LE ROLE NEFASTE DE L’UEM-EURO DANS LE SURENDETTEMENT DE L’EUROPE DU SUD (et la destruction de la Grèce) Par Maria Negreponti-Delivanis*
LE ROLE NEFASTE DE L’UEM-EURO DANS LE SURENDETTEMENT DE L’EUROPE DU SUD (et
la destruction de la Grèce)
Par
Maria Negreponti-Delivanis*
Dans cet article, je
vais essayer de faire le lien entre les conséquences dangereuses de la façon
dont est née et fonctionne la monnaie unique européenne et le surendettement de
l'Europe du sud, et comment y faire face. Pour interpréter cette dette, qui tout
au long de ces cinq dernières années semble être le problème numéro un de la
zone euro et dont le point culminant est celle de la Grèce, il a fallu recourir
à plusieurs versions. Au début, il a été soutenu avec force, mais aussi avec
une légèreté excessive, qu’il s’agissait soi-disant d’une crise exclusivement
grecque, due à des aspects pervers du caractère des Grecs. Mais ensuite, le
cercle s’est élargi pour englober l'ensemble de l'Europe du sud, les pays que
les plus avancés appellent avec courtoisie, PIIGS ‒ Portugal, Irlande, Italie,
Grèce et Espagne.
Je rendrai le plus clair possible, dans ce paragraphe, l'argument selon lequel la responsabilité des dettes et des déficits qui ont soudain été jugés trop importants par le Directoire de l'UE et la BCE ne pèsent pas uniquement ou principalement sur le côté grec. Par contre, il est clair que la Grèce s’est retrouvée dans le tourbillon causé par la grande crise économique de 2007 et surtout par l'incapacité de la communauté mondiale mais surtout européenne à éviter les mêmes erreurs presque identiques qui avaient prolongé la durée et la gravité de la première grande crise économique de 1929 : on s’était empressé de résorber ces déficits avant l’éloignement des symptômes de la crise, et avant que l’économie mondiale n’ait réellement récupéré. Le moment était en effet vraiment mal choisi pour gérer drastiquement les dettes et les déficits européens. En outre, la Grèce n’était pas préparée à résoudre un problème qui a éclaté pour la première fois au sein de l'UE, à l'occasion de sa propre crise, et surtout elle n’était pas préparée à être confrontée à l'un des plus gros vices qui pèsent sur l’édifice de l'euro, à savoir le fait que bien qu'il y ait une monnaie commune aux membres de la zone euro, chacun d'eux est responsable de la gestion de la dette et des déficits.
La crise grecque, en
particulier, qui a éclaté en 2009, ainsi que celle du reste du sud de l'Europe,
qui a suivi tout de suite après, doit en grande partie être considérée comme
une conséquence inévitable de choix européens concernant la politique macroéconomique.
Ceux-ci étaient fondés sur l'hypothèse naïve qu’il n'y aura que des beaux
jours, parce que la supposée autorégulation
de l’économie et des marchés est susceptible de prévenir la survenue de crises.
Mais il n’est pas question que de cela, puisque nous savons maintenant que le
problème de la dette et du déficit a ouvert la voie à l'asservissement des
économies du sud de l'Europe, et probablement pas seulement elles.
Asservissement durable, qui ne semble pas prendre fin dans les limites du FMI,
mais se prolonger indéfiniment avec la mutation de l'UE en États-Unis d'Allemagne.
C’est ainsi qu’en cours de route, il a été admis que le facteur le plus
décisif, peut-être, dans le surendettement de l'Europe du sud est que les
fondateurs de l'Europe unie ont totalement ignoré toutes les théories
antérieures qui soutenaient, et ont été historiquement vérifiées, combien
dangereuse est l'intégration économique de pays présentant de profondes
différences de niveau de développement entre eux, et il est donc impératif d'éviter
cela par tous les moyens. En effet, car dans une telle situation, deux
phénomènes fonctionnent ensemble[1]:
le premier approfondit les différences initiales de développement, tandis que
le second crée des pôles d’attraction qui séparent automatiquement les
économies en dominants et dominés.
Les pays les moins développés, qui coexistent avec les économies plus avancées,
dans une même union, subissent un blocage
de leurs structures de production (à travers la liberté du commerce
international) lesquelles cessent d'évoluer, et au lieu de cela servent les
intérêts de la plus avancée. C’est la principale raison pour laquelle les
économies moins développées sont entravées, dans ce cas, dans leurs efforts de
croissance. Et en effet, au sein de l'UE,
la promesse initiale de convergence entre les États membres n’a jamais été
tenue, et au contraire, c’est un écart que l’on observe. Là encore, les
économies les plus fortes s’enrichissent au détriment des plus faibles. Il est
absolument indubitable que c’est l'Allemagne qui a le plus bénéficié entre tous
les pays membres de l'UE de l’Union, affichant un énorme excédent commercial
qui, bien que constamment répété, n’est pas perçue comme un déséquilibre macroéconomique.
Et je mentionne, sur ce point, le point de vue de l'économiste Till Van Treek[2]
concernant les spéculateurs qui ont été attirés par la Grèce et l'Europe du
sud, non pas tant en raison des dettes et des déficits, mais en raison de leur
déficit commercial qui est le résultat du modèle de croissance allemand.
La Grèce était au contraire l'économie la plus faible de
l'Union au moment de son adhésion[3] et 30 ans plus tard, elle est toujours la
plus faible de la zone euro. Et pour éviter les commentaires faciles tels que
« c’est de sa faute », ou « c’est un peuple corrompu,
incompétent, paresseux, etc. », je me hâte d’avancer le cas de l'Irlande,
qui pendant des décennies a été présentée comme le miracle du néolibéralisme,
mais dont le sort s’est malheureusement avéré similaire à celui de la Grèce, en
une nuit à peine. La crise de la dette, en plus de la faiblesse de l’économie
qui s’est ouverte au libre-échange avant l’achèvement de son développement
(dans le sens de N. Kaldor[4]),
espérant atteindre un haut degré concurrentiel, a démontré encore le risque de
la désorientation complète de la production. En effet, la facilité avec
laquelle il est possible d’obtenir des biens nécessaires par le biais des
importations, qui en plus viennent de pays plus avancés, bloque la création de
nouveaux secteurs de production ou même la poursuite de ceux qui existent et
qui ne sont pas encore compétitifs.
La contribution de
l'UE et de la zone euro à l'endettement de la Grèce et de l'ensemble de
l'Europe du sud sera abordée dans une première partie, et la deuxième partie
sera consacrée à la contribution de la zone euro dans la gestion de la dette.
I. Les causes de la création de la dette excessive de la Grèce
Il y a 16 ans, les
dignitaires de l'UE ont décidé de créer une monnaie unique européenne, l'euro.
Sa création est un monument du néolibéralisme fanatique. Il est basé sur des
hypothèses non prouvées, il n'a pas de précédent historique et le naufrage du
sud de l'Europe est la preuve concrète de sa contribution négative au développement
des membres les moins avancés des économies de l'UE. En effet, l'Europe, cette
fois encore[5],
n’était pas prête à poser des bases solides à la monnaie unique, elle avait
hâte, en revanche, de la mettre en circulation, et c’est pour cela qu’a été inventé
le Pacte de Stabilité. Cette fabrication était une condition inviolable, en
fait la béquille de la monnaie
européenne unique. Pour le prix Nobel Paul Krugman, l'euro est « le péché
d'arrogance de l'Europe »[6].
Mais un autre Nobel, Amartya Sen, conclut que « la création de l'euro a
été une grave erreur »[7].
Dans le même ordre d’idées, Jacques Delors a déclaré : « L'Union
économique et monétaire a été victime du capitalisme financier et sa défaite a
été causée par l'irresponsabilité de nos dirigeants, qui voulaient faire une
union monétaire sans union économique »[8].
Théoriquement, selon l'économiste canadien Robert Mundell[9],
le fonctionnement d'une monnaie unique nécessite une forte concentration
commerciale, un haut degré de spécialisation productive, une grande mobilité
des facteurs de production, une grande flexibilité des prix et des salaires,
des mécanismes de transfert de moyens pour équilibrer les budgets entre les
régions ou les États, une synchronisation des fluctuations cycliques, et des
préférences communes, conditions qui n’existaient pas en Europe au moment de la
création de l'euro.
Ainsi, l'euro ne
peut pas fonctionner comme une monnaie européenne commune, s’il n’est pas
soutenu par le Pacte de Stabilité, dont les critères strictes de nivellement et
irréalistes sont un obstacle permanent au développement, en particulier pour
les pays les plus faibles économiquement de l'UE et de la zone euro. Le Pacte
de Stabilité impose un environnement monétariste brutal, dont la seule position
autorisée est celle de la stabilité monétaire, sur l'autel de laquelle sont
sacrifiés d'autres objectifs tels que celui de la croissance rapide, du
plein-emploi et de la répartition plus équitable des revenus. Avec forcément un
même costume taillé pour tous les
pays membres, sans prendre en compte leurs spécificités et leurs priorités,
l'UEM[10]
impose des termes inflexibles et largement irréalisables tels que l'inflation
qui ne doit pas dépasser 2 %, le déficit public qui doit rester inférieur à 3 %
du PIB et la dette publique qui ne oit pas dépasser 60 %. Et en ce qui concerne
le taux d'intérêt, il devra lui aussi être le même dans tous les États membres[11],
ce qui n'a jamais été possible. C’est avec l’éclatement de la crise grecque que
l’on a pris conscience de l’absurdité du schéma de l'UEM qui fournit une
monnaie unique aux États membres de la zone euro, mais pas de politique commune
pour lutter contre la dette et les déficits. Avec la crise grecque il est
devenu clair aussi que les économies dont les devises sont soutenues par des
gouvernements indépendants peuvent entretenir, à long terme, d'énormes déficits
et dettes, tels que le Japon et les États-Unis. En revanche, il en va tout
autrement pour les économies de la zone euro.
Ce socle branlant
sur lequel a été construit l’euro, sans base théorique et sans précédent, a
conduit au manquement complet à toutes les promesses de l'UE tels que la
convergence nord-sud, la croissance rapide de l'ensemble de ses États membres,
une répartition plus équitable des revenus mais aussi la cohésion sociale et la
solidarité. Ainsi, après la création de l'euro, révèle-t-on une divergence et
non une convergence entre le nord et le sud[12]
et il arrive souvent que l'UE fonctionne à deux vitesses[13].
La monnaie commune est également responsable de la grave détérioration des
économies de l'Europe du sud. Et plus que tout, l’évolution récente des choses
a montré que la crise grecque et la crise du sud-est de l’Europe sont, en fait,
une crise de l'UEM et de l'UE, et que cette crise se manifeste à travers ses
banques.
Un autre aspect très
important de cette catastrophe du sud était l’incapacité de la monnaie unique à
servir des niveaux de développement si différents. L'économie réelle n'a pas
suivi la convergence monétaire.
Maintenant, on peut
aisément faire valoir que la Grèce n’aurait jamais dû chercher à adopter l'euro
si tôt, en prenant un tel risque (comme cela a été prouvé par la suite), et
n’aurait jamais dû être autorisée à entrer dans la zone euro avec une parité
drachme-euro ravageuse si élevée. En dépit de l'enthousiasme infondé qui
prévalait à la veille de notre entrée dans la zone euro, j’avais exprimé par
écrit, cette fois-là encore, mes objections, et avais expliqué les raisons de
mon opposition[14].
En outre, le fait que l'unification monétaire non seulement ne comprenait pas,
mais était en plus indifférente à l'unification sociale était une erreur
mortelle, et qu’elle encouragerait au contraire la concurrence fiscale et
sociale au sein de l'UE, l’affaiblissant et préparant l'effondrement de l'État
social européen.
La création de
l'euro a, entre autres choses, provoqué la transformation de la convergence,
prévue par le traité de Maastricht, en une accélération du taux de croissance
de l'Europe du sud par rapport à celui de l'Europe du nord. Ces différences de
taux de croissance ont eu pour effet d'augmenter le déficit commercial du sud,
et l'excédent commercial du nord, mais surtout de l'Allemagne, qui s’est
consolidé et ne cesse d'être important, même avec la crise. C’est ainsi que la force vitale, l’espoir
d’une amélioration de la compétitivité et du potentiel de croissance de chacune
des économies européennes les moins développées leur ont été retirés et que
cela continue, et que toute augmentation de l'excédent commercial allemand se
retrouve dans la diminution de la compétitivité de l'Europe du sud. Dans le
même temps, les économies du sud en particulier ont commencé à créer des
déficits budgétaires qui dépassaient la limite autorisée par le Pacte de
Stabilité, mais le taux très bas auquel elles pouvaient emprunter auprès de la
BCE[15]
obscurcissait, pour longtemps, cette situation périlleuse, et les économies
déficitaires telles que la Grèce n’étaient pas du tout incitées à réduire leur
déficit. À noter qu’en 2009, au début de la crise de la dette, les importations
faites par la Grèce en provenance d'Allemagne s’élevaient à 6,1 milliards
d’euros, tandis que la valeur des exportations grecques vers l'Allemagne était
de seulement 1,7 milliard d’euros. La faillite de Lehman Brothers avait semé la
panique et les ministres des États membres de l'UE avaient voulu prendre des
mesures collectives au niveau européen afin d'éviter la même situation à
l'avenir. Mais la chancelière Allemande
avait alors rejeté cette proposition et fait valoir que « chaque pays doit
être responsable de ses banques »[16].
Cependant, au-delà
des choix de la politique européenne qui, comme nous l'avons déjà souligné, ont
gravement affaibli les économies les moins développées, le ballet de la réduction du fardeau fiscal a eu un impact là aussi
très négatif[17].
Cela a commencé aux États-Unis avec le président Bush et s’est étendu, en une
tendance générale, au monde entier.
Dans cet article, je
mettrai l’accent particulièrement sur des faits concernant le cas de la Grèce,
à partir desquels a commencé cette crise du surendettement de l'Europe du sud.
Tout d'abord, soulignons que la charge fiscale en Grèce, en pourcentage du PIB
était avant la crise de la dette ‒ mais ne l’est plus ‒ à la traîne par rapport
aux 26 autres économies de l'UE, contredisant lamentablement l’un des nombreux
mythes concernant les impôts prétendument trop excessifs[18].
En effet, la fiscalité directe ne représentait que 7,7 % du PIB en Grèce,
tandis que dans l'UE des 27, elle était de 13,1 %. Outre cette faible charge fiscale,
il y avait au niveau mondial une tendance générale à la réduction chronique[19].
En outre, au cours de la dernière décennie, et malgré l’ampleur énorme de
l’évasion fiscale, estimée à 30 milliards d’euros en 2010[20],
le taux d'imposition sur les hauts revenus a baissé de 45 % à 40 %. Encore plus
problématique est la baisse de la charge fiscale des entreprises entre les
années 1989 et 2000 : le coefficient de 46 en 1989 est tombé à 35 en 2000[21].
Bien que pour la
Grèce, il n’y ait pas d’éléments de preuve suffisamment fiables et continus et
que les riches ne paient pas d'impôts,
ceux-ci sont néanmoins indirectement garantis par une imposition excessive des
salariés et des retraités, et leur écrasante participation à l’ensemble des
recettes fiscales. Je tiens cependant à mentionner à titre indicatif deux
éléments et exemples flagrants de fraude fiscale au bénéfice de multinationales
en 2008 : selon un rapport publié dans le quotidien Eleftherotypia[22],
HELEX (Hellenic Exchange), propriétaire de la Bourse d'Athènes, avec des gains
de 105 millions d’euros, aura payé 13 millions d’euros d’impôts, soit... un
taux effectif de 12,4 % au lieu de 25 %, tandis que TITAN, avec des gains
113,29 millions d’euros, aura payé 7,3 millions d’euros d’impôts, soit un taux
réel de 6,47 %.
Il s’agit de toute
évidence d’un phénomène international et pas seulement grec, qui fait partie
des privilèges croissants des oligarques. Il est rapporté récemment qu'en
France, les rois du CAC 40 ont
réalisé 80 milliards d’euros de bénéfices, qu’ils n’investissent pas en France,
où ils ne paient pas d’impôts, profitant du principe
budgétaire à la mode, selon lequel « plus on est riche, moins on paie
d’impôts »[23].
En outre, les exonérations fiscales sur le capital, en dépit de la hausse des
déficits publics, ont augmenté de 47 % en cinq ans, de 2003 à 2005, passant de
53 à 73 milliards d’euros[24].
Revenons au cas de
la Grèce où les néolibéraux, tous ensemble et avec beaucoup d'autres mythes,
prétendent que l'économie a sombré dans la dette en raison des coûts élevés de
l'État-providence. Ce point de vue, non seulement ne correspond pas à la
réalité, mais est en plus démentie par une étude[25],
d’où il ressort la chose suivante, complètement à l'opposé de ce qui précède : « La Grèce a toujours dépensé moins que
les autres économies sociales-démocrates européennes. Le véritable problème
auquel sont confrontés les Grecs n’est pas de trouver un moyen de réduire les
dépenses, mais d’augmenter ses recettes ». Or, le mémorandum, à
travers ses objectifs, parvient exactement au contraire, à savoir qu’il réduit
davantage encore les recettes de l'État en raison de la récession qui
fonctionne comme un cercle vicieux. Ajoutons à cela que la hausse de la TVA
accentue les inégalités déjà grandes de la répartition des revenus, puisque son
pourcentage dans le revenu des bas salaires, qui habituellement empruntent pour
consommer, est plus élevé que l'équivalent des revenus plus élevés[26].
Un autre facteur qui a eu un impact significatif sur la création de la crise de
la dette grecque ‒ et pas seulement ‒ est le faible taux d'intérêt[27].
En effet, avec l'hypothèse infondée néolibérale que les risques sont réduits mais aussi qu’ils peuvent être rapidement
pressentis dans un marché qui s’autorégule, le taux d'intérêt a été
maintenu pendant longtemps à un niveau extrêmement bas, encourageant ainsi
l'emprunt en général, aussi bien par des États que par des privés. La liquidité
excessive a elle aussi contribué
à ces faibles niveaux de taux d'intérêt, résultat de l'augmentation des
inégalités de la répartition des revenus et des déséquilibres mondiaux, en
particulier de la balance commerciale[28].
Sur ce point, toutefois, il nous faut mentionner d'abord le faible taux
d'intérêt, qui était à peu près le même pour tous les pays de la zone euro et dont
le niveau était défini par la BCE, et d'autre part le niveau de l'inflation,
qui était différent dans chacun des pays membres et qu'il était impossible
d'unifier à l'aide de mesures de l'UE. Ainsi, le fait que la Grèce ‒ et les
autres économies de l'Europe du sud ‒ aient eu un niveau d'inflation plus élevé
que la moyenne équivalente des économies de l'Europe du nord, pendant la
période 1997-2009, a
contribué de manière décisive à leur surendettement, étant donné qu’une
certaine forme de prêts finissaient même par avoir un taux d'intérêt négatif.
En effet, alors que le niveau moyen des prix en Grèce, avec un indice base =
100 en 1997 a
grimpé à 146,4 en 2009, le chiffre correspondant pour l'Allemagne était de
seulement 119,2[29].
En Grèce, notamment, en ce qui concerne l'endettement du secteur privé ‒
certainement beaucoup plus faible que dans beaucoup d'autres économies ‒ on
pourrait parler de pressions constantes et diversifiées des banques afin de le
convaincre de contracter un prêt. Il va
évidemment de soi que cet endettement d’économies moins développées, dont la
compétitivité baissait constamment, était très favorable aux pays européens
avancés, car ainsi ils augmentaient leurs exportations, étant donné que les
économies de l'UE les moins développées n’avaient la possibilité de réduire
leurs déficits commerciaux par le biais d'une augmentation de leur taux.
Par conséquent, le surendettement de l’Europe et plus que
toute autre de la Grèce, n’est pas du tout accidentel, et surtout il n’est pas
dû à ces « bons à rien » de Grecs. Au contraire, il est le résultat
de la mise en application de l'idéologie néolibérale, visant au désengagement
de l'État et à l'application des règles communautaires qui favorisent les
économies avancées, tout en fonctionnant verticalement au détriment des plus
faibles. On a malheureusement oublié, en particulier au sein de l'UE, que ce ne
sont pas seulement les déficits commerciaux qui créent des déséquilibres, mais
que ce sont aussi les excédents commerciaux. Je rappelle que Keynes[30]
soutenait la nécessité d'imposer une taxe sur les balances commerciales
excédentaires, de sorte que le poids de l'équilibre ne doit pas être laissé aux
seuls pays les moins avancés, dont le seul instrument à leur disposition, en
tant que pays de l'UE, est la baisse des salaires réels.
Bien que, depuis les années 1980, les tentacules du
néolibéralisme se soient étendus à travers le monde, l'Europe a été plus
infectée que les Etats-Unis. Voici ce qu’en dit James Galbraith[31]:
« Toute la conception de l’UE s’est construite autour de non-sens
économiques néoclassiques… et c’est pourquoi l'UE est économiquement plus
libérale que les États-Unis ».
Un rôle important
dans le déclenchement de la crise en Europe du sud a eu la décision des
gouvernements nationaux de soutenir les banques, qui étaient menacées
d'effondrement. Ce soutien ou ce sauvetage, dans de nombreux pays, a nécessité
des sommes énormes et a provoqué la colère des contribuables, à juste titre,
car, alors que les salaires sont réduits, entraînant une baisse dangereuse de
la part du travail dans le PIB, les banquiers, qui ont une responsabilité
déterminante dans le déclenchement de la crise de 2007, sont récompensés par
des profits juteux. On estime que pour le sauvetage des banques dans le monde,
c’est un montant énorme de 11,4 trillions de dollars qui a été mis à leur
disposition, ce qui correspond à 1 676 dollars pour chaque habitant de la Terre[32]
‒jusqu’en 2010. Et le résultat est qu'en
raison de ce généreux soutien de l'État aux banques, tous les gouvernements
sont à la merci des marchés parce qu'ils n'ont plus les moyens de faire face
aux déficits publics et aux dettes. C’est le système bancaire grec qui est
le plus dépendant des fonds de l'UE auprès de la BCE, après celui de l'Irlande.
Soutenir les banques est absolument inévitable, mais ce soutien devrait être
combiné à des conditions précises, telles que faciliter l'octroi de prêts,
rendre possible une intervention substantielle des gouvernements dans les
décisions et les actions, et nationaliser une partie d'entre elles, comme cela
a été fait en Irlande.
II. L’euro et le traitement inefficace de l’importante dette publique de la Grèce
Il y a une multitude
d'indications traumatiques concernant la crise du surendettement de la Grèce et
de l'Europe en général, et qui se basent sur l'argument selon lequel les crises
ont d’une certaine façon été provoquées, encouragées, n’ont pas été traitées à
temps ou qu’on leur a accordé plus d'importance qu'elles n’avaient vraiment.
Pour le cas de la crise européenne les prêts excessifs, il est facile de
conclure que l'Europe dans son ensemble, n’avait pas une dette supérieure à
celles d'autres économies riches du monde[33].
Or, c’est la panique de l'Allemagne face à l'inflation qui est peut-être
responsable de l’abandon trop rapide des mesures d'incitation visant à la
reprise économique de la crise[34].
C’est elle encore qui a décidé de la façon de gérer la dette. Plus précisément,
l'austérité imposée aux autres économies européennes, l’une après l’autre, en
dépit de la très faible inflation, voire de la stagflation concernant le cas de la Grèce, plongera l'Europe tout
entière dans une récession durable. À souligner encore que, en fait, aucune
raison ne nécessite la disparition de cette dette publique européenne et des
déficits, dans un délai si court comme l’exige l’Allemagne notamment. Au lieu
de cela, il serait préférable et moins dangereux que le remboursement de la
dette soit étendu sur une durée plus longue. Cette lutte inflexible contre la
dette et les déficits publics reflète néanmoins le point de vue néolibéral
fanatique qui considère le côté de la demande comme insignifiant, parce que
prétendument dépendant de l'offre. Il est certain que le traitement de ce
problème par l’Allemagne, qui l’a malheureusement complètement emporté dans la
zone euro, étranglera et ne consolidera pas l'Europe du sud.
« L'Europe a
mal géré la crise grecque...», selon le prix Nobel Amartya Sen[35].
Et dans ce climat
artificiellement catastrophique, on a presque oublié que le poids infinitésimal
de notre pays au sein de l'Europe ne pouvait en aucun cas menacer ni la monnaie
unique européenne, ni la stabilité monétaire de l'Union. En revanche, la
panique d’abord injustifiée a été provoquée par le comportement déplacé de l'UE
associé à celui du gouvernement grec. Car il est clair, en effet, que puisque
la panique des Européens devait commencer quelque part, il a été certainement
illogique qu’elle commence par la dette de la Grèce auprès des banques
étrangères, elle aurait dû être déclenchée par la dette espagnole ou
portugaise, comme en témoignent les estimations suivantes[36] :
le total des dettes de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne auprès des banques
européennes est estimé par les analystes de la Royal Bank of Scotland à 2,2
trillions d’euros, dont 338 milliards pour la dette grecque. Et le niveau de
déficit public de la Grèce n’arrive pas en tête, c’est celui de l'Irlande, avec
20 % initialement du PIB[37],
qui sont passés en cours de route à 32 %.
En conclusion, si le problème
avait été considéré dès le début comme un problème général du sud de l'Europe,
et non pas exclusivement grec, et si le directoire de l'UE ait déclaré
immédiatement après le déclenchement de la crise grecque, son total soutien
à l'Etat membre, il est probable que toutes ces évolutions tragiques
auraient pu être évitées, et il y aurait eu du temps pour trouver une solution
plus calme et moins douloureuse.
L'absence ostentatoire
de toute solidarité de la part de l'UE, les commentaires fort désagréables et
injustes à l’encontre du peuple grec, la nette préférence des responsables pour
le sauvetage des profits des banques et non pour la survie du peuple grec
justifient, hélas, absolument le refus de la Slovaquie d’aider au remboursement
de la dette grecque qui devait y contribuer à hauteur de 816 millions
d’euros... autrement dit, la Slovaquie a refusé d'aider les banques européennes[38].
A. L’euro et la lutte contre la crise de la dette
Ce qui caractérise
la façon dont a été gérée la crise est une austérité asphyxiante, le but étant
de ne pas mettre en péril la stabilité de l'euro. Il convient de préciser que
l'euro n’est pas le principal responsable du drame vécu par la Grèce, mais que
c’est le Pacte de Stabilité, sans lequel cette devise très particulière qu’est
l'euro ne pourrait survivre.
Ce constat n’est pas
du tout exagéré, il est d’ailleurs vérifié chaque jour, à savoir que le
problème essentiel de la Grèce ‒ comme de l’ensemble de l’Europe du sud ‒ n’est
pas tant le niveau élevé des déficits publics et l’importance de la dette, que
l'introduction de mesures tout à fait inadaptées pour y remédier. Des mesures
qui en plus créent et puis maintiennent et augmentent la dette et les déficits.
L'absurdité du mémorandum réside
précisément dans ce qu'il est un ramassis de mesures qui sont non seulement
totalement inefficaces, mais ont surtout irrémédiablement aggravé la situation
financière, économique et sociale de la Grèce. Il est extrêmement difficile de
ne pas tenir compte de la multitude des affirmations officielles fausses selon
lesquelles « sans le mémorandum point de salut », «le mémorandum est la
seule solution » « seuls des ennemis de la patrie sont opposés au
mémorandum », et d’autres du même acabit ; il est extrêmement
difficile aussi en raison de l'ampleur et de la gravité de la crise que nous
vivons, mais aussi de la capacité de la population à se former un jugement
correct et réagir de façon rationnelle.
Αu
tout début de la crise, lorsqu’elle a éclaté, dans mes nombreux articles, dans
des journaux et périodiques grecs et des revues scientifiques internationales,
dans des conférences, dans des congrès en Grèce et à l'étranger, mais aussi
avec mes apparitions à la télévision[39],
j’ai jugé de mon devoir d’expliquer les raisons pour lesquelles, à mon avis
toujours, les objectifs du mémorandum ne peuvent être atteints, la situation
financière grecque, au fil du temps, se détériorera et ne s’améliorera pas, et
c’est pourquoi il est nécessaire de changer fondamentalement notre stratégie
suivie[40].
Je ne suis certes pas la seule économiste à avoir soutenu que le mémorandum ne pouvait être appliqué,
puisque beaucoup de Grecs et de nombreux étrangers partagent mes inquiétudes,
et puisque le sauvetage de la Grèce suppose surtout et avant toute chose
qu’elle se libère de ce mémorandum en
particulier[41].
Permettez-moi d'ajouter que d’une manière générale, j’ai constaté que le
programme de stabilité budgétaire de la Grèce n’a pas de précédent à l'échelle
internationale concernant ses objectifs[42]
très ambitieux ‒ voir irréalistes ‒, impliquant des mesures dures et
inhumaines. Parce que, si les mesures de notre politique économique et
financière visaient, avec constance et cohérence, un seul et même objectif qui
pourrait réduire et finalement résorber la dette et les déficits, et qui
permettrait d'assurer la croissance du PIB à un rythme plus rapide que celui de
la dette et des déficits, le problème qui nous préoccupe tant, et qui nous
épuise au niveau national, social et économique serait, comme par magie,
résolu. Il aurait fallu pour cela avoir choisi une politique de croissance
agressive, en effectuant d'importants investissements publics, de 10 % ou plus
de notre PIB, pour être efficace. Je voudrais à ce point mentionner la
confession officielle du chef des macro-économistes du FMI, Olivier Blanchard,
qui au début de 2013 a
reconnu que le programme imposé à la Grèce contenait des erreurs tragiques et
risquait de provoquer une récession, de l’ordre de 200 % de plus par rapport à
celle initialement prévue[43].
Et je complète avec la proposition de l'ancien chef du département européen du
Fonds Monétaire International, Reza Mogkantam, qui demande une restructuration
de la dette grecque de 50 %. Lui-même admet que le plan imposé à la Grèce pour
la période 2010-2014 était basé sur des convictions erronées, reconnaissant sa
part de responsabilité. Dans une lettre publiée dans le Financial Times, il admet que le plan de soutien à la Grèce
reposait sur des convictions trop optimistes quant à la croissance,
l'inflation, l'effort budgétaire et la cohésion sociale[44].
Or, prendre la
décision d’un changement radical de ce plan tragiquement dangereux était
impensable, chose qui révèle à quel point les économies modernes, sous le
rouleau compresseur du néolibéralisme, ont complètement cessé de fonctionner
dans le contexte des possibilités du modèle keynésien. En revanche, à partir de
1980, la seule recette de développement qui soit imposée, mais aussi celle qui
fut un grand échec, est celle du libéralisme économique, pleinement approuvée
par l'UE et le FMI. Et comme l'a récemment souligné Robert Zoellick lors d'une
conférence qu’il a donnée à l'Université de Georgetown[45]
« L'approche économique ne comprend pas tout correctement, mais peut se
tromper d’une façon impressionnante », « les économistes ont tendance
à suivre les engouements et les modes », « les courbettes de la
pensée s’effondrent face aux assauts de la réalité ».
Il serait pour le
moins logique que nos inquiétudes pour la Grèce et l'ensemble du sud de
l'Europe sur les déficits et la dette, soient canalisées vers la recherche de
solutions efficaces, qui se trouvent forcément dans une politique du
développement plutôt que dans une politique de restriction. Cependant, et c’est
la réalité tragique, les préoccupations et les efforts tournent autour de la
tentative visant à trouver les méthodes les plus efficaces d'étranglement de
toutes les possibilités de développement des économies malheureuses, maintenant
et dans l'avenir. Avec une sobriété olympienne, les responsables politiques compétents enregistrent le nombre de
fermetures d’entreprises[46],
le taux de baisse du PIB, l'augmentation du taux de pauvreté[47],
le taux de chômage extrêmement élevé... déclarent que « tout va
bien » et qu’ainsi nous poursuivrons au moins jusqu'en 2024 ! Le pays
est pris dans un cercle vicieux, puisque les décideurs compétents, Grecs et
Étrangers, se focalisent sur les déficits et dettes élevés, qu’ils cherchent à
réduire à coup de mesures anti-inflationnistes dures, espérant que les
solutions viendront de la croissance faible, qui sont précisément les
principales responsables de notre incapacité à affronter nos difficultés.
À ce point entre en jeu le problème vraiment insurmontable de la Grèce :
en tant que membre de l'UE et de la zone euro, elle n'a pas le droit de tracer
une politique macroéconomique qui promettrait une sortie rapide et efficace de
la crise du surendettement. Cette politique est décidée et
appliquée dans les Etats membres par le directoire de l'UE. Et ainsi, le
problème semble-t-il insurmontable. Et, portant, il faut de toute urgence
chercher et adopter des solutions de rechange, parce que pour la Grèce, cette
mise en hibernation pour un nombre indéterminé d'années est un suicide, aussi
longtemps qu’elle aura de si nombreux fronts ouverts et menaçant sa survie,
tandis que des espoirs fondés d’exploitation de nouvelles richesses et tandis
que le besoin urgentissime de réformes structurelles se fait ressentir. Je
pense, bien sûr, à des réformes diamétralement opposées à celles qui sont déjà
en cours et sont absolument mauvaises.
Outre l’écueil monolithique qu’est le Pacte de Stabilité, lequel condamne l'économie européenne à un marasme constant, le modèle de croissance invariablement suivi par l'Allemagne, bien qu’insuffisamment stigmatisé, est un désastre pour l'ensemble de l'UE. Car l’Allemagne[48] applique, sciemment, une politique mercantiliste dans ses relations avec l'étranger et au quotidien à l’intérieur de ses frontières.
Ce modèle de développement de la plus grande et plus forte économie européenne a plongé le continent dans une récession permanente avec un taux de chômage de longue durée à deux chiffres. Le coût est énorme: réduction des salaires réels, même ceux de la classe moyenne, accompagnée d’une forte baisse de la demande, montée en flèche de la pauvreté et des inégalités, approfondissement des écarts de développement entre les États membres. Depuis longtemps, donc, le besoin de changements dans le fonctionnement global de l'UE et de la zone euro, ainsi que l'affaiblissement de l'Europe dans la première moitié du 20e siècle, attribué à une guerre commerciale entre les États membres[49] devient extrêmement urgent. La crise mondiale, mais surtout la crise européenne du surendettement, semble accélérer le rythme de changements majeurs, qui semblent déjà en cours. Il est donc impératif de prendre conscience, en ces moments si critiques, où le monde entier est en danger, et plus qu’ailleurs au sein de l'UE, que les problèmes et les solutions qui vont façonner nos vies et celles de nos descendants dans les décennies à venir, ont peu à voir avec notre dette et nos déficits. Il est presque certain que ces changements transversaux, déjà lancés dans l'UE, même s’ils n’ont pas encore acquis une forme spécifique, invalideront la plupart des mesures du mémorandum, tandis que les objectifs de beaucoup d'autres d'entre elles changeront. Les sacrifices effectivement inhumains auxquels est actuellement soumis le peuple grec, pour une durée indéterminée, se relèveront sans retour, non seulement parce que la mixture de la politique appliquée est totalement inefficace, mais aussi parce que l’environnent, les conditions et les exigences de l'UE auront, entretemps, complètement changé.
Outre l’écueil monolithique qu’est le Pacte de Stabilité, lequel condamne l'économie européenne à un marasme constant, le modèle de croissance invariablement suivi par l'Allemagne, bien qu’insuffisamment stigmatisé, est un désastre pour l'ensemble de l'UE. Car l’Allemagne[48] applique, sciemment, une politique mercantiliste dans ses relations avec l'étranger et au quotidien à l’intérieur de ses frontières.
Ce modèle de développement de la plus grande et plus forte économie européenne a plongé le continent dans une récession permanente avec un taux de chômage de longue durée à deux chiffres. Le coût est énorme: réduction des salaires réels, même ceux de la classe moyenne, accompagnée d’une forte baisse de la demande, montée en flèche de la pauvreté et des inégalités, approfondissement des écarts de développement entre les États membres. Depuis longtemps, donc, le besoin de changements dans le fonctionnement global de l'UE et de la zone euro, ainsi que l'affaiblissement de l'Europe dans la première moitié du 20e siècle, attribué à une guerre commerciale entre les États membres[49] devient extrêmement urgent. La crise mondiale, mais surtout la crise européenne du surendettement, semble accélérer le rythme de changements majeurs, qui semblent déjà en cours. Il est donc impératif de prendre conscience, en ces moments si critiques, où le monde entier est en danger, et plus qu’ailleurs au sein de l'UE, que les problèmes et les solutions qui vont façonner nos vies et celles de nos descendants dans les décennies à venir, ont peu à voir avec notre dette et nos déficits. Il est presque certain que ces changements transversaux, déjà lancés dans l'UE, même s’ils n’ont pas encore acquis une forme spécifique, invalideront la plupart des mesures du mémorandum, tandis que les objectifs de beaucoup d'autres d'entre elles changeront. Les sacrifices effectivement inhumains auxquels est actuellement soumis le peuple grec, pour une durée indéterminée, se relèveront sans retour, non seulement parce que la mixture de la politique appliquée est totalement inefficace, mais aussi parce que l’environnent, les conditions et les exigences de l'UE auront, entretemps, complètement changé.
B. Les conséquences pour le cas grec
Le premier élément,
et le plus spectaculaire aussi, a trait à l'évolution de la dette publique en
pourcentage du PIB qui détermine sa viabilité. En 2009, le taux était de
l'ordre de 120 %, la dette était donc à peu près viable, sans qu'il soit
nécessaire de jeter le pays dans les mâchoires du FMI. Après les sacrifices
inhumains demandés à la population pendant environ 6 ans, mais surtout après le
fameux fiasco, la restructuration de la dette pour avoir été décidée trop tard,
celle-ci a grimpé et représente aujourd'hui 180 % du PIB. Et il est évident
qu’elle n’est pas viable. Ce désastre est dû au plan imposé par la troïka et
dont l’échec est complet, qui a ruiné notre PIB entre 2008 et 2015 de 26 %.
Aucun pays n’a jamais subi un désastre d’une telle ampleur en temps de paix. Le
chômage officiel touche 27 % de la population active, le chômage réel est
estimé à 34 % et chez les jeunes son taux atteint 62 %, alors qu’il n’était que
de 10,9% avant la crise. Le raid fiscal, comme il ne pouvait ou ne voulait
contrôler l'évasion fiscale, continue de s’en prendre aux travailleurs qui
perdent ainsi 34,4 % de leurs revenus, comparativement à seulement 22,5 % en
moyenne des travailleurs dans les pays de l'OCDE, mais aussi contre les retraités
et les propriétaires. Le revenu de ces derniers a été réduit de 30 à 35 %,
d'abord par des réductions successives de loyer et par le nombre considérable
d'espaces non loués, et d'autre part par des impôts supplémentaires excessifs ‒
avec l’ENFIA, taxes sur les biens fonciers absurde et injuste ‒, dont
l'originalité témoigne d’une imagination morbide. À cause de ces taxes, les
propriétaires sont en fait obligés de racheter en quelque sorte leurs biens ou
de les abandonner. C’est ainsi que le secteur de la construction est au point
mort. Mais quel est le résultat de ce carnage fiscal ? Incroyable, à première
vue, mais pourtant vrai, les recettes fiscales, ont coulé : 32,7 milliards
d’euros en 2013, au lieu de 34 milliards par rapport à la même période de neuf
mois en 2012. Inévitable, bien sûr, ce résultat est décevant, compte tenu
qu’avec les mesures du mémorandum génocidaire, les revenus déclarés en 2013
étaient de 12,3 % inférieurs à ceux de 2012. Les impôts confirmés ont diminué de
47 %. Et de plus, des quelque 2,8 millions de ménages grecs, 2,3 millions ont
des dettes fiscales qu’ils sont dans l’impossibilité de rembourser. Inutiles et
catastrophiques, les mesures qui ont ainsi conduit les Grecs dans la misère,
car elles ont épuisé leur capacité à payer leurs impôts. Voilà pourquoi un
récent rapport de l'OCDE a tiré la sonnette d'alarme et conseille à la Grèce de
repenser sa politique fiscale. La demande, qui est le moteur du développement
en Grèce, a littéralement coulé puisque les salariés et les retraités ont vu
leurs salaires et pensions perdre 30-35 %, et 12 à 15 % d’impôts
supplémentaires qui continuent de peser sur ces catégories, plus 3 à 4 % de
pertes dues à la contraction des services de santé et de soutien
pharmaceutique.
Les PME,
marchands-artisans-fabricants n’ont pas résisté à la chute de la demande sur
leurs produits, ni au refus des banques d’accorder des prêts. Les innombrables
commerces aux rideaux baissés et cadenassés rappellent des villes fantômes. Les
agriculteurs sont depuis longtemps, ruinés par la PAC, qui a détruit de
nombreuses cultures traditionnelles, mais aussi par la complète libéralisation
du commerce international, qui a encouragé les importations, y compris les
produits agricoles de base, tels que tomates et fruits, même si la production
locale est favorisée par le climat privilégié de la Grèce. Les dépôts bancaires
des Grecs ont littéralement sombré. Pour la seule période de 2008 à 2013 des
pertes de 74 milliards d’euros sont enregistrées et la saignée continue. Notre
marché du travail n’a pas tardé à ressembler à celui du Tiers-Monde, supprimant
toutes les mesures de protection des travailleurs. 3,4 millions de Grecs ont du
mal à survivre. Voici quelques-unes parmi beaucoup d’autres évolutions dramatiques
présentées comme des success stories,
ce qui pourrait faire sourire si la situation n’était par ailleurs si
tragique.
La supposée
croissance apportée par les mémorandums s’appuie depuis le temps sur trois
piliers :
* Le premier, c’est la croyance infondée, selon laquelle la dévaluation interne permettrait d’augmenter les exportations et de sauver le pays. La croissance des importations, faible et discontinue, quand elle est enregistrée, profite de la diminution de la consommation intérieure et pas de l’augmentation de la compétitivité de l'économie.
* Le premier, c’est la croyance infondée, selon laquelle la dévaluation interne permettrait d’augmenter les exportations et de sauver le pays. La croissance des importations, faible et discontinue, quand elle est enregistrée, profite de la diminution de la consommation intérieure et pas de l’augmentation de la compétitivité de l'économie.
* Annoncé comme la
seconde voie de notre prétendu sauvetage, la « ruée » tant attendue
des IDE. Au lieu de cela, nos investissements publics, en deux ans à peine, de
2011 à 2012, ont dangereusement chuté, d'environ 40 %. Et il va de soi que dans
ces épouvantables taux ne sont pas calculés la détérioration des installations
de production qui ne sont pas utilisées, chose indispensable pour leur bon
fonctionnement et pour leur remplacement et leur amortissement. Hélas, il n’y a
pas que les investissements publics qui ont coulé à cause des mémorandums, il y a aussi les
investissements privés : en 2013, les investissements privés étaient deux
fois moins que ce qu’ils étaient en 2007, soit 13,2 % du PIB contre 26,7 % en
2007. La destruction ne concerne pas seulement les salariés et les retraités,
mais s’étend également aux entrepreneurs, même si elle n’est pas perceptible au
premier coup d'œil. C’est l’ensemble de la classe moyenne qui est touchée.
* Nos responsables
du gouvernement, après l'évolution décevante des deux premiers piliers supposés
du développement, ont concentré tous leurs efforts pour atteindre l’excédent
primaire, auquel ils ont donné des qualités presque surnaturelles et qu’ils ont
clamé avec un enthousiasme débridé, mais, comme on pouvait s’y attendre, cet
enthousiasme n’a pas été partagé par nos partenaires, ni par les Grecs un tant
soit peu sérieux et les analystes étrangers. On pourrait s’étendre sur cet
excédent primaire douteux, sanglant, négatif génétiquement modifié qui
provient :
‒ de l’effondrement
et non de l’augmentation du PIB, lui-même un oxymore ;
‒ des manipulations
criminelles grâce auxquelles l'excédent primaire a pu être atteint, et qui
devraient tempérer tout triomphalisme.
L’austérité
excessive, idée fixe de la chancelière allemande, qui vise directement la
stabilité de l'euro, a détruit l'économie grecque, et a en même temps plongé
dans la récession permanente et l'équilibre de sous-emploi l'Europe tout
entière. La politique macroéconomique de J.M. Keynes, qui a permis, pendant les
trente années glorieuses de l'après Deuxième Guerre mondiale, un rythme effréné
du progrès dans le monde développé d’alors, mais aussi une répartition plus
équitable des revenus, a été complètement oubliée, alors qu'il avait lui-même
mis en garde contre les effets dévastateurs de l'austérité : « Réduire les
dépenses en période de récession, c’est tout simplement empirer la
situation ». Malheureusement, le fanatisme idéologique de nos dirigeants
ignore complètement le passage de Keynes sur la Terre, et utilise la Grèce
comme premier animal de laboratoire.
III. La solution : le retour à notre monnaie nationale, la nouvelle
drachme
L'euro, monnaie
malade et neutre, inextricablement liée au Pacte de Stabilité, a gravement
affaibli l'Europe. La montée de l'euroscepticisme, qui s’exprime par le
mécontentement d’un nombre croissant de citoyens Européens, mais aussi par des
changements décisifs dans les équilibres politiques européens, soulève de
graves inquiétudes quant à la viabilité de la monnaie européenne unique. Des
estimations sérieuses soutiennent que l'euro ne résistera pas et sera détruit
par l’éclatement d'une nouvelle crise financière qui, assurément, ne saurait
tarder.
Plus précisément, au
sujet de la Grèce, ma position depuis le début de la crise de la dette est
claire et stable[50].
À savoir que, en dépit des risques et des complications liées à la sortie ‒
événement sans précédent‒ de la zone euro, y rester n’offre malheureusement
aucune solution. L'économie grecque est ravagée et il est urgentissime de
recourir à un plan de reconstruction et de développement. La mise en œuvre d'un
tel plan n’est pas possible avec les liquidités fournies au compte-gouttes par
la BCE. En effet, aucune économie ne s’est jamais développée dans le passé sans liquidité
confortable et au sein d’une l'inflation controlée. Par conséquent, seule
un retour à sa monnaie nationale pourrait, dans certaines conditions, assurer à
l'économie grecque ravagée sa reconstruction et un développement rapide,
nécessaire pour lui permettre de rembourser cette part de la dette qui n’est
pas onéreuse et honteuse et n’est pas soumise à un processus de compensation
avec les dettes équivalentes de ses partenaires envers elle.
Ces lignes sont
écrites à un moment où la négociation est en cours, entre le nouveau
gouvernement grec du SYRIZA et les créanciers. L'obsession des
« institutions » (c’est ainsi que la troika est maintenant appelée)
qui demandent des mesures encore plus inhumaines sans pour autant garantir le
remboursement de la dette, intensifient l'appauvrissement de la population, est
tout à fait inacceptable, criminelle et tout compte fait, sans aucun contenu.
Car, à partir du moment où les mesures imposées à l'économie grecque sont
totalement inefficaces et qu’elles se traduisent par une baisse continue du
PIB, l'augmentation du chômage et l’intolérable, dans ces conditions,
écroulement des recettes publiques, il est clair que ce plan fou de l'austérité
asphyxiante devrait être abandonné, sans la moindre hésitation.
Malheureusement, le
gouvernement SYRIZA est coincé entre sa promesse électorale de maintenir à tout
prix la Grèce dans la zone euro et les multiples promesses concernant la mise
en œuvre de mesures concrètes qui feront sortir la Grèce de la crise. Comme je
l'avais prédit[51],
et comme l’a confirmé le professeur Gérard Lafay[52],
il est impossible de réaliser les deux à la fois. Le Premier ministre Alexis
Tsipras semble avoir choisi le maintien du pays dans l'euro au détriment du
redémarrage de l'économie, et de remédier à la crise humanitaire. Les raisons
sont nombreuses. Mais ce qui est certain, c’est que la poursuite de la
destruction de la Grèce qui fléchit face aux exigences absurdes des créanciers
ne constitue pas une réponse, tandis qu’un retour à la monnaie nationale serait,
je pense, déterminante. Soit en même temps que d'autres économies membres de la
zone euro, soit la Grèce isolément. Il va de soi, néanmoins, que plus le temps
passe et plus la crise s’approfondit, plus la reprise sera difficile.
Permettez-moi d’ajouter que je suis convaincue ‒ conviction partagée par
d'autres économistes ‒ que si nous étions revenus à notre monnaie nationale en
2010, la Grèce serait maintenant dans une phase de croissance rapide.
Citions maintenant,
très brièvement, les étapes et actions que devrait faire la Grèce pour se tirer
d’affaire, et qui ne diffèrent pas de ce que je soutenais en 2010[53] :
1) Stopper les
paiements (évidemment, les paiements extérieurs ‒ ce qui aurait dû se faire dès
2010).
2) Obtenir, si
possible, des prêts en provenance de pays extérieurs à l’UE.
3) Déclarer aux
créanciers que la dette sera payée en drachmes, après en avoir retiré la part
odieuse, et après avoir obtenu compensation des dettes allemandes auprès de la
Grèce.
4) Imposer des
restrictions sur les mouvements de capitaux (ce qui aurait dû être fait depuis
longtemps pour arrêter la saignée des dépôts), et imposer des restrictions sur
l'importation de produits de luxe.
5) Renforcer la
demande intérieure en augmentant les revenus et les pensions des bas salaires
et des petites retraites.
6) Formation d’un
programme de développement, en mettant l’accent particulièrement sur
l'agriculture, afin de répondre rapidement aux besoins alimentaires de base.
7) Établir une liste
d'investissement prioritaire et appeler les Grecs à rapatrier leurs dépôts pour
les investir en Grèce (en trouvant les moyens de les y inciter) ;
8) Appeler à la
coopération de toutes les forces saines du pays et mettre en place à des
postes-clés ceux ayant des compétences élevées et des connaissances propres à
chaque poste. Par la même occasion, on observe que l’installation de
« parents et amis » à des postes-clés, en si grand nombre et en si
peu de temps, est clairement préjudiciable au gouvernement.
La situation promet
d’être difficile. Il faudra se montrer unis et ne pas s’engager avec des forces
désireuses de déstabiliser le pays à des fins personnelles, pouvoir/siège.
Malheureusement,
tout porte à croire qu’il n’existe aucune autre solution pour assurer un
minimum de souveraineté nationale, mettre un terme à l'appauvrissement de la
plus grande part de la population, relancer l'économie et réduire progressivement
le chômage. Toute hésitation, dans ce domaine, équivaut à un aveu
d’impuissance, à l’impossibilité de « se maintenir debout » et est
inacceptable vis-à-vis de notre patrimoine culturel et aux générations futures.
*Docteur
d’Etat ès Sciences Economiques (Sorbonne)
Ex Recteur et Professeur à l’Université Macédonienne (Thessaloniki)
[1] Voir G. Myrdal et F.
Perroux (1952), « Trois outils pour l’analyse du
sous-développement », Cahiers de l’ISEA, série F, no 1.
[2]
« Victoire à la Pyrrhus » (2010), Le Monde Diplomatique, octobre.
[3] À
la veille de l’entrée de la Grèce le marché commun, j’avais exprimé de
sérieuses inquiétudes, la jugeant prématurée et risquée, et j’avais proposé de
la reporter à 1985, pour que le pays ait le temps de mettre en œuvre les
changements structurels nécessaires. M.Negreponti-Delivanis in collaboration of
V.Portaritou-Kresteniti, (1985), 2e éd., Analysis of the Greek
Economy, éd. Paratiritis, p. 431 et suiv.
[4] Ν. Kaldor (1966), « Causes of slow rate of growth of the United Kingdom », an inaugural lecture, Cambridge , Cambridge
University Press.
[5]
D’autres tentatives avaient précédé, sans succès.
[6]
Interview parue dans Alternatives Economiques, 10.2008.
[7]
Interview parue sur le site internet CNBC.
[8] A.
Misseu (2010), «Traité de Lisbonne : 1 an et déjà trop vieux »,
republié dans Courrier International, 2-8.2012, El Pais-Madrid.
[9] http/robertmundell.net.
[10]
Union Économique et Monétaire.
[11]
Ceci ne s’est jamais fait.
[12]
Attribué à l’impossibilité de dévaluer ou réévaluer la valeur intérieure de la
monnaie, « The Euro in crisis », Spiegel on line, 19.03.2010.
[13]
Notons que les deux économies puissantes de la zone euro, l’Allemagne et la
France, appliquaient les critères asphyxiants du Pacte de Stabilité de façon
sélective et seulement lorsqu’elles jugeaient qu’ils ne nuisaient pas à leur
économie, Currie (1998) « L’euro serait-il un succès ? », EIU en
collaboration avec Oikonomikos Tachydromos, édition spéciale, et B.Conolly (1995), The
rottenheart of Europe, Faber and Faber, Londres.
[14]. M. Negreponti-Delivanis, a) “Pour l’UEM la Grèce
a besoin de dizaines d’années » (1996), Encart spécial, Economicos Tachydromos, 2612, p.
47-48; b) «Dévaluation de la drachme maintenant, abandon de la
convergence » (1998), Naftemboriki,
février, p. 46-48; c) «Efficacité discutable de la dévaluation en route pour
l’UEM » (1998), Erevna, 19.06;
d) «Le chemin vers l’UEM n’est pas semé de fleurs » (1998), Trikalina Nea, 19.06; e) «[La monnaie
unique n’est pas la panacée » (1999), Epihiren-Makedonia
(1999), 07.02; f) «Élections avec mondialisation, UEM et appauvrissement de la
société » (2000), Epihiren-Makedonia,
12.03.
[15] Le
même que celui auquel l’Allemagne avait emprunté.
[17]
Voir www.cadtm.org.
[18] Alternatives Économiques, Hors Série : «Les
chiffres de l’économie 2010»: La charge fiscal du Danemark est de 48 %, celle
de la France de 43,6 %, celle de l’Espagne de 36,8 %, quant à celle de la
Grèce, elle est de seulement 31,6 %.
[19]
«Taxer les riches, c’est bon pour la croissance”(2010), Courrier
International, No 1029, 22-28.7.
[20]
Confédération nationale des travailleurs grecs.
[21]
Source: Stylianou,A., Ependytis, 19-20.02.2005 et M.
Negreponti-Delivanis (2010) «Les conséquences des modèles déséquilibrés de
développement des Etats-Unis et de la Chine », sous presse, Laval,
Québec.
[22]
Article de V. Viliardou, 20.11.2209, sur l’internet.
[23] J. Dion (2011), « Les enfants gâtés », Marianne, 26.02-04.03.
[24] J.-Chr. Le Diguou (2011), « Réabiliter l’impôt », Le Monde
Diplomatique, février.
[25]
Center for American Progress.
[26] N. Ruiz et A. Trannoy, (2007) Impact rédistributif de la fiscalité
indirecte « Synthèses et Perspectives », Institut d’Economie
Publique, Marseille.
[27] «Fixing Europe ’s single currency», The Economist, 25.09.2010.
[28] Je
me réfère surtout au très gros excédent primaire de la Chine, mais aussi à celui
de l’Allemagne.
[29]
Voir «Comment la zone euro en est-elle arrivée là? » (2010), Alternatives
Economiques, No 289, mars.
[31]
Interview donnée au quotidien Eleftherotypia,
23.11.2009.
[35]
Interview parue sur le site internet CNBC.com.
[39] Il
va de soi que celles-ci étaient faites sur des chaînes régionales à cause… de
mes prises de position peu orthodoxes.
[40] M. Negreponti-Delivanis: a) « Comment sortir de l’impasse », Paratiritis de Thrace, 09.01.2010;
b) « Les cœurs étaient glacés de crainte, et comprimés par l' esclavage »,
Rizospastis, 22.05.2010; c) « Le FMI n’est pas sens unique »,
Epikaira, No. 32, 27.05-02.06.2010; d) «Renégociation de la
dette : notre seule planche de salut », dans Paratiritis de Thrace,
15.06.2010; e) Εργασιακό: « Emploi: l’élimination totale des
travailleurs », dans Paratiritis de Thrace, 08.07.2010 « Emploi: l’élimination totale des
travailleurs européens », dans Rizospastis, 17.07.2010; C’ est la fin du travail], Epikaira, 16.07.2010,
g) « Cours introductifs de nouvelle économie grecque », Rizospastis,
28.08.2010; g) «Le néolibéralisme et la nature profonde de la crise», Cahiers
du Cedimes, Vol. 4, No 1, Printemps 2010 p. 9-28, «Entretien avec
Pilippos Dergiadés, Makedonia,
19.01.2011 »Seule solution pour la Grèce : renégociation de la
dette », « La démolition de l’État », Manifesto, 1/2011,
p.19 et suiv., «La mutation de l’UE en États-Unis d’Allemagne », Epikaira,
No. 69, 10/02-16/02.2011, etc.
[41] La
première manifestation anti-mémorandum, menée par Mikis Theodorakis, a eu lieu
à Athènes le 1er décembre 2010.
[42]
Ibidem.
[43]
M.Negreponti-Delivanis, « L’erreur du FMI passée sous silence », MIDEES
Le Monde-Grèce, 12.03.2013.
[45] Président de la Banque mondiale. La conférence avec pour thème
« Démocratiser l’économie » Alternatives
Économiques, no 296, 11/2010.
[46]
Cette année, 27 500 entreprises ont déjà fermé, selon les données de la Chambre
de Commerce et de l’Industrie tandis que les pertes d’emplois dans le commerce
sont estimées, jusqu’au mois de septembre, à 27 100, selon les données de la
Confédération Grecque du Commerce et de l’Entreprenariat. Voir Kathimerini, 30.11.2010. Par ailleurs,
le PIB a reculé de 4,5 % et l’inflation a dépassé les 5 %.
[47] Où
la Grèce est en tête.
[48] Et
pas seulement, puisqu’à un degré moindre suivent l’Autriche et les Pays-Bas.
[49]
Voir Till Van Treek (2010), « Victoire à la Pyrrhus », Le Monde
Diplomatique, octobre.
[50]
Maria Negreponti-Delivanis, L’assassinat économique de la Grèce et le
dernier ressort :la drachme, L’Harmattan, Paris 2014 (traduction du
grec par Caroline Luigi).
[51] M.
Negreponti-Delivanis, « [Le programme du SYRIZA commenté », le 04.10.2014 et le 29.3.2015,
« [Irréalisable le programme du SYRIZA dans la zone euro », publié dans
l’hebdomadaire Kontranews le 29.03.2015.
[52]
L’article est inclus dans le Cahier-CEDIMES sur la Grèce, éd. L’Harmattan, sous
la direction de Gérard Lafay (sous presse).
[53] M.
Negreponti-Delivanis, Όλη η αλήθεια για χρέος και ελλείμματα και πως θα σωθούμε [Toute la vérité sur la dette et les déficits et
comment s’en sortir], Institut Délivanis/éd. Ianos, 2e
éd., 2011.
LE ROLE NEFASTE DE L’UEM-EURO DANS LE SURENDETTEMENT DE L’EUROPE DU SUD (et la destruction de la Grèce) Par Maria Negreponti-Delivanis*
Reviewed by Μαρία Νεγρεπόντη - Δελιβάνη
on
Δεκεμβρίου 15, 2015
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