Seminaire (orale) 9-10/11.2017 La robotique et ses conséquences anticipées sur l'emploi
Seminaire (orale) 9-10/11.2017, Paris
La robotique et ses
conséquences anticipées sur l'emploi
par Maria Negreponti-Delivanis
Introduction
L'invasion des robots et de l'intelligence technologique devrait changer radicalement notre vie quotidienne.
La question angoissante qui se pose raisonnablement ici est de savoir si ces changements transversaux nous emmènent vers le meilleur ou vers le pire. Une réponse simple et rapide serait d'affirmer qu'ils vont apporter le meilleur.
Il est toutefois clair que cette réponse envisage les robots comme des collaborateurs de l'Homme, et non comme son substitut. Le danger, cependant, visible et peut-être déjà présent, est qu'une grande partie des activités des nouvelles technologies, qui de surcroît augmenteront avec le temps, ne feront pas que coopérer avec les hommes mais elles les remplaceront et les menaceront. C'est en cela que les projections optimistes ne semblent malheureusement pas correspondre à la réalité. Au contraire même, ce qui est déjà en train de se passer, mais aussi ce qui est prévu avec certitude dans ce domaine, donne raison aux pessimistes. La principale menace de l'automatisation, pour les sociétés humaines, est l'apparition d'un chômage technologique incontrôlé, accompagné d'une aggravation des inégalités déjà visible dans la répartition des revenus et des richesses.
Dans les deux paragraphes ci-dessous, je vais d'abord aborder les menaces de l'automatisation et de l'intelligence artificielle, qui semblent inévitables, tandis que dans le deuxième paragraphe je vais proposer la solution que je préconise depuis longtemps au problème du chômage, mais aussi au problème des profondes inégalités qui se sont malheureusement installées en tant que situation permanente dans l'économie mondiale, avant même que l'automatisation ait acquis sa dimension menaçante actuelle. À la fin, les conclusions générales seront énoncées.
I. Le contenu et l'impact des nouvelles technologies
A. Les principales difficultés théoriques des nouvelles technologies
Du stade post-industriel a surgi un stade de développement plus récent, celui de la robotique.
a) Il y a un problème important et non résolu à
l'heure actuelle qui est l'impossibilité de mesurer la productivité des deux
facteurs de base de production, le travail et le capital. C' est à cause de l'apparition
d'un nouveau facteur de production qui est l'automatisation, qui incarne la
toute dernière forme de l’innovation. Ses gains ne sont plus censés favoriser
les deux facteurs de production traditionnels, qui sont le capital dans sa
forme classique et le travail. Par contre,
un groupe restreint, avec des idées nouvelles, qui apporte des innovations et
crée de nouveaux produits, de nouveaux services et de nouveaux modèles
commerciaux, fait valoir ces gains importants et s'impose comme bénéficiaire. Le
mode de répartition des revenus qui se dessine est celui du célèbre diagramme
de Pareto, où un petit nombre de joueurs gagnent une part disproportionnée des
bénéfices. Ce nouveau facteur, ce sont les idées novatrices, plus rares que la
main-d'œuvre et le capital traditionnel, c'est-à-dire les deux facteurs de
production traditionnels, auxquels il se substitue progressivement, justifiant
ainsi sa part élevée dans la productivité globale. Toutefois, les idées novatrices peuvent finalement être
perçues comme une forme de capital spécifique dont la rémunération accrue ne
cessera de réduire la part du travail dans le PIB.
b) Mais des difficultés
surgissent cependant, non seulement dans le calcul de la productivité des deux
facteurs de base traditionnels de production, mais aussi dans l'évaluation de
la productivité globale dans ce nouveau stade de l'évolution, car elle semble
inexistante et encourage donc des arguments concernant l'entrée des économies
avancées dans une phase de stagnation séculaire.
Il y a quelques années, on parlait d'une
société des 2/3, et une réaction saine était qu'il fallait éviter cela par tous
les moyens. Or, il y a fort à craindre
que la société attendue sera celle du 1/10. Autrement dit, un enfer pour la
plupart.
La difficulté de mesurer la productivité globale résultant de cette nouvelle forme de progrès technique est due au fait qu'il s'agit de données qualitatives et non quantitatives. Selon Robert Gordon, les innovations du stade de développement actuel ne peuvent pas être comparées aux et ne peut par conséquent se répéter. Au contraire des résultats spectaculaires de la période 1870-1970, qui ont apporté une véritable révolution dans le mode de fonctionnement de l'économie mondiale, les progrès techniques actuels ont entraîné une baisse de la productivité horaire moyenne du travail aux États-Unis de 1,33% depuis 1970. Le pessimisme de Robert Gordon sur l'avenir de l'économie est également partagé par Robert Solow dont la déclaration est restée comme le paradoxe de Solow: «on voit des ordinateurs partout, sauf dans les indicateurs de productivité».
B.Quelles sont les conséquences des nouvelles technologies sur l'emploi?
Il y a les optimistes et les pessimistes
concernant l'impact des nouvelles technologies sur l'emploi et la répartition
des revenus et des richesses. Les deux catégories ont toutefois des points
d'accord:
– premièrement, le régime du plein-emploi
appartient définitivement au passé, car le processus de production moderne
exige une plus faible quantité des deux facteurs pour produire une unité de
produit, et
– deuxièmement, la mondialisation a déjà créé
une situation où il y a très peu de gagnants et une infinité de perdants.
.
a)
Quelle est, donc, la version optimiste
Les scientifiques, qui
appartiennent à la catégorie des optimistes soutiennent que les problèmes
majeurs pour les travailleurs ne vont pas apparaître immédiatement, dans les
dix prochaines années, mais beaucoup plus tard, et entre temps il serait
possible de prendre des mesures appropriées pour éviter le pire. Cet optimisme
relatif a été exprimé dans une étude réalisée au début de 2017 par l'Institut
McKinsey et réside sur ce que l'avenir de l'emploi ne sera pas jugé seulement en fonction de ce qui
est technologiquement possible, mais aussi en fonction d'autres facteurs. Par
exemple, la suppression d'emploi de 1,7 millions de camionneurs nécessitera un investissement d'un billion de
dollars. L'Institut McKinsey conclut que ces projections très pessimistes ne
tiennent pas compte de nombreux facteurs et que, selon les auteurs de cette
étude, il est probable que seulement en 2055 l 'emploi aura baissé de 50%. Une étude
encore plus optimiste sur le sujet a été réalisée par l'OCDE en 2016 et prévoit
que pour ses 21 États membres, le risque de l'automatisation ne concerne que 9%
de l'emploi. Cet optimisme excessif semble être justifié par une évolution
similaire dans le passé qui n'a pas été vérifiée par les prédictions
pessimistes telles que celles de John Maynard Keynes, il y a 80 ans. Keynes
avait alors évoqué une «nouvelle épidémie», qu'il a nommée «sous-emploi
technologique» et qui, heureusement, ne s'est pas concrétisée.
Les optimistes, à propos
de l'impact des robots sur nos vies, en soulignent l'aspect pratique, à savoir
l'aide qu'ils nous apporteront, arguant que le robot succédera à notre
ordinateur personnel.
L'un des services très
importants des robots sont les voitures sans conducteur, qui devraient être à
la disposition des consommateurs en 2020. De nombreuses universités,
essentiellement aux États-Unis, élaborent des projets et la règlementation sur
la façon d'utiliser ces voitures autonomes, tandis qu'un rapport annuel de la Direction des Transports
de Singapour prévoit que ces voitures, partagées entre plusieurs utilisateurs,
feront baisser la circulation des voitures traditionnelles d'environ 80%,
réduisant considérablement aussi bien la durée du voyage que la pollution
atmosphérique. Pour l'heure, ces voitures autonomes ne peuvent pas encore faire
face à des situations difficiles et imprévues, mais elles devraient bientôt
être perfectionnées, ce qui permettrait aux voyageurs de lire tout au long du
trajet. Les robots devraient également offrir des services importants aux
ménagères, pour transporter leurs achats, par exemple.
b) Je passe à la version pessimiste, probablement plus
proche de la réalité
Avant d'examiner l'impact
attendu de l'automatisation sur l'emploi, il convient de rappeler que, déjà, le
plein-emploi concerne, dans les économies avancées, un pourcentage de plus en
plus faible de l'emploi total au profit du travail informel. Par ailleurs, le
sous-emploi, à l'échelle mondiale, se maintient en 2016 à 197,1 millions et
dépasse de 27 millions celui de 2007, avant la crise. Les prévisions sont, en
outre, extrêmement pessimistes, compte tenu du fait qu'en 2018, le chômage
augmentera de 3,4 millions. En outre, l'Organisation internationale du travail
prévoit qu'en 2017, pour la première fois, le sous-emploi dans le monde
atteindra les 200 millions.
Le chômage reste élevé en
Europe et très élevé dans un certain nombre d'économies du sud de l'Europe. Le
chômage aux États-Unis, bien que les mesures de politique monétaire y aient été
nettement moins déflationnistes et plus agressives qu'en Europe, la tendance
parallèle à la baisse de son PIB renforce l'idée qu'il s'agit d'un nouveau
stade d’évolution où la croissance est absente et pas d'une simple récession,
se trouvant dans la phase descendante du cycle économique.
L'impact néfaste de la
robotique sur l'emploi est considéré comme inévitable, même pour les optimistes,
qui se tournent simplement vers des évolutions ou des situations susceptibles
de limiter leur intensité. Une baisse de 47% est prévue pour les E.U.
Les effets négatifs
attendus des robots sur l'emploi doivent être étudiés, d'abord en tant que
substituts de l'emploi et ensuite en tant qu'appareils dotés d'une intelligence
artificielle. Et j'ajoute que le temps passe très vite, et qu'il apporte avec
lui des changements révolutionnaires.
aa) Les robots comme substituts du travail humain
Les robots sont déjà en
train de remplacer le travail humain dans les économies avancées, à un rythme
croissant. En 2013, quelque 1,2 million de robots étaient utilisés à l'échelle
mondiale. En 2014, ils étaient 1,5 million et leur nombre devrait approcher 1,9
million en 2017. Leurs capacités s'améliorent et ils se multiplient à grande
vitesse. À titre d'exemple, citons le cas d'un nouvel hôtel au Japon, le Henn na, où les clients sont reçus,
enregistrés par des robots et les saluent quand ils s’en vont. Les robots, dans
cet hôtel, sont même capables de conduire les clients à leur chambre, de parler
la langue du choix des clients, de régler la température ambiante. Dans leur
chambre, les clients de l'hôtel peuvent recevoir des instructions vocales pour
régler l'éclairage, donner des informations météorologiques ou l'heure. Autre
exemple, parce que la liste des possibilités de substitution du travail humain
est déjà longue et s'enrichit de jour en jour, une expérience d'Amazon pour
voir si les robots sont capables de sélectionner par eux-mêmes des objets dans
les rayons de l'entrepôt employant 50 000 personnes et de les placer à un autre
endroit. Lors de cette expérience, un robot est parvenu à effectuer 10 tâches
sur un total de 12. Cette entreprise, située à Berlin, a «engagé» 15 000
robots, et d'autres sont déjà prévus. Selon un rapport récent sur l'emploi dans
les banques, les emplois devraient baisser de 30%, durant la prochaine
décennie, en raison de l'utilisation des nouvelles technologies. L'économiste
Martin Ford prévoit que la totalité des emplois de la classe moyenne va
disparaître, que la mobilité économique va s'arrêter et que la ploutocratie se
réfugiera dans des communautés clôturées ou dans des villes spéciales qui
seront gardées par des robots militaires autonomes et des drones.
Catalyseur tout aussi
déterminant, les changements prévus dans le domaine plus large de l'éducation,
où la nouvelle technologie numérique remplace déjà de plus en plus
l'enseignement traditionnel par l'enseignement en ligne. Il augmentera en même
temps le chômage, cette fois dans le domaine de l'éducation, alors que l'on
estime que d'ici à une quinzaine d'années, 50% des universités américaines vont
faire faillite. Enfin, les traducteurs ne seront pas épargnés puisqu'ils seront
eux aussi remplacés par des robots.
Les quelques exemples
ci-dessus suffisent à convaincre que déjà les robots ont évincé du marché du
travail de nombreux travailleurs et annoncent vraisemblablement un avenir
cauchemardesque pour le travail humain, où malheureusement, l'optimisme n'aura
pas sa place. Un avenir où ce sera le chômage incontrôlé qui prévaudra, qui
n'épargnera aucun type d'emploi, même ceux qui exigent des connaissances, une
spécialisation ou une planification. Cela, car il s'avère non seulement que les
robots apprennent très vite auprès des Hommes, mais en plus, ils ont récemment
commencé à se transmettre mutuellement leurs connaissances.
Les effets négatifs de
l'expansion de la robotique sur l'emploi ne se limitent pas aux économies
avancées. Je dirais même au contraire que dans les économies émergentes, la
situation est beaucoup plus grave, car à cause des nouvelles technologies,
elles perdent les privilèges qu'elles avaient, en terme de main-d'œuvre bon
marché, et de relocalisation des entreprises chez elles. On estime que la Chine a ainsi perdu 30
millions d'emplois dans l'industrie depuis 1996, soit 25% du total, malgré
l'augmentation de 70% de ses produits industriels. La première menace donc, et
la plus sérieuse venant de la robotique pour les économies émergentes et en
développement, devrait être la disparition de ce privilège déterminant dont
elles jouissaient jusqu'à présent, celui de la main-d'œuvre bon marché qui
encourageait la délocalisation en leur faveur. Mais alors, si ce n'est plus la main-d'œuvre bon marché qui mène à la
croissance économique, qu'est-ce que c'est? L'avenir semble être en faveur des robots et au détriment du
travail, et cette tendance s'amplifiera avec le temps, puisque la qualité et la
quantité de travail des robots s'améliorent constamment, contrairement au
travail humain, qui reste stationnaire Dans la mesure où l'avenir est
prévisible, on peut supposer qu'un groupe très restreint, une oligarchie
d'innovateurs n'aura aucun besoin à partager ses bénéfices avec d'autres bénéficiaires,
à savoir les travailleurs non qualifiés et le capital traditionnel, qui
pourtant auront du mal à survivre, avec un revenu inférieur à la moyenne, alors
que les créateurs d'idées nouvelles seront presque les seuls à être rémunérés.
Dans cette phase de l'évolution capitaliste, le travail non qualifié est en
fait presque inutile, et l'utilité du capital traditionnel est également
dévalorisée.
Les grandes entreprises
recherchent du personnel spécialisé en intelligence artificielle qui peut être
aussi bien des scientifiques diplômés avec doctorat, que des techniciens juste
expérimentés dans ce domaine. Leur salaire est astronomique et varie de 300 000
à 500 000 dollars par an.
Du côté de l'étude de
l'Institut McKinsey, on s'attend à un renversement de la société, en raison de
l'utilisation de l'intelligence artificielle, «10 fois plus rapide et 300 fois
plus élevée, soit avec un impact environ 3000 fois plus profond» que celui de
la révolution industrielle.
bb)A présent jetons un coup d'œil à l'intelligence
artificielle et ses terribles menaces
La menace que représente
la capacité croissante des robots qui vont se substituer à tous les emplois
humains semble pâle, comparée à ce que l'intelligence artificielle risque
d'apporter. Des dangers inconcevables, qui ne peuvent être prédits, mais qui
peuvent être évités.
Jusqu'à récemment, les
robots ne pouvaient reproduire que des mouvements relativement simples
programmés à l'avance, que des Humains leur avaient appris, ou encore saisir et
déplacer des objets qu'ils avaient vus au préalable. Déjà, ils fonctionnent
maintenant dans des domaines beaucoup plus larges, ont fait beaucoup de progrès
dans l'imitation de la voix, et le plus important, qui représente un danger
futur imprévisible, est qu'ils ont acquis la capacité d'apprendre les uns des
autres. En 2016, le directeur du Renseignement National, James R. Clapper, dans
son rapport annuel sur la sécurité, tire la sonnette d'alarme à propos de
l'intelligence artificielle. Les dangers d'une expansion des logiciels malveillants
sont bien connus, lesquels sont de plus en plus populaires sur Internet, et
connus sous le nom de Blackshades. En outre, certains spécialistes de la
sécurité informatique soutiennent que les cybercriminels utilisent
l'intelligence artificielle illégalement depuis dix ans
Les robots commencent à être une menace, leur
apprentissage progresse de façon géométrique et il n'est pas exclu que leur
intelligence dépasse un jour celle de l'Homme. Un scénario hypothétique est
que la planète soit occupée par des robots superintelligents qui décideront
pour eux-mêmes, écartant les Hommes ou même les exterminant[1].
Des scientifiques tels que Stephen Hawking et Elon Musk proposent des
recherches pour éviter une telle évolution, pas si improbable que cela.
De même que
l'intelligence humaine conduit souvent à des actions incompréhensibles,
l'intelligence artificielle peut donc causer des situations inattendues,
inimaginables et menaçantes pour l'homme. Surtout et parce que, comme c'est
souvent déjà le cas, les actions des robots dépassent les limites de
l'enseignement humain. Mais cette dimension des robots signifie que l'homme
n'est pas capable, et dans l'avenir il le sera encore moins, de contrôler les
robots. Leur intelligence propre donne déjà des signes qu'elle est différente
et étrangère à l'Homme et donc, il y a un réel danger que la communication
entre les humains et les robots devienne un jour impossible. Et en supposant
que le type et l'étendue des connaissances des robots suivent des voies
incontrôlées, il y aura un point critique où leurs actions aussi seront
imprévisibles. De plus, en supposant que l'intelligence artificielle évolue
plus rapidement que celle des Hommes, le scénario de l'assujettissement du
genre humain par les robots peut, dans quelques années, ne plus appartenir à la
sphère de la science-fiction.
II. Des propositions pour lutter contre les
risques des nouvelles technologies
Trouver des moyens d'assurer à l'Humanité une
évolution positive et non négative grâce aux nouvelles technologies est une
question de vie ou de mort. Même si le problème est complexe et difficile,
n'oublions pas que nous vivons actuellement dans la société des Hommes, que
c'est nous qui décidons des événements, et que nous avons donc toujours le
pouvoir d'empêcher que notre planète se transforme en enfer.
Plus précisément, la solution au problème du
chômage pourrait être relativement simple si l'individualisme excessif,
l'accumulation illimitée des richesses par une élite restreinte et la
corruption effrénée à tous les niveaux ne régnaient pas ainsi à un point si
inacceptable. Je soutiens depuis des années que le chômage est, en fait, un
faux problème, et qu'il y a un réel problème de répartition des revenus[2].
En effet, le chômage est une conséquence de l'inégalité excessive dans la
répartition des revenus et des richesses, qui a concentré les revenus de 45% du
PIB mondial entre les mains d'une élite de 62 magnats.
Et pour continuer avec le chômage, je rappelle que l'on a complètement oublié le fait que dans le passé, on est parvenu à le combattre. En effet, le problème n'est pas nouveau, puisque, toutes proportions gardées, un problème similaire était apparu et avait été traité avec succès après la fin de la Première Guerre mondiale, lorsque les femmes étaient arrivées massivement sur le marché du travail. Le problème du chômage avait alors été traité de la seule façon rationnelle possible à l'époque moderne: en réduisant drastiquement le nombre d'heures de travail hebdomadaires légales d'environ 35%, alors, par rapport à l'avant-guerre.
Il est clair que les effets catalyseurs de ces changements dans le régime du travail à la fin du 20ème et au début du 21ème siècle exigent une intervention de l'État plus grande et non le contraire, de sorte que le chômage ne puisse plus être utilisé pour créer des disparités toujours plus grandes et contrer la transformation du marché du travail en une jungle de plus en plus sauvage.
Pour que le 21ème siècle ne devienne pas un enfer, il est nécessaire d'accepter et de comprendre sans plus tarder que l'amélioration du savoir humain est un héritage du passé et appartient à l'Humanité tout entière. C'est pourquoi on ne peut concevoir qu'il soit monopolisé par le capital ou par un petit groupe d'innovateurs, pour la seule raison que, dans le nouveau stade de développement que traverse l'Humanité, il n'y a pas de lois et de règles sur la répartition des revenus. Il est donc nécessaire de parvenir au plein-emploi en réduisant de façon drastique le temps de travail, comme ce fut le cas dans l'économie d'après-guerre. En effet, alors qu'en 1840 le travail hebdomadaire moyen était de l'ordre de 70-80 heures, après la Seconde Guerre mondiale et jusqu'à aujourd'hui il était limité à environ 40 heures, voire moins. Il y avait le plein-emploi avant et après la réduction des heures de travail, tandis que la réduction la plus importante du temps de travail de l'après-guerre n'a nullement empêché le progrès rapide des économies avancées, ce qui leur a permis de connaître Trente années Glorieuses.
Il est absolument
impératif qu'une décision courageuse similaire soit prise maintenant afin
d'éviter le pire déjà en gestation. Il faudrait que cette initiative soit prise
au niveau mondial, pour ne pas mettre en danger les éventuelles économies qui
en seraient à l'origine, en touchant leur compétitivité. Et la réduction du
temps de travail devrait aller jusqu'à ce que les parts du travail et du
capital dans le PIB se rétablissent, comme cela prévaut dans la fonction de
production Cobb-Douglas.
Conclusion
Bien sûr, essayer d'arrêter les nouvelles technologies n'est pas une solution aux problèmes des économies du 21ème siècle, puisque leur application est liée à de nombreux résultats positifs, synonymes de progrès. Mais, comme il y a des expériences de chômage de masse malheureuses, conséquences des innovations du passé, il faut absolument que des mesures drastiques et efficaces soient prises pour minimiser les effets néfastes des nouvelles technologies. Outre la nécessité évidente d'adapter les nouvelles technologies aux conditions spécifiques des différentes économies, et surtout dans les économies émergentes, il convient également de souligner la difficulté ou l'impossibilité d'utiliser les nouvelles technologies dans un contexte d'austérité ou, pire encore, dans un contexte de déflation. L'austérité adoptée dans l'UE, sans date d'échéance, ne se prête pas à l'adoption de nouvelles technologies.
Bien sûr, essayer d'arrêter les nouvelles technologies n'est pas une solution aux problèmes des économies du 21ème siècle, puisque leur application est liée à de nombreux résultats positifs, synonymes de progrès. Mais, comme il y a des expériences de chômage de masse malheureuses, conséquences des innovations du passé, il faut absolument que des mesures drastiques et efficaces soient prises pour minimiser les effets néfastes des nouvelles technologies. Outre la nécessité évidente d'adapter les nouvelles technologies aux conditions spécifiques des différentes économies, et surtout dans les économies émergentes, il convient également de souligner la difficulté ou l'impossibilité d'utiliser les nouvelles technologies dans un contexte d'austérité ou, pire encore, dans un contexte de déflation. L'austérité adoptée dans l'UE, sans date d'échéance, ne se prête pas à l'adoption de nouvelles technologies.
L'adoption de nouvelles
technologies, en outre, devra se faire de façon modérée. Prendre des mesures de protection de sorte que
l'économie puisse progressivement utiliser les nouvelles technologies et ne pas
se faire anéantir, serait la condition sine
qua non à la politique économique qu'il serait bon de suivre.
À ce stade difficile de
développement, l'intervention de l'État dans l'économie, dans le but de réduire
les inégalités causées par le progrès technique aurait un effet catalyseur.
Hormis la réduction drastique des heures de travail, qui est considérée comme
la mesure la plus importante pour éviter les effets néfastes des nouvelles
technologies, l'État devrait procéder à un investissement important afin
d'assurer une éducation de qualité pour tous, en lien avec les exigences des
nouvelles technologies. En outre, au lieu de restreindre l'État-providence
comme cela se fait depuis longtemps en Europe, l'État devra veiller à ce qu'il
y ait suffisamment d'hôpitaux offrant des soins gratuitement, limiter les
privatisations, notamment des entreprises de service public, et intensifier les
changements structurels, notamment dans le domaine de l'emploi, afin d'utiliser
mieux et plus efficacement la totalité de la main-d'œuvre.
La tolérance à l'égard du
taux de chômage élevé, dans les économies modernes, combinée avec le refus
effectif d'adopter la seule mesure susceptible de le combattre (à savoir la
limitation des heures de travail), est la preuve irréfutable que l'Humanité,
malgré les progrès révolutionnaires dans le secteur de la technologie, n'a
malheureusement pas amélioré sa condition face à l'éthique.
Seminaire (orale) 9-10/11.2017 La robotique et ses conséquences anticipées sur l'emploi
Reviewed by Μαρία Νεγρεπόντη - Δελιβάνη
on
Οκτωβρίου 31, 2017
Rating:
Δεν υπάρχουν σχόλια