des applications dont elle dispose et qui sont à la base du succès et de l'essor de ce secteur.
La Chine, il y a une trentaine d'années était une économie pauvre et marginalisée, tandis qu' aujourd'hui, elle est déjà sur le point d'arriver au sommet de la pyramide mondiale. Ce miracle économique a pu se faire par un travail acharné, en s'ouvrant au capitalisme, par une planification intelligente et par des investissements à long terme en infrastructures.
La politique des frontières ouvertes, comme cela a été analysé précédemment, est en recul. La nouvelle forme de mondialisation, la chinoise, n'inclut pas une ouverture claire des frontières mais plutôt une « ouverture des frontières bien gérée ». La Chine centre directement ses efforts sur la construction de son propre empire auquel les économies des pays-partenaires seront attachées et d'une certaine manière dépendantes d'elle sans être en concurrence. Elle centre ses efforts sur la réglementation des termes du commerce et sur l'instauration d'une hiérarchie harmonieuse dans ses relations avec les autres pays. L'intention de la Chine est de réorganiser l'Asie sur la base d'un système de collaboration politique et économique, qui s'appuirait sur le développement local et qui se ferait à l'aide d'investissements chinois.
En introduisant ce nouveau système de collaboration, la Chine se différencie du système américain, qu'elle considère illégal (Mottet et Lasserre). L'ouverture de la Chine au libre-échange se fait en même temps qu'une forte protection de ses entreprises (Mottet et Lasserre).  Dans ces conditions, il est clair qu'on ne peut parler de mise en place, par la Chine, d'un régime de libre concurrence. On observe par contre qu'elle suit les incitations de F. List concernant le besoin de protection de ses nouvelles entreprises contre la libre concurrence, et qu'elle cherche partout à combiner des systèmes différents et belligérants.
Il est vrai que les intentions de la Chine concernant le commerce extérieur et ses relations avec les autres pays ne sont pas claires, qu'elles inquiètent l'Occident, surtout depuis que Xi Jinping a obtenu triomphalement son investiture à vie, votée par près de 3000 représenants du peuple. L'Occident craint les répercussions que peuvent avoir les investissements massifs prévus par la Chine, surtout dans les Balkans, et cet objectif ambitieux qu'est le plan « Fabriqué en Chine 2025 » pour la promotion des produits chinois et les nouvelles technologies. Ces craintes sont également exacerbées par le fait que les entreprises chinoises reçoivent d'importantes subventions de la part de l'État, où et quand cela est nécessaire, ce qui les privilégie face aux entreprises et produits occidentaux.

a) Les craintes des États-Unis orientent l'économie mondiale vers le protectionnisme
Les États-Unis, qui donnent le signal du changement au niveau mondial, ont opté pour le régime protectionniste dans le domaine du commerce international. Ces mesures protectionnistes, les tarifs douaniers surtout mais pas seulement, sont essentiellement dirigées contre ces économies-là dont les échanges finissent par créer un déficit de la balance commerciale de l'Amérique. Ensuite, l'Amérique toujours soucieuse de réduire le déficit de sa balance commerciale, s'est retirée de l'Accord de partenariat transpacifique (Trans-Pacific Partnership) dont faisaient également partie l'Australie, le Bruneï, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam. Le président Américain semble embrasser la doctrine mercantiliste selon laquelle les échanges commerciaux ne sont bénéfiques que lorsqu'ils aboutissent à un excédent commercial. Au-delà des doutes justifiés sur le fait que, dans le cas de l'Amérique, le protectionnisme est préférable au fait de tolérer un déficit de la balance commerciale avec certains pays, ce qui est certain, c'est qu'avec ces décisions, elle laisse un vide que la Chine émergente, en tant que première puissance mondiale, s'empresse de combler. Ainsi, l'idée selon laquelle les choix de l'Amérique, au lieu d'empêcher ou de ralentir le triomphe mondial de la Chine l'accélère, semble-t-elle se justifier (Xuetong). On peut raisonnablement s'attendre à ce que tous les pays membres de l'Accord de Partenariat transpacifique (TPP), mécontents à juste titre d'avoir été abandonnés par l'Amérique, se feront un plaisir de s'approcher de la Chine et de s'associer à son ambitieux projet de domination du monde. Bien entendu, il y a quelques exceptions, comme l'Australie qui a refusé de signer le plan de la Chine, mais aussi l'Inde qui hésite, car certaines routes ouvertes par la Chine traversent des régions contestées du Cachemire, qui sont revendiquées par le Pakistan.
Quant aux États-Unis, hormis une guerre qui l'opposerait à l'autre superpuissance, la seule solution qui leur reste est de s'imaginer, aussi longtemps que possible, qu'ils dominent encore le monde. Pour l'heure, la colère de l'Amérique face à l'essor fulgurant de la Chine dans tous les domaines, y compris dans celui des nouvelles technologies, l'a récemment conduite à prendre de nouvelles mesures contre la Chine. Prétextant habituellement leur sécurité nationale, les États-Unis refusent de plus en plus souvent et d'une manière plus générale, d'autoriser l'achat d'entreprises américaines par la Chine. En imposant ces nouvelles restrictions, l'Amérique s'efforce de protéger par tous les moyens sa propre nouvelle technologie, la fameuse 5G qui prépare le terrain à la télécommunication sans fil des appareils ménagers, véhicules autonomes, éclairage urbain (Kang and Rappeport). Ainsi, le gouvernement américain suspecte-t-il fortement le fait que dans certains cas, l'achat d'entreprises par des investisseurs étrangers, et plus précisément Chinois, a pour but en fait l'accès aux nouvelles technologies. Et c'est justement cette tendance que l'Amérique cherche à stopper. Mais peut-être est-ce déjà trop tard. L'inquiétude ressentie par l'Amérique face au déferlement de la Chine sur la planète entière est également partagée par l'Union Européenne qui, avec raison, se sent elle aussi menacée. Des pays de l'UE et sources alliées, réagissant contre la Chine, soutiennent qu'elle « cherche à s'insinuer dans l'UE et à faire éclater sa cohésion». L'Union Européenne s'emploie à des contrôles pour savoir si les investissements de la Chine sur son sol sont viables et si les règles européennes sont respectées concernant l'obligation d'appel d'offre.
Et, alors que l'Union Européenne se soucie de détails bureaucratiques, la Chine a déjà investi en Europe, depuis 2012, 15 milliards de dollars et pour les prochaines années, elle projette des investissements supplémentaires d'une hauteur de 10 milliards de dollars. Pour 2016 notamment, année où les investissements publics en Europe avaient atteint leur plus bas niveau depuis vingt ans, les investissements de la Chine se sont élevés à 35 milliards d'euros, affichant une forte hausse de 77 % par rapport à 2015 (Charlemagne).
Il est certain que la mondialisation chinoise ne permettra pas le rétablissement des frontières fermées, car cela nuirait à ses intérêts. Par contre, il est plus probable qu'elle opte pour des « frontières ouvertes » dans la mesure et selon les modalités allant dans l'intérêt de la Chine.
De son côté, l'Occident s'efforce par tous les moyens de renverser la certitude que, sauf imprévu, la Chine deviendra le régulateur des termes du commerce international.

b) Les répercussions de la mondialisation chinoise sur les échanges commerciaux européens
L'irruption de la Chine, par le biais de la route de la soie, devrait avoir des répercussions négatives au niveau de ses échanges commerciaux avec l'Occident. La longue crise de l'UE a eu pour effet la stagnation de son commerce avec les économies de la région de la nouvelle route de la soie. Et, alors qu'avant la crise les importations de produits et services européens dans des pays appartenant à la cohorte de la nouvelle route de la soie augmentaient de 19 % par an, elles n'ont augmenté que de 2 % après la crise en 2008 jusqu'en 2014. Les exportations européennes vers des pays de la nouvelle route de la soie, pour la période 2008-2014, affichent une baisse de l'ordre de 25 milliards de dollars (par rapport à la période 2000-2008), tandis que les exportations de la Chine ont augmenté de 250 milliards de dollars dans la même période. Par voie de conséquence, cette évolution des choses peu réjouissante pour l'Europe a également réduit sa part de marché de 38 à 30 %, tandis que celle de la Chine est passée de 9 à 16 %. L'évolution est encore plus dramatique pour l'Europe concernant sa part de marché des produits de haute technologie qui baisse de 62 à 30 %, alors que celle de la Chine affiche une augmentation de 15 à 26 %. Bien que la variation du commerce de services soit difficile à suivre, tout indique que celle-ci est aussi  défavorable à l'Europe que pour  ses produits (Charlemagne).

c) Quel avenir pour l'Allemagne dans le nouvel environnement économique international?
Le changement de l'environnement économique international donne lieu à un grand point d'interrogation concernant l'avenir de l'Allemagne, sa place de leader dans l'UE et la zone euro, mais aussi la concrétisation des projets d'expansion qui la caractérisent. Dans les prévisons pour 2050, l'Allemagne figure toujours parmi les 20 économies les plus importantes au monde, bien qu'en léger recul par rapport à 2016 (au 4e rang en 2016 et au 5e en 2050). Il est très possible qu'elle ne veuille plus être à la tête d'une Europe manifestement sur le déclin, qui présente des problèmes insolubles, qui est menacée de dissolution et dont elle seule sortira très certainement gagnante. En revanche, il est plus probable qu'elle noue des relations étroites avec les puissants d'alors, la Chine et la Russie. Il convient à ce propos de prendre en compte le fait que la Chine, en déployant son grand projet de « nouvelle route de la soie », a grandement besoin de l'Allemagne et plus particulièrement de ses ports, pour transporter économiquement ses produits en Europe. Quant à la Russie, son marché est la destination la plus importante des produits exportés d'Allemagne, tandis que celle-ci importe de Russie la part la plus importante de son pétrole et de son gaz.

d) Un monde multipolaire
On peut prevoir que pendant longtemps encore  le monde sera multipolaire, avec la puissance grandissante de la Chine, jusqu'à ce  qu'il redeviendra unipolaire, avec la Chine en tant que maître de la planète.
Entretemps, l'influence internationale de l'Amérique continuera de perdre du terrain, non seulement à cause d'évolutions inéluctables du déclin de l'Occident, mais aussi à cause de ses propres choix. Ses choix, qui réduisent sa portée mondiale, découlent de la conviction de Donald Trump qu'il faut mettre un terme à l'exploitation et à la tromperie que l'Amérique a subies durant des dizaines d'années (Leaders-Defending). Selon lui, le coût du maintien de l'ordre international pour les États-Unis est supérieur au bénéfice (Nye).
Pour finir le paragraphe A de la Partie II, on peut conclure que la mondialisation chinoise continuera de coexister pour encore quelque temps avec les anciennes formes de cosmothéories, mais qu'elle augmentera de plus en plus sa primauté sur elles. À partir du moment où sa souveraineté mondiale sera irréfutable, c'est sa mondialisation et aucune autre qui sera reconnue en tant qu'ordre économique international. 
 
B. Dans le domaine du régime établi
 
Le régime devrait subir, au niveau international mais aussi national, des changements considérables:
• Avec la prédominance et la multiplication des partis politiques et des gouvernements populistes partout dans le monde. Pour le moment, il semble que numériquement ce soient les partis orientés à droite qui dominent. Les différences entre eux n'altèrent pas le fait que leurs choix convergent sur les questions de base.    
• Sans que l'on puisse en être certain, tout indique que l'intérêt pour le nationalisme se maintiendra et s'intensifiera, et que d'autres pays s'approprieront, comme base de leur politique extérieure, le contenu de « L'Amérique d'abord ». Et puis, selon des prévisions raisonnables, il faut également s'attendre à un recul assez sensible de l'importance du mouvement international pour l'installation d'une gouvernance mondiale, étant donné que l'État-nation revient et se renforce, après avoir été dévalorisé durant la domination de la mondialisation.
La mondialisation, avec la suppression des frontières nationales et le désintérêt pour les symboles nationaux que sont la religion, l'histoire et les traditions, associés à l'arrivée massive de migrants en Occident, a fait naître la colère chez la multitude de victimes de la mondialisation. Le désir de retourner aux racines et à l'identité nationale dont la majoritité croit qu'elle leur permettra de reconquérir leur place dans la société, est à l'origine de la montée du populisme. La réaction face aux attaques contre l'identité et la dignité des pays économiquement avancés s'amplifie et apparaît de diverses manières. De plus en plus de groupes sociaux affirment avoir été exploités dans le passé à cause de la religion, de la nation, de leur sexe et en général, affirment ne pas avoir eu la reconnaissance qui leur était due (Fukuyama). Ils réclament un traitement égal. « L'identité est une idée morale forte, fondée sur une qualité humaine mondiale, qui ne peut être supprimée » (Taylor).
Les partis politiques populistes, aussi bien de droite que de gauche, promettent de rendre à leurs partisans toujours plus nombreux ce que les partis (traditionnels) précédemment au pouvoir leur avaient pris.
Le capitalisme survivra fort propablement mais avec une altération du contenu de la démocratie libérale, laquelle aura tendance à adopter des caractéristiques de démocratie non libre et éventuellement des comportements autoritaires. Comme cela est déjà avéré, la démocratie libérale n'est un mode de gouvernance unique et éternel pour l'univers. Ces changements importants sont dus, dans une large mesure, à l'essor très rapide de la Chine qui a su éviter le piège du salaire intermédiaire, est doté d'un gouvernement que l'on peut caractériser de démocratie illibérale, et ce schéma s'étend rapidement au reste du monde et, récemment, à l'Europe aussi. Il s'agit du capitalisme etatique chinois, qui combine démocratie et restriction des droits individuels (Posen).
Le capitalisme de la Chine apparaît beaucoup plus multiple que l'occidental dominé par l'argent, et recherche, au contraire, toute une série d'autres interdépendances, telles qu'alliances politiques, échanges commerciaux mutuels, investissements à long terme, etc. Quant à savoir si ce système original de gouvernance de la Chine est bon ou mauvais pour l'Humanité, cela apparaîtra dans quelques années. Or, le nombre de pays qui l'imitent ne cesse déjà  d'augmenter.


Conclusion

Déjà, tout est en train de changer depuis l'intrusion de la Chine dans la forteresse de la culture occidentale et la fin de la mondialisation traditionnelle.
Le capitalisme de l'avenir, qui sera chinois, sera très probablement un capitalisme d'État. Et si tel est le choix de la Chine, une fois qu'elle sera devenue la première puissance mondiale, le libéralisme économique et la démocratie, résidus de l'Occident dont elle n'a jamais fait partie, reculeront.
Les chances d'enrayer la mondialisation chinoise au moyen d'une guerre économique qui devrait ralentir le rythme de croissance de la Chine d'à peine 1 %, sont très minces. Et la question est de savoir si « la vie sur la Terre, dominée par la Chine, sera meilleure ou pire qu'avant ». Il va de soi que la réponse à cette question n'a de sens que si un conflit armé entre les deux superpuissances, la Chine et les États-Unis, avec utilisation de l'arme nucléaire et décimation de la population mondiale, peut être évité.
Si le monde parvient finalement à échapper à la terrible menace d'une troisième guerre mondiale, il est plus probable que, avec la domination de la Chine, la vie économique, sociale et politique fonctionnera dans un environnement combinatoire, sans choix absolus. La libéralisation des échanges comprendra aussi des mesures protectionnistes lorsque cela sera jugé opportun. Le capitalisme sera lié avec une intervention étatique et la démocratie embrassera, le cas échéant, des mesures autoritaires et de restriction des droits humains. Dans le domaine de l'Etat providence, on peut espérer que, avec l'accroissement de la richesse, les mesures de protection des plus démunis socialement se généraliseront. Dans le domaine international, on espère que les droits souverains des États seront respectés et qu'il ne leur sera pas imposé des régimes, même s'il s'agit d'un régime démocratique, même s'il est consideré comme le meilleur de tous.
À plus long terme, on a raison de s'inquiéter de la manière dont les gouvernements géreront le développement de l'intelligence artificielle et la prolifération de robots capables de remplacer le travail humain, même dans les secteurs les plus sensibles et les plus exigeants, et même de signer son arrêt de mort. Le risque pour le monde de se retrouver dans l'impasse est réel, si on ne cherche pas de solution au problème énorme qui sera ainsi créé, pour une répartition plus juste des résultats des connaissances humaines et, s'il persiste à concentrer les fruits du progrès dans les mains de quelques-uns. 
 
* Pour une analyse plus détaillée du sujet, "La fin de la domination occidentale", de Maria Negreponti-Delivanis (sous presse).
 
 
 
 
 
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