TARGOVISTE - mars 2005 - docteur honoris causa de Maria Negreponti-Delivanis (son speech)
L’UNION EUROPEENNE - UN BILAN CRITIQUE
TARGOVISTE - mars 2005 - docteur honoris causa
Introduction
Vous ne me croiriez pas si je vous disais que je ne suis pas profondément émue en ce moment mémorable de ma vie professionnel. En effet, je suis bien consciente qu’une telle reconnaissance fait rêver les hommes de science pendant toute leur vie, même si un petit nombre d’entre eux arrive finalement à l’obtenir
Pourtant, au delà de la nature humaine qui a un penchant inéluctable vers ce qu’on peut appeler vanitas vanitatum, je peux affirmer que pour moi d’autres aspects plus importants l’emportent aujourd’hui comme, entre autres, la joie d’être reconnue dans cette région particulière du monde que sont les Balkans, à laquelle je me sens appartenir davantage qu’à l’Europe ou au monde, la certitude d’être entourée de collègues précieux et d’amis fidèles à jamais, la très grande satisfaction de constater à chaque visite à Targoviste les progrès visibles de cette jeune Université, animée et dirigée par mes deux Ions : Cucui et Stegaroiu.
Vu l’importance de l’événement, j’ai choisi un sujet d’actualité qui, je l’espère, vous intéressera. Vu que nous nous connaissons depuis longtemps, je présume que vous n’ignorez pas ma position très critique vis-à-vis de la mondialisation et de ses conséquences. Il en est de même avec mon sujet d’aujourd’hui : j’essaierai de faire un bilan de l’Union Européenne, soit d’une micrographie de l’univers économique. Mais avant tout, il me semble indispensable de fournir quelques explications :
• J’ai été parmi les tout premiers adeptes de l’idée de l’unification de l’Europe,
* Tout d’abord, du fait que je figure et, pour mentionner l’expression chère a mon collègue et ami Ion Stegaroiu, je l’ai été en « rage de vie ». En effet, j’ai été à la 3ième année de licence, à l’Université Aristote de Thessaloniki, quand j’ai été désignée pour représenter les étudiants Grecs à l’une des premières réunions (sinon la toute première) pour l’unification de l’Europe, qui a eue lieu à Wageningen de Hollande. Il y avait, alors, un enthousiasme débordant parmi les jeunes participants, et je me suis récemment rappelée, à l’occasion des discussions concernant l’entrée de la Turquie dans l’ UE, que oui, il y avait déjà dans cette réunion lointaine, un jeune représentant turc (1). Depuis, j’ai suivi de près tous les étapes de la grande péripétie européenne. J’ai participé à un tas de discussions, de réunions, de colloques et congrès, ainsi que de recherches concernant l’EU. Et je dois avouer que, des fois, je me sens fière et contente, d’avoir pu vivre cette unification suspendue depuis des décennies ; de pouvoir circuler, le plus souvent, sans passeport, au large du continent européen ; et d’ appartenir à un cercle beaucoup plus vaste que ma propre patrie, dont les peuples partagent les mêmes valeurs de base que la mienne, tout en respectant les affinités culturelles de chaque nation . Hélas, je dois en même temps reconnaître que l’UE d’aujourd’hui incarne très mal le rêve européen de ma jeunesse et beaucoup de ses aspects me déçoivent et me chagrinent profondément. Loin, donc, d’être anti-européenne de conviction, mon euro scepticisme se mélange, forcément, avec la prise de conscience qu’il est indispensable de continuer les efforts pour la création d’une Europe des peuples ; d’une Europe indépendante et en état de préserver ses valeurs traditionnelles, justement celles qui l’ont su l’identifier, pendant des siècles, sur notre planète ; enfin, d’ une Europe sociale et profondément démocratique.
* Il s’agit, en second lieu, de ma conviction, que nos connaissances actuelles, dans tous les domaines scientifiques, et plus spécialement dans celui de l’économie où l’expérimentation est à priori exclue, ne justifient guère des certitudes débordantes. Par conséquent, il est très dangereux d’essayer d’imposer des modèles rigides de convergence et de politiques économiques uniformes à suivre, sans pouvoir prendre en compte les spécificités et diversités de chaque économie séparément. Pourtant, c’est justement la voie poursuivie par les organismes internationaux, en dépit du fait qu’un très grand nombre de leur choix s’ avère fatalement erroné et occasionnellement abandonné (Negreponti-Delivanis 2004b). À titre d’exemple je mentionne que tandis que le Rapport CNUCED (Ricuperro) sur le commerce et le développement affirme que la libéralisation des marchés a provoqué le chaos en Extrême Orient et en Russie, et a neutralisé les progrès accomplis en Amérique latine, le FMI s’obstine, pourtant, à imposer le système du libre-échangisme aux économies en voie de développement et aux économies émergentes. Et le nobéliste Paul Samuelson s’y ajoute pour conclure que « dans le libre commerce international on n’assiste pas toujours à des situations gagnant-gagnant, et par contre il y a des problèmes toutes les fois que de vastes pays tels que l’Inde ou la Chine, à des niveaux de salaire particulièrement bas, sont de plus en plus capables de produire n’importe quel produit et d’offrir n’importe quel service, comme le font les EU » (Kuttner 2004). En dépit de cela M. Camdessus insiste, en précisant : « La libéralisation financière a mauvaise réputation mais elle demeure le but final correct (La Tribune), tandis que Anne Krueger, refusant de prendre en considération les faits, affirme que « Plus vite une économie s’ouvre, mieux c’est » (Conférence à l’Université de Nottingham). Il devient, donc, clair que pour une série de raisons, à la suite des années ’80, les compétents des politiques économiques mondiales ont, complètement, perdu de vue les avantages du modèle de l’ «économie mixte », soit « la nécessité d’établir une balance entre marché et gouvernement, qui diffère évidemment de pays en pays » Stiglitz 2003: 283ss).
* Enfin, je suis persuadée que des entités plus vastes que la nation, qu’elles s’appellent mondialisation ou UE, pourraient, éventuellement, contribuer au bien être des peuples, sous la condition néanmoins qu’elles respectent la souveraineté nationale, ainsi que les particularités culturelles de chaque nation.
Ceci dit, je vais procéder, à l’analyse de mon sujet, qui se fera dans le cadre des deux sections, traitant d’abord l’état de chambardement dans lequel se trouve, de plus en plus, exposée l’UE, et ensuite les conséquences néfastes de crise de ses valeurs. À la fin, quelques réflexions pour sortir de l’impasse seront présentées à la place de conclusion.
I. Le grand chambardement de l’ U.E.
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L’entassement des problèmes, dans tous les domaines, avant mais surtout après le dernier élargissement de l’UE, et qui traînent longtemps sans solution, justifie des sévères inquiétudes pour son avenir. Ce n’est pas seulement la menace de sa dissolution, sur le poids de ses 25 pays- membres hautement diversifiés, mais aussi et surtout, entre-temps, l’absence apparente de lignes directives de sa part, qui la pousse à user un double langage ayant, souvent, des côtés fort hypocrites. Justement, cette attitude, qui devient de plus en plus systématique, l’éloigne des peuples européens. Ces derniers ont exprimé l’absence de confiance en l’UE à travers le pourcentage dramatiquement élevé d’abstention aux dernières élections européennes.
A. L’UE en pleine crise d’identité
Il n’est, donc, guère exagéré d’affirmer que l’UE est en crise sévère. Et les aspects de cette crise sont multidimensionnels, soit géographiques, socioéconomiques, moraux, idéologiques, stratégiques et autres. En effet, rien n’est précis et suffisamment transparent dans l’UE.
1. Le problème d’identité européenne
Est-ce qu’il y a une identité européenne, capable de la faire distinguer de toute autre qui ne l’est pas ? Il paraît de plus en plus qu’une forte confusion règne dans ce domaine due éventuellement à la juxtaposition mal digérée de l’identité nationale et européenne. N’importe comment, les Européens font preuve d’une intimité grandissante toutefois qu’ils se voient obligés de défendre leur religion, leur culture, leurs valeurs, enfin, tout ce qui les différencie des autres peuples. Et quand ils décident de protéger et de valoriser leur identité, les Européens le font souvent gauchement. P.e. l’interdiction de voile islamique aux écoles françaises.
a) Les frontières géographiques de l’Europe
Incroyable, mais pourtant vrai : les frontières géographiques de l’Europe et, donc, de l’UE sont indéterminées, et il n’est guère clair où celles-ci se terminent. C’est ainsi, que faute de précision géographique, les critères d’admission des nouveaux membres dans l’Union peuvent se permettre d’être n’importe quoi. P.e. Chirac, afin de justifier son consentement d’admission de la Turquie aux seins de l’UE a déclaré que celle-ci «a une vocation européenne » (Cohen 2004), sans guère s’occuper du tout du discours de Giscard d’Estaing, en 2002, qui s’est empressé de prévoir que « si la Turquie entre dans l’Union ça sera sa fin » ! (ibidem). Il est, sans doute clair que l’ entrée de la Turquie dans l’Union va, forcément, tout modifier puisque elle va représenter le 17% de sa population entière, et sera la deuxième plus peuplée pays de l’Union (2) ; et, encore, parce- qu’ il s’agit d’un pays à civilisation, religion, histoire et tradition radicalement différentes des européennes. Pourtant, du moment où nous ne sommes pas en état de définir nos frontières géographiques, pourquoi refusons-nous dans l’avenir n’importe quel pays qui voudrait faire partie de l’UE ? P.e. et entre autres, les trois pays musulmans avec lesquels voisine la Turquie, soit l’Iran, la Syrie et l’Iraq, puis les pays de l’Asie Centrale, et pourquoi pas aussi le Maghreb et la Russie ? Finalement, tous les pays ci-dessus ainsi qu’éventuellement d’autres, dans l’avenir, peuvent très bien faire preuve d’une « vocation européenne », vu le haut degré d’imprécision du terme.
b)Les valeurs européennes
Concentrons-nous, à présent, sur les valeurs européennes. Comment peuvent-elles être définies ? Certes, dans l’ère de la guerre contre le terrorisme, dans laquelle nous vivons, et qui d’ailleurs s’interprète des fois comme choc de civilisations et de religions, il vaut mieux d’éviter de se montrer particulièrement attaché à des questions religieuses. Tout de même, c’est un fait que chaque religion crée ses propres valeurs, et le problème qui se pose automatiquement en est, justement, le degré de compatibilité des valeurs chrétiens avec les valeurs islamiques, dans le sein de l’Union. D’autant plus qu’il se peut que la tolérance des religions risque d’ aboutir à une civilisation anti-européenne comme le soutient Huntington (3) Les dangers de toute sorte sont évidentes, et se résument par la forte réaction des peuples européens à l’entrée de la Turquie dans l’Union. Le Professeur Bernard Liewis (4) résume ces dangers en disant que « l’Europe peut évoluer à une partie de l’Occident Arabique ou de Maghreb », si l’on prend en considération le taux de natalité des uns et des autres. C’est ainsi qu’un gallup (septembre 2004) effectué dans les deux plus puissantes économies de l’Europe a révélé que seulement le 16% de ceux qui furent demandés en France, étaient en faveur de l’entrée de la Turquie, et seulement le 33% respectivement en Allemagne (Benhold 2004).
Néanmoins, dans ce cas comme dans presque tout autre, l’UE n’ hésite guère de prendre des décisions, qui vont contre les désirs et les intérêts de ses citoyens. Sa subordination aux EU, la domination des compagnies à la recherche de maximisation de leur profit, ainsi que certaines aspirations néocoloniales de la part des économies de la vieille Europe visant à la conquête des marchés émergents peuvent en fournir certaines des interprétations.
c) La forme légale de l’UE
L’UE, comme il doit être connu, n’a pas encore d’identité légale. La Constitution européenne, si elle sera finalement votée, va combler cette lacune majeure.
Il est, en effet, difficile de se rendre pleinement compte que l’UE,
-dont ses décisions pèsent déjà de 50% dans le total des décisions de ses membres, -qui impose depuis des années la totalité, presque, de leur politique macroéconomique,
-qui a le droit de les punir pour ne pas avoir respecté les règles du jeu,
-qui les représente devant l’OMC et signe des contrats qui puissent les nuir,
est dépourvue pour ainsi dire d’identité, et risque sérieusement de ne jamais l’avoir, si un seul pays- membre refuse de voter en faveur de la Constitution.
B. L’UE contre elle-même
Les politiques et les choix de l’UE affirment, de plus en plus, son retour vers un modèle socioéconomique qui, depuis deux siècles, a durement essayé de le modifier; soit, vers une stratégie et des buts totalement incompatibles avec les aspirations de ses peuples. En effet, l’Europe a pu, à la suite des luttes et de sacrifices, qui ont durées presque 200 ans, de prouver au reste du monde que le capitalisme pouvait coexister avec le dépassement de « chacun pour soi » et « d’accorder libertés individuelles et intérêt général » (Jennar 2004 : 12). Hélas, ce n’est plus le cas. Il s’agit sommairement :
a)De son but magistral
Si l’on essayait de définir le but le plus important de l’UE, pour les trois dernières décennies, on aboutirait sans hésitation à affirmer que celui-ci n’est guère la poursuite du bien être de ses peuples. Par contre, celui-ci est assez obscur et particulièrement agressif et figure sous le nom de la « compétitivité ». Obscur, en ce qui concerne les moyens pour l’acquérir, ainsi que le genre de la récompense du gagnant. Hélas, le moyen standard de nos jours, pour accroître la compétitivité, passe par la suppression du coût de production, qui se réalise à l’aide de la minimisation du niveau des salaires (5) ainsi que par des licenciements massifs. Et la récompense des gagnants n’a rien à faire avec leur qualité de vie ou même avec la promotion des valeurs de base, mais par contre avec ce genre de satisfaction particulièrement discutable, qui provient, justement, des effets de domination sur les plus faibles. En même temps le contenu de la compétitivité est hautement agressif, car contrairement à la concurrence, celle-ci ne tolère pas, pour ainsi dire, d’ autres concurrents, mais elle essaye de les éliminer. Le mot de passe qui prévale, et qui tue toute sorte de solidarité est « l’un contre tous ». C’est ainsi qu’ en 2000 à Lisbonne, la Commission a officiellement reconnu comme son but No 1 de rendre l’UE, dès 2010, l’économie la plus compétitive du monde. Indépendamment du fait qu’ il est déjà clair que ce projet ambitieux ne sera pas réalisé (Bowley 2004), on devrait se demander ce que ce but peut, exactement, signifier. En effet, est-ce qu’il est permis d’aboutir à la conclusion que l’idéal de l’UE consiste justement à imposer dans ses seins des salaires aussi bas que possibles, afin de pouvoir concurrencer ceux prévalant dans les économies du Tiers Monde? Dans un cas pareil la poursuite de ce genre de « compétitivité » n’aboutirait nullement en faveur des consommateurs, vu qu’à peu près le 85% de la population active de l’Europe appartient dans la catégorie des salariés. D’ailleurs, ce problème depuis longtemps existant, devient encore plus aigu à la suite du dernier élargissement de l’UE, vu que la Banque Mondiale l’a, pratiquement, combiné dans le cas des pays en transition, avec une chute de la couverture sociale (Vaughan-Whitehead 2003 : 151). Alors, il est normal de se demander : « l’Europe pour qui ? »
b) Du modèle socioéconomique appliqué
Le « modèle européen », très différent du modèle anglo-saxon, a su combiner le capitalisme avec une série de mesures, qui introduisaient les droits des services publics, et qui protégeaient ainsi ceux qui, pour des raisons différentes, n’étaient pas en état de fonctionner, sans le secours de l’Etat, sur le marché libre. Soit dit, l’Europe, en dehors d’efficacité voulait, en plus, établir la solidarité parmi ses peuples. C’est ainsi que le salaire minimum garanti, la durée déterminée du travail hebdomadaire maximum, les allocations de chômage, les allocations familiales, les caisses d’assurances maladie- invalidité etc sont devenus des institutions en Europe. Néanmoins, tout cela appartient, déjà dans le passé, car l’UE, tacitement depuis les années ’80, essaye d’imiter le modèle anglo-saxon, et, donc, de démolir petit à petit tout ce qui a pris deux siècles pour être bâti. Les moyens auxquels l’UE a recours en procédant à cette catastrophe sont multiples, transparents ou obscurs, issus de ses propres pressions ou extérieurement imposés, conscients ou, éventuellement, inconscients. Tout d’abord, le contenu des traités de Maastricht, d’Amsterdam, de Nice et finalement le Pacte de Stabilité ont rendu clair que la stabilité monétaire passait, dans l’UE, avant tout (6), même si elle allait de pair avec un chômage constamment grandissant, des faibles rythmes de croissance et des inégalités incontrôlables. La politique constamment restrictive que l’UE impose à ses membres et aussi à ses candidats à adhérer fait y répandre un équilibre de sous-emploi. D’autre part, le rôle important de l’UE dans l’OMC lui assure une autre voie de démolir l’édifice européen des deux derniers siècles. Dans ce sens, le moyen le plus efficace c’est que les décisions de la Commission, comme aussi certains accords gérés par l’ OMC, ont un effet direct, self executing, qui exclut toute possibilité des Parlements nationaux de s’intervenir (Jennar 2004 :25). Mais l’instrument le plus efficace de l’autodestruction du modèle européen c’est, pour le moment, l’ AGCS (7). D’après cet accord international, il faut prendre des mesures afin d’ « élever progressivement le niveau de libéralisation du commerce des services », tandis que tout engagement dans cette voie est irréversible. De quels services s’agit-t-il ? Il s’agit de tous les services de tous les secteurs, sauf de la défense et de la justice, des services administratifs des pouvoirs centraux et locaux. C’est ainsi que tous les services publics se trouvent menacés. Sous prétexte de modernité, basée sur l’idéologie plus que discutable, d’après laquelle l’intérêt général est mieux servi si il est confié au secteur privé qu’au secteur public, les services publics passent du monopole public au monopole privé. On sait déjà que les privatisations ne furent guère une panacée, que souvent elles aboutissent à une baisse des normes de qualité, à une hausse de prix qui dorénavant ne peut pas être payée par les pauvres, et à une augmentation du chômage (Negreponti-Delivanis 1993 et 2002 : 215ss). À titre d’exemple je mentionne la citation suivante : « quand le service public de l’eau est confié à une entreprise privée, la facture est de 30% à 40% plus chère » (Marc Laimé 2003). C’est, d’ailleurs, pourquoi les discussions de renationalisation de certaines entreprises, telles que les chemins de fer de la Grande Bretagne ou les compagnies aériennes ont déjà commencées, si vite après leur privatisation. Il s’avère, alors, que le néolibéralisme, dans sa version la plus radicale, soit de celle qui aspire à la minimisation de l’Etat, fut adoptée, in conditionnement par l’UE et l’ensemble de ses transformations vise à cet idéal. Quoique les nouveaux membres sont plus néolibéraux que les vieux, leur enthousiasme pour l’euro est en baisse, à cause surtout de leur prise de conscience des dangers, que représente une seule politique économique pour tous. P.e. la Pologne, quand sera obligé d’avoir le même taux d’intérêt que l’UEM son taux d’inflation risquera de devenir incontrôlable (Lander 2004)
c) Le double langage de l’UE
Une liste interminable puisse, en réalité, entrer sous cette rubrique. Je veux me contenter ici d’un échantillon :
*Les deux économies les plus puissantes de l’UE, l’Allemagne et la France ont imposé aux autres pays membres et candidats le Pacte de Stabilité. Vu que celui-ci est pratiquement inapplicable et particulièrement dangereux, comme il a été souligné de tous les côtés (Negreponti-Delivanis 2004), ces deux économies ont décidé de ne plus le respecter, tout en continuant d’exiger l’application de ce Pacte idiot, d’après le terme employé par Mario Ponti (International Herald Tribune 26.11.2004,) par les pays les plus petits et les plus pauvres de l’UE (Negreponti-Delivanis 2004a).
*D’autre part, en utilisant comme alibi la nécessité de « se moderniser », l’UE revient systématiquement sur les droits fondamentaux, qui ont été accordés à ses citoyens et sont contenus dans les services publics, et que les néolibéraux d’aujourd’hui traitent d’ archaïsme. Mais que ce que c’est ce modernisme ? Peut-il être l’augmentation du nombre des travailleurs pauvres, des sans toit, des chômeurs de longue durée, des socialement exclus, des émigrés enfermés dans des camps de concentration etc, etc ?
*Le double langage de l’UE se met, d’ailleurs, en évidence par les déclarations toutes récentes, faites par la nouvelle Commission Européenne (Fuller 2005) et est particulièrement intéressant. En effet, la nouvelle philosophie avancée par Bruxelles c’est que « la manière la plus efficace d’aider la faible économie européenne est d’ y agir aussi peu que possible ». Mais, en même temps, le Vice- Président de la Commission Gunther Verheugen, responsable pour l’industrie et l’entreprise a bien précisé le 13.1.2005 « qu’il va essayer de créer un environnement propice au développement des entreprises ». Or, la combinaison d’inaction et de « création d’ un milieu propice pour l’évanouissement de l’intérêt privé » fut depuis toujours le cheval de Troie du libéralisme, mais aussi du soit disant « laissez- faire, laissez-passer ». Rappelons-nous ce qui puisse signifier cette, soit disant, inaction de l’ Etat ou de l’UE :
-« Même quand il prétend se désintéresser à la vie économique, l’Etat intervient puisqu’il laisse faire » (Barre 1956:128), et encore,
-« Le libéralisme devient alors un masque derrière lequel des intérêts économiques dominants profitent de la puissance politique » (Carr 1944 :19).
C. L’UE dépassée par les événements
De plus en plus l’UE donne l’impression d’une entité incertaine de son avenir et de son évolution. L’élargissement précédé d’approfondissement s’avère créateur de multiples problèmes, dans l’intérieur des nouveaux pays- membres, mais également dans leurs relations avec la vieille Europe. Quelques-uns, seulement, de ces problèmes sont mentionnés ci-dessous :
a) La délocalisation des entreprises de la vieille Europe
L’UE s’est soudainement trouvée devant un problème qu’elle n’avait pas prévu, soit celui de la délocalisation de ses entreprises qui, entre-temps, a pris des dimensions inquiétantes. En effet, un transfert considérable d’activités de la « vieille » Europe, vers les 8 économies de la « nouvelle » Europe, d’ un montant approximatif de 100 milliards d’euros s’est, déjà, effectué (Vima 2.5.2004). Deloitte Research prévoit que d’ici jusqu’en 2008 800,000 places d’emploi dans les secteurs de haute technologie et de services vont abandonner la « vieille » Europe pour s’installer dans des économies émergentes (Business Week 19.4.2004).
C’est ainsi qu’en dépit de l’enthousiasme apparent de la vieille Europe des 15, en accueillant les 10 nouveaux membres de l’Union, en réalité ces deux parties fonctionnent plutôt comme des adversaires et moins comme des associés. C’est ainsi, qu’ aux démarches très peu satisfaisantes de la vieille, vis à vis de la nouvelle Europe, concernant le PAC (8), le montant de l’aide structurelle (9), les impôts sur le capital, la libre circulation des travailleurs etc, s’est récemment ajoutée la controverse sur la délocalisation des entreprises. Les réactions, souvent, violentes de l’Allemagne et de la France contre les nouveaux membres et les candidats à l’adhésion, à la suite du déplacement des entreprises européennes, vers certaines économies de la nouvelle Europe rappelle de la guerre à couteaux tirés et renforce l’impression d’une identité de l’Europe gravement perturbée (Negreponti-Delivanis 2004).
Le phénomène de la délocalisation des entreprises, conséquent de la mondialisation combinée avec l’ultralibéralisme, se présente, paraît-t-il, comme une des conséquences de la mondialisation qui, en mûrissant, passe dans un stade d’évolution plus avancé. Pourtant, l’UE s’est avérée être désagréablement surprise et donc nullement préparée par cet événement, qui l’a poussée à des réactions de panique (Negreponti-Delivanis 2005). Précisément, la France et l’Allemagne s’adonnent à des menaces contre les 8 ex-pays socialistes qui, depuis le 1er mai 2004 font partie de l’UE car, « ils leur volent des postes de travail » et si « ça continue la France va arrêter l’aide vers eux » etc, etc. Ce type de réactions, compréhensibles d’ailleurs, vu le chômage élevé et persistent qui y règne, révèle pourtant un des multiples impasses sur lesquels l’UE, mais aussi la mondialisation, se heurtent ; car, en effet, il est absurde de la part de la vielle Europe de dresser des obstacles à la nouvelle, en essayant de la rendre moins attractive aux investisseurs, tout en l’ayant prise à sa charge, en finançant sa convergence. Et, d’autre part, il vient de soi, que des réactions pareilles sont également absurdes, du moment où l’on a accepté sans réserves la mondialisation.
N’importe comment, la délocalisation se sert, de plus en plus, à présent, d’alibi pour que les employeurs puissent faire du chantage à leurs travailleurs visant vers plusieurs directions. Précisément (Bulard 2005) :
*en Allemagne le chantage à la délocalisation a permis à Volskswagen de geler les salaires et de ne payer qu’une partie des heures supplémentaires.
* Schröder est en train de préparer un plan de réduction des indemnités- chômage et
* Jean-Pierre Raffarin a dressé un programme parallèle aux 35h et les licenciements. La délocalisation, et donc l’élargissement, encourage cette forme de réforme.
b) Le problème de l’immigration
L’UE a longuement discuté le problème aigu d’immigration, mais sans jamais s’efforcer y avoir une directive. Quoique l’UE désire assurer le mouvement incontrôlable du capital dans son territoire, elle refuse pourtant le libre mouvement des personnes et n’est pas en état de décider comment elle désire traiter ses immigrés. Je ne vais pas me référer in extenso ici au triste traitement des ressortis de la nouvelle Europe, qui doivent attendre des années pour qu’ils soient considérés comme « européens », de la part de la vieille Europe. En effet, deux mois avant l’entrée des 10 nouveaux pays dans l’UE, cette dernière s’est empressée de fermer ses frontières, en annonçant qu’elle serait prête à recevoir, dans les 5 prochaines années, seulement 1% de la totalité de la population des nouveaux membres, soit 220.000 personnes d’une totalité de 450 millions (Negreponti-Delivanis 2002a). Pourtant, l’attitude européenne, qui risque d’être vraiment problématique, concerne sa décision, gardée autant que possible secrète de créer des camps de concentration destinés aux émigrés clandestins. En effet, l’UE fait construire précipite ment tout au long des ses frontières des camps de concentration. (10). À l’intérieur de ces camps se trouvent, déjà, enfermés des émigrés qui demandent du refuge. C’est, alors que l’UE a décidé en faveur d’abolition du droit du refuge établit, pourtant, en 1951 par l’Accord de Genève. La politique restrictive d’immigration, conduite par l’UE, contrairement à celle des EU (11), va éventuellement créer des difficultés dans l’ avenir, non pas seulement dans le domaine de manque de main d’œuvre suffisante, mais aussi dans celui de ses avantages et faiblesses vis à vis les EU. (The Economist-A tale of two bellies, 24-30. 8. 2002). En dépit du fait que l’attitude peu amicale vis à vis des émigrés peut s’expliquer, entre autres par le chômage toujours élevé, par le ralentissement de la croissance et par le terrorisme, il semble pourtant que l’absence d’une politique européenne de migration s’avère finalement plus inhumain que si il y avaient des règles précises et connues d’avance.
c) L’assurance sociale
Pendant la transition, les problèmes de l’assurance sociale des ex-pays socialistes furent confiés aux organismes internationaux, qui s’intéressaient avant tout à la stabilité et qui ont, souvent, pressé les pays adhérents à l’UE d’abandonner leur système social, dont les sommes qui leur étaient destinées étaient jugées exagérées dans l’ère moderne (Vaughan-Whitehead 2003 :151ss). Pendant toutes ces années de transition l’UE était absente de toute ces évolutions dramatiques. Il est, en effet, étonnant que dans les premiers rapports concernant les nouveaux membres de l’UE, il n’y avait aucune référence à des problèmes de l’assurance sociale et comment on allait les envisager. Il n’a d’autre part pas eu aucun effort afin de préserver le système social existant dans les pays en transition. Par contre, on a élaboré des plans de privatiser leurs services publics, sans mentionner en même temps les dangers encourus. Pourtant, le déficit social n’est pas seulement un problème des nouveaux membres, mais hélas de l’UE toute entière, depuis qu’elle essaye de renoncer à son propre système afin d’adopter celui des EU. À propos, mentionnons le récit du Comité des sages (CE 1996) : «L’ Europe ne peut pas se faire bâtir sur le chômage et l’exclusion sociale, ni sur un sens insuffisant de citoyenneté. L’Europe sera une Europe pour tous, ou elle ne sera rien du tout ».
d) …et, entre-temps, le tour de l’UE pour dominer le monde l’avait dépassé
Et tout ces sacrifices, ces injustices, ces impasses, ont eus lieu en caressant un seul rêve : celui à succéder aux EU ; à décider du sort du monde ; à devenir l’économie la plus compétitive du monde. Hélas, l’UE n’aura jamais son tour, car c’est la Chine qui se prépare jouer ce rôle. En effet, en 2034 l’économie chinoise sera la plus importante du monde : de l’acier à l’huile le plus grand producteur et le marché le plus vaste pour plusieurs produits et services. Elle est effrayante comme compétiteur, comme source d’offre bon marché, comme marché. Elle exerce une pression énorme sur le monde pour faire baisser le coût de production et les prix de 25% à 50% en diminuant, aussi, l’emploi. Aussi, une place de délocalisation des entreprises, entre autres GE, etc. Comment préserver la croissance quand tout se dirige vers la Chine? Elle combine du travail dur avec un système financier fermé (Bradsher 2004)
Qu’elle reste, alors, une Europe solidaire, préservant ses valeurs traditionnelles, ses particularités précieuses et uniques ; une Europe à ses peuples et non pas contre ses peuples ; une Europe dans laquelle la hiérarchie de ses buts va coïncider avec celle dressée par ses peuples, soit du travail pour tous , moins d’inégalités et d’exclusion dans tous les domaines, moins de criminalité, bref une meilleure qualité de vie.
II. Les conséquences
Quelques-unes, seulement, des conséquences, du chambardement européen, sont le suivantes :
a) Coexistence de richesse et de pauvreté
La pauvreté s’étend dans l’UE de pair avec l’accroissement, sans cesse, de la richesse. En effet, 3 millions d’Européens ont vécus, l’hiver précédent, dans les rues du continent, représentant ainsi le nombre le plus élevé de sans toit, depuis la B’guerre mondiale. D’autre part, le 15% des citoyens Européens est menacé de se trouver au dessous du seuil de la pauvreté (Rapport Habitat des N.U.). tandis que le pourcentage des ménages européens, qui se trouve au-dessous du seuil de la pauvreté semble ne pas bouger :18% en 1998 comme en 1995. La cause principale de pauvreté est le chômage, qui s’est encore accru de 6% en 2003, tandis que celui parmi les jeunes de 7.2% et chez les chômeurs de longue durée de 8.2%.
Le pourcentage de la pauvreté ainsi que les inégalités se sont, dramatiquement , accrues au sein de l’UE, à la suite de l’adhésion des nouveaux membres. En effet, le revenu moyen par tête des habitants des nouveaux membres représentent le 45% de la moyenne des habitants de la « vieille Europe » 15. Dans les régions les plus pauvres de l’UE le revenu par tête ne représente pas que le 31% de la moyenne européenne de 15. C’est, alors, que l’élargissement a augmenté la population de l’Europe de 28%, son étendue géographique de 35%, mais son GDP, seulement, de 5%.
b)Le grand pourcentage d’abstention aux dernières élections européennes
Cette abstention a atteint 56%, dans l’ensemble de l’Europe, marquant ainsi le désintéressement de ses citoyens à tout ce qui puisse la concerner. Cette abstention montre, encore, la conviction des peuples européens que leur sort ne dépend pas du Parlement Européen, ainsi que leur réaction contre le gap démocratique. Plus dramatique, encore, l’abstention dans la « nouvelle Europe » qui a atteint 80% en Pologne et 83% en Slovaquie, en dépit de leur grand enthousiasme lors de l’entrée dans l’UE. Cette abstention mesure, finalement, le grand fossé qui s’ouvre entre promesses et réalisations de l’UE, et qui figure dans les résultats d’un gallup relativement récent. En effet, d’après celui-ci, il n’est plus considéré comme avantage d’être membre de l’U.E. dans les 12 des 15 membres de la vieille Europe. Vu que le pourcentage du consentement a baissé à 46%, le manque de démocratie y est évident, puisque les décisions qui sont prises par l’Union n’ont pas l’accord de la majorité de la population européenne. En plus le 15% des Européens seraient heureux si l’UE disparaissait (Opinion Survey 2004)
c)Manque de confiance aux hommes politiques
Un autre gallup récent , concernant le monde entier, soit 50.000 citoyens et 60 pays, révèle que le 63% des citoyens du monde sont persuadés que leur politiciens sont malhonnêtes. Pourtant, en Europe, les Allemands sont les plus méfiants, vu que le 76% parmi eux n’a pas confiance aux politiciens, et de l’Europe de l’Est le 90% des Polonais sont persuadés que les politiciens ne sont pas honnêtes (Gallup International Association-Voice of the People 2004). Et en ce qui concerne les nouveaux membres, ceux-ci ont une tendance nette de préférer des gouvernements de droite et populistes, probablement car ceux de gauche n’ont pas tenu leurs promesses de réformes nécessaires pour les faire entrer dans l’Union (Le monde en 2005).
d) L’élargissement, avant l’approfondissement promet d’être dangereux
Les difficultés envisagées par une union économique, qui est devenue déjà très vaste, tout en s’annonçant davantage encore, sont énormes et de deux types : soit du côté gérance et ensuite du côté efficacité. Sans un plan stratégique pour incarner ses nouveaux membres, cette décision de l’UE de procéder tellement rapidement à un élargissement de telle envergure justifie un tas d’interrogations. En essayant, donc, d’interpréter ce mouvement de l’UE, voilà où il se pourra nous conduire :
*En premier lieu, vu les difficultés visibles de l’UE, à la suite de son élargissement, qui la menacent de dissolution, il se peut que cette vieille idée « d’Europe à deux vitesses », combattue terriblement dans le passé, soit de nouveau ranimée. En effet, l’Allemagne, la France et la Grande Bretagne se présentent, déjà, en sorte de directoire de l’Europe, sous la justification que celui-ci puisse simplifier les choses et dans l’ espoir que cette fois il ne va pas provoquer des réactions insurmontables.
*En second lieu, il se peut que le directoire de l’UE considère qu’en raison de l’élargissement, les réformes de l’Europe tellement discutées jusqu’à présent, se feront plus facilement. En effet, il est clair à présent, que la tendance vers l’homogénat ion aura lieu vers la baisse et non pas vers la hausse ; soit dit, le niveau des salaires des 15, ainsi que leur couverture sociale va s’abaisser vers celui prévalant chez des nouveaux membres. Ajoutons, encore, ici que les nouveaux membres sont plus en faveur que les vieux, du néolibéralisme sans borne, comme il arrive avec les novices et, par conséquent, ils pourraient influencer positivement en faveur des dites réformes.
*Enfin, les nouveaux membres de l’Europe sont pauvres, pour le moment, mais ils sont attendus de croître à des rythmes plus rapides que la vieille Europe. Ils offrent, donc, la perspective d’un vaste marché pour les produits et services de l’Europe15.
N’importe comment cet élargissement rapide menace l’UE. On peut, certainement, avancer qu’un club qui survit pendant 50 ans n’envisage pas le risque de dissolution. Pourtant, quand on a demandé M. Delors si il donne 50% de possibilité que l’UE collapse, il a répondu « oui » (The Economist 14.2.2004).
Conclusion
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Il est certain que beaucoup de problèmes envisagés par l’UE proviennent du fait qu’elle est rivale et pas associée avec les EU. C’est ainsi que les EU essayent, et avec succès jusqu’à présent, de diviser l’UE en liant des rapports spéciaux avec quelques-uns, seulement, de ses membres. Les distorsions, au sein de l’UE, lors de la guerre contre l’Iraq furent, en effet, dramatiques. Du fait que les EU visent un monde de guerre, tandis que l’UE ne veut pas les suivre, il est indispensable qu’elle essaye de renforcer sa position vis à vis de ses membres et envers le reste du monde. Pour cela, elle pourrait être aidée :
*Si elle se montrait plus ferme sur ses positions, et si elle décidait de parler d’une seule voie.
*Si elle essayait d’écarter le grand danger de la non- vote de sa Constitution à l’aide d’une meilleure information de ses citoyens. En effet un Gallup pour l’Europe révèle que 33% de ses citoyens sont totalement ignorants de l’affaire de la Constitution, 56% savent un tout petit peu, et seulement 11% semblent savoir bien de quoi il s’agit (International Herald Tribune 29.1.2005). Pourtant, il n’est guère certain que l’approbation de cette Constitution sera une bonne solution pour l’UE, vu qu’il s’agit d’un texte trop long, souvent incompréhensible et essayant de revenir le monde 200 ans en arrière, sous presque tous les points de vue. Cette charte de 765 pages ne satisfait guère les exigences de la démocratie (Jennar 2004 :125) mais par contre « il nous ramène à la conception de l’Etat qui prévalait sous l’Ancien Régime, quand le monarque était par nature et par droit divin apte à diriger des sujets » (Jennar 2004 :85). Et d’après Robert Badinter (2003) «l’Europe sociale ne progresse pas sauf dans les déclarations », tandis que Jean-Paul Fitoussi remarque que : « le projet de Constitution européenne ne contient pas le début d’une amorce de changement des principes qui régissent le gouvernement économique de l’Europe » (2003).
*Si elle s’écartait carrément de la poursuite du modèle anglo-saxon et du double langage vers toutes les directions, et s’adonnait, par contre, à rendre meilleur et plus perfectionné son modèle à elle, soit celui du capitalisme à visage humain.
*Enfin, si elle s’efforçait de faire passer l’intérêt européen avant celui des économies puissantes, si elle évitait les « directoires » et, par contre, pouvait assurer à tous ses membres un pied d’égalité, comme il s’agissait dans l’acte de sa naissance.
Tout de même, et malgré ses insuffisances très prononcées, il est très peu probable que l’UE se dissolve de soi-même. En effet celle-ci a accumulé tant de bureaucratie et a incarné tant d’intérêts multiples que l’évolution la plus probable semble être qu’elle s’étende encore et encore, tout en devenant totalement inefficace. La prise de conscience des peuples européens, de ce qui consiste l’envers de la médaille de l’UE est le seul moyen de l’améliorer.
Notes
(1) Depuis 1963 la Turquie se lie à l’ Union par des accords économiques.
(2) Très prochainement, sans doute, la première
(3) Dans son nouveau livre « Who Are We ?»
(4) Professeur Emeritus à l’Université de Princeton, il a répondu à un interview au journal allemand Die Welt
(5) Grâce à l’intensification du phénomène de délocalisation des entreprises, les employeurs européens ont, à présent, la possibilité de faire du chantage aux travailleurs : soit vous acceptez nos conditions, soit nous délocalisons l’entreprise.
(6) Mais paradoxalement, pas aux EU où, justement, les déficits un peu partout animent leur économie.
(7) Accord général sur le commerce des services
(8) =Politique Agricole Commune
(9) L’UE a dépensé $80milliards (soit, presque deux Marshall Plan) pour leur préparation à adhérer à l’Union et à peu près la même somme sera consacrée en 2006 pour les nouveaux membres (The Economist 17.7.2004)
(10) Le programme PHARE (Pologne-Assistance à la Reconstruction Economique) finance la construction de ces camps de concentration. La présence de ces camps de concentration affirme l’existence de châteaux forts de l’UE
(11) Evidemment, jusqu’ au 11.2.2001, car depuis l’entrée dans les EU, même en touriste, est devenue de plusieurs points de vue particulièrement difficile.
Notes bibliographiques
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-Barre, R., (1956), Economie Politique, PUF :Paris
-Badinter,R., (2003), Le Nouvel Observateur, 19.6
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TARGOVISTE - mars 2005 - docteur honoris causa de Maria Negreponti-Delivanis (son speech)
Reviewed by Μαρία Νεγρεπόντη - Δελιβάνη
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Ιανουαρίου 29, 2022
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